Naviguer en double, mais en mode croisière

Culture nautique
Par François Tregouet

Sur la transat Concarneau-St Barth, à bord de leurs Figaro 3 les duos traversent l’Atlantique « à donf !» comme disait Ellen McArthur. A terre, malgré la météo automnale, on se prend à rêver de navigations estivales. Mais les enfants sont devenus grands, finies les croisières familiales. Ou alors encore petits, ils ne dorment jamais aussi bien que bercés par la mer la nuit venue. Les amis ont acheté leur propre bateau, ou partent à la montagne cette année. En dehors de la légitime envie de se retrouver en amoureux, les raisons de naviguer à deux ne manquent pas. Mais nous, sur nos bateaux de croisière très sages, comment ça se passe ? Voici quelques modestes pistes à suivre pour ne pas se prendre la tête, et encore moins celle de l’autre !

©Illustration Adobe Stock
Sur la transat Concarneau-St Barth, à bord de leurs Figaro 3 les duos traversent l’Atlantique « à donf !» comme disait Ellen McArthur. A terre, malgré la météo automnale, on se prend à rêver de navigations estivales. Mais les enfants sont devenus grands, finies les croisières familiales. Ou alors encore petits, ils ne dorment jamais aussi bien que bercés par la mer la nuit venue. Les amis ont acheté leur propre bateau, ou partent à la montagne cette année. En dehors de la légitime envie de se retrouver en amoureux, les raisons de naviguer à deux ne manquent pas. Mais nous, sur nos bateaux de croisière très sages, comment ça se passe ? Voici quelques modestes pistes à suivre pour ne pas se prendre la tête, et encore moins celle de l’autre !

La sécurité d’abord

Plus encore qu’en équipage, bien connaître l’emplacement des équipements de sécurité, se briefer sur la marche à suivre en cas de problème, et que chacun des duettistes sache utiliser les moyens de communication présents à bord est primordial. Plus que jamais, vous vous en doutiez, le port du gilet de sauvetage n’est pas une option. Pour un investissement modeste, c’est fou comme les modèles les plus récents savent se faire légers et discrets. On les oublierait presque. Pour un programme vraiment hauturier, balises individuelles ou bracelets d’alerte en cas de chute à la mer sont même recommandés et tellement peu onéreux. Mais ils n’affranchissent pas de devoir s’attacher dès que l’on sort du cockpit, notamment la nuit.

Anticiper et se concerter

Mais avant cela, que ce soit pour quitter le port, et plus encore à l’arrivée, naviguer en équipage réduit nécessite d’anticiper au maximum les manœuvres en déroulant leur séquence avant de les effectuer. Et si cela ne se passe pas comme prévu il peut être sage de prévoir un plan B, voire C. Et quand on a le large pour horizon, quel plaisir de se retrouver à la table à cartes pour préparer à deux les prochains mouillages, prochaines escales, mais aussi analyser ensemble les fichiers Grib tout frais reçus. Choisir d’un commun accord sa route pour aller là où l’on veut en sécurité et en confort. Décider ensemble du moment opportun de l’empannage qui déclenchera la trace parfaite sur la carte papier ou électronique : angle de descente réduit, VMG parfait, anticipation de la bascule. Dommage que vous ne fussiez pas en course, car sinon vous auriez mis tous les autres duos d’accord !

A deux, tout est mieux !

Une fois en mer deux paires d’yeux seront toujours plus efficaces qu’une. Naviguer en double permet de vraiment se rapprocher du sacro-saint concept de veille permanente. Peu importe l’organisation que l’on retiendra, informelle ou rationalisée sous forme de période de quarts comme en équipage, l’important est que jamais les deux co-skippers ne pensent en même temps que c’est l’autre qui veille ! Surtout en navigation côtière ou obstacles naturels, plaisanciers, pêcheurs, navires de commerces, balisage, casiers, semblent prendre un malin plaisir à vouloir se jeter devant vos étraves, vous ne trouvez pas ? Pour les manœuvres, deux paires de bras seront toujours les bienvenues. Eviter de jouer les faux solitaires c’est économiser de l’énergie, préserver le matériel et assurer sa sécurité. Alors, affalage des voiles de portant, prise de ris, empannage ou virement, faire appel à son ou sa co-skipper est vraiment le bon réflexe à avoir. Ce même si les pilotes automatiques modernes font d’aussi parfaits qu’indispensables troisièmes équipiers, fiables, précis et infatigables…tant qu’ils sont alimentés en électricité tout au moins !

Vraiment tout partager

Mais en mer comme à terre la vie continue et la bonne marche n’est pas le seul sujet sur lequel s’accorder. Alors quand on commence à parler tâches voire corvées, il est important que le binôme reste soudé et que l’un(e) ne se retrouve pas subitement bien… solitaire ! Trois tactiques possibles et peuvent même se compléter selon vos envies. La répartition des domaines en fonction des domaines de compétence ou appréciation de la pénibilité de la tâche. Cordon bleu passionné ou acharné du balai de pont amateur de ponts toujours brillants, il serait vraiment dommage de bride leur enthousiasme. Second choix : organiser un tour de rôle pour chaque tâche, étendre le système de quarts à toute la vie du bord en quelque sorte. Mais celle qui tient de l’idéal auquel nous croyons, c’est le partage de tout dans la bonne humeur : préparer les repas à deux en discutant, nettoyer le bateau à deux en chantant, mettre les quatre mains dans le cambouis en jurant dans un grand éclat de rire… Ça c’est du partage !

Des mots doux à l’oreille

Enfin, la clé d’un duo qui dure c’est, en mer comme partout, la communication. Et pour une fois la technologie non seulement ne rompt pas le charme, mais peut même participer à le préserver. De petits talkie-walkie étanches équipés de kits piéton vous permettent non plus de hurler face au vent mais de susurrer doucement à l’oreille de votre équiper(ère) l’emplacement exact où vous voulez faire tomber l’ancre. Voilà de belles navigations en duo en perspective. Naviguer à deux procure une saveur particulière. Comme le meilleur de deux mondes. Se retrouver régulièrement seul comme en solo, mais pouvoir toujours compter sur quelqu’un en cas de coup dur, et surtout pour partager les moments les plus magiques : lorsque la brise se lève et que le bateau accélère de bonheur, que les dauphins viennent jouer avec les étraves, que le soleil embrase le ciel et la mer marquant d’un feu d’artifice la fin d’une magnifique journée de navigation.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
Max Billac
Max Billac
Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Denis Chabassière
Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…