Les accras de morue : de l’apéritif au plat principal, une gourmandise des Antilles

Escales gourmandes
Par Figaronautisme.com

C’est une bouchée qui fait l’unanimité, des marchés de Fort-de-France aux cuisines de banlieue parisienne : les accras de morue, croustillants, dorés, pleins de saveurs, incarnent à eux seuls tout l’esprit généreux et festif de la cuisine antillaise. Préparés à la maison pour les grandes occasions, vendus à la sauvette sur les plages ou proposés dans les meilleures adresses créoles de France, ces beignets parfumés dépassent leur statut de simple amuse-bouche pour s’imposer comme une véritable institution culinaire. De l’histoire coloniale à la street food contemporaine, retour sur un plat qui ne cesse de régaler.

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C’est une bouchée qui fait l’unanimité, des marchés de Fort-de-France aux cuisines de banlieue parisienne : les accras de morue, croustillants, dorés, pleins de saveurs, incarnent à eux seuls tout l’esprit généreux et festif de la cuisine antillaise. Préparés à la maison pour les grandes occasions, vendus à la sauvette sur les plages ou proposés dans les meilleures adresses créoles de France, ces beignets parfumés dépassent leur statut de simple amuse-bouche pour s’imposer comme une véritable institution culinaire. De l’histoire coloniale à la street food contemporaine, retour sur un plat qui ne cesse de régaler.

Une origine métissée entre Europe, Afrique et Caraïbes
Avant d’être antillais, l’accras est l’héritier d’un métissage. La morue salée, d’abord : importée par les colons portugais, elle devient l’un des rares poissons accessibles sur les plantations. Très bon marché à l’époque, elle est expédiée depuis les ports du nord de l’Europe vers les colonies, où elle est aussitôt adoptée par les populations locales. La friture, ensuite : une technique largement répandue dans les cuisines africaines, où l’on maîtrise déjà l’art du beignet salé. Et la créativité créole, enfin, qui va faire le lien entre tous ces éléments pour créer un plat à la fois nourrissant, économique et profondément savoureux.
Les accras de morue font partie des premières recettes que l’on apprend lorsqu’on grandit aux Antilles. Il y a la version de la grand-mère, jalousement gardée ; celle de la voisine, plus aérée ; celle des marchandes sur les marchés, plus relevée. Derrière chaque pâte se cache une histoire, une main, une mémoire. Plus qu’un plat, c’est une transmission, un geste que l’on répète à la maison pour les fêtes, les enterrements, les baptêmes. Servis chauds, toujours frits à la minute, ils rassemblent sans protocole, ils parlent fort, ils sentent bon. Ils sont tout ce que la cuisine antillaise incarne : chaleur, convivialité, partage.

Des recettes en constante évolution
Si la recette classique reste indétrônable, les accras n’ont pas échappé à l’inventivité contemporaine. Aujourd’hui, les chefs créoles n’hésitent plus à bousculer les codes : accras végétariens aux pois chiches, version luxe à la langouste, beignets allégés au four, parfumés à la citronnelle ou au gingembre. Certains y ajoutent de la patate douce pour adoucir la pâte, d’autres de la coriandre fraîche, du lait de coco ou même un soupçon de rhum vieux. Dans les food trucks comme dans les restaurants étoilés, l’accras se réinvente, tout en gardant son essence.
S’il fait figure de roi de l’apéritif, l’accras n’a pas peur de prendre du galon. En plat principal, il se sert avec du riz créole, des haricots rouges, du gratin d’igname ou une salade de papaye verte. Son duo favori : la sauce chien, une émulsion magique à base d’ail, d’oignon, de citron et de piment, versée bien chaude sur les beignets encore fumants. Pour un déjeuner complet, on peut même les glisser dans un bokit - ce sandwich antillais frit à la poêle - avec quelques feuilles de laitue, une rondelle de tomate et une pointe de sauce créole. L’effet est immédiat : généreux, croustillant, addictif.

L’accord parfait : boissons, pains et accompagnements
Côté boisson, c’est un terrain de jeu. Un punch citron bien sec pour relever, un planteur fruité pour arrondir, ou même un rhum agricole vieux à siroter lentement en fin de dégustation. Les amateurs de vins blancs préféreront un Entre-Deux-Mers, un Côtes-du-Rhône vif ou un blanc sec d’Alsace. En version non alcoolisée, une citronnade maison, un jus de goyave ou une eau infusée au gingembre et au citron font parfaitement l’affaire.
Pour le pain, on peut les servir avec une baguette bien fraîche ou un pain au maïs légèrement toasté. Et en garniture, pensez aux pickles de légumes antillais, à une purée de patate douce ou à un coleslaw maison bien vinaigré.

La recette maison pour se lancer
Ingrédients :
o 300 g de morue dessalée (24 h à l’avance)
o 2 gousses d’ail
o 1 oignon nouveau ou cive
o 1 piment antillais ou végétarien
o Persil plat, thym
o 150 g de farine
o 1 œuf
o 1 cuillère à café de levure
o 10 cl d’eau ou de lait
o Sel, poivre
o Huile végétale pour friture
Préparation :
Faites pocher la morue dessalée 10 à 15 min. Effeuillez-la à la main. Hachez les herbes, l’ail, l’oignon et le piment. Mélangez tous les ingrédients pour obtenir une pâte homogène mais souple. Laissez reposer au frais au moins 1 h. Faites chauffer l’huile, puis plongez-y de petites cuillerées. Retournez-les jusqu’à ce qu’ils soient bien dorés. Égouttez et servez aussitôt.

Ce n’est qu’un beignet, diraient certains. Et pourtant, il incarne bien plus : une histoire de métissage, un geste de cuisine populaire, une mémoire collective, un plaisir immédiat. Les accras de morue font partie de ces plats dont on ne se lasse pas, car ils évoluent avec leur temps, leurs cuisiniers, leurs ingrédients. En apéritif ou en plat, à la maison ou au restaurant, il y a toujours une bonne raison de les faire frire. Et de les partager.

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...