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La sécurité d’abord
Plus encore qu’en équipage, bien connaître l’emplacement des équipements de sécurité, se briefer sur la marche à suivre en cas de problème, et que chacun des duettistes sache utiliser les moyens de communication présents à bord est primordial. Plus que jamais, vous vous en doutiez, le port du gilet de sauvetage n’est pas une option. Pour un investissement modeste, c’est fou comme les modèles les plus récents savent se faire légers et discrets. On les oublierait presque. Pour un programme vraiment hauturier, balises individuelles ou bracelets d’alerte en cas de chute à la mer sont même recommandés et tellement peu onéreux. Mais ils n’affranchissent pas de devoir s’attacher dès que l’on sort du cockpit, notamment la nuit.
Anticiper et se concerter
Mais avant cela, que ce soit pour quitter le port, et plus encore à l’arrivée, naviguer en équipage réduit nécessite d’anticiper au maximum les manœuvres en déroulant leur séquence avant de les effectuer. Et si cela ne se passe pas comme prévu il peut être sage de prévoir un plan B, voire C. Et quand on a le large pour horizon, quel plaisir de se retrouver à la table à cartes pour préparer à deux les prochains mouillages, prochaines escales, mais aussi analyser ensemble les fichiers Grib tout frais reçus. Choisir d’un commun accord sa route pour aller là où l’on veut en sécurité et en confort. Décider ensemble du moment opportun de l’empannage qui déclenchera la trace parfaite sur la carte papier ou électronique : angle de descente réduit, VMG parfait, anticipation de la bascule. Dommage que vous ne fussiez pas en course, car sinon vous auriez mis tous les autres duos d’accord !
A deux, tout est mieux !
Une fois en mer deux paires d’yeux seront toujours plus efficaces qu’une. Naviguer en double permet de vraiment se rapprocher du sacro-saint concept de veille permanente. Peu importe l’organisation que l’on retiendra, informelle ou rationalisée sous forme de période de quarts comme en équipage, l’important est que jamais les deux co-skippers ne pensent en même temps que c’est l’autre qui veille ! Surtout en navigation côtière ou obstacles naturels, plaisanciers, pêcheurs, navires de commerces, balisage, casiers, semblent prendre un malin plaisir à vouloir se jeter devant vos étraves, vous ne trouvez pas ? Pour les manœuvres, deux paires de bras seront toujours les bienvenues. Eviter de jouer les faux solitaires c’est économiser de l’énergie, préserver le matériel et assurer sa sécurité. Alors, affalage des voiles de portant, prise de ris, empannage ou virement, faire appel à son ou sa co-skipper est vraiment le bon réflexe à avoir. Ce même si les pilotes automatiques modernes font d’aussi parfaits qu’indispensables troisièmes équipiers, fiables, précis et infatigables…tant qu’ils sont alimentés en électricité tout au moins !
Vraiment tout partager
Mais en mer comme à terre la vie continue et la bonne marche n’est pas le seul sujet sur lequel s’accorder. Alors quand on commence à parler tâches voire corvées, il est important que le binôme reste soudé et que l’un(e) ne se retrouve pas subitement bien… solitaire ! Trois tactiques possibles et peuvent même se compléter selon vos envies. La répartition des domaines en fonction des domaines de compétence ou appréciation de la pénibilité de la tâche. Cordon bleu passionné ou acharné du balai de pont amateur de ponts toujours brillants, il serait vraiment dommage de bride leur enthousiasme. Second choix : organiser un tour de rôle pour chaque tâche, étendre le système de quarts à toute la vie du bord en quelque sorte. Mais celle qui tient de l’idéal auquel nous croyons, c’est le partage de tout dans la bonne humeur : préparer les repas à deux en discutant, nettoyer le bateau à deux en chantant, mettre les quatre mains dans le cambouis en jurant dans un grand éclat de rire… Ça c’est du partage !
Des mots doux à l’oreille
Enfin, la clé d’un duo qui dure c’est, en mer comme partout, la communication. Et pour une fois la technologie non seulement ne rompt pas le charme, mais peut même participer à le préserver. De petits talkie-walkie étanches équipés de kits piéton vous permettent non plus de hurler face au vent mais de susurrer doucement à l’oreille de votre équiper(ère) l’emplacement exact où vous voulez faire tomber l’ancre. Voilà de belles navigations en duo en perspective. Naviguer à deux procure une saveur particulière. Comme le meilleur de deux mondes. Se retrouver régulièrement seul comme en solo, mais pouvoir toujours compter sur quelqu’un en cas de coup dur, et surtout pour partager les moments les plus magiques : lorsque la brise se lève et que le bateau accélère de bonheur, que les dauphins viennent jouer avec les étraves, que le soleil embrase le ciel et la mer marquant d’un feu d’artifice la fin d’une magnifique journée de navigation.