
1) Poisson-clown - protandrie (mâle vers femelle)
Ces petits poissons, célèbres grâce à leur relation avec les anémones de mer mais aussi au film de Disney, vivent dans une hiérarchie bien réglée. En haut, une femelle dominante ; juste en dessous, un mâle reproducteur ; et plus bas, des individus immatures. Si la femelle meurt, le mâle change de sexe et devient la nouvelle femelle du groupe. Le plus grand des jeunes devient alors mâle à son tour. Ce mécanisme garantit qu’il y a toujours un couple reproducteur sans avoir à chercher un partenaire ailleurs. Ce changement s’accompagne de modifications hormonales rapides, d’un comportement plus affirmé et d’une prise de contrôle sur le territoire de l’anémone.
2) Labre à tête de mouton asiatique - protogynie (femelle vers mâle)

Dans les eaux japonaises, ce grand labre commence sa vie en tant que femelle. Lorsqu’il atteint une certaine taille ou qu’il n’y a plus de mâle dominant dans la zone, il se transforme. Sa tête devient plus massive, un front bombé se développe et sa mâchoire se renforce. Ce n’est pas qu’un changement physique : son comportement change aussi radicalement. De paisible brouteur d’algues, il devient protecteur d’un territoire et d’un groupe de femelles. Cette transition, qui peut durer plusieurs semaines, permet de maintenir l’équilibre reproductif dans le récif.
3) Labre à tête bleue - protogynie (femelle vers mâle)

Ce poisson des Caraïbes est l’un des champions de la rapidité de transformation. Quand le mâle dominant disparaît, une femelle peut prendre sa place en un temps record. Dès les premières heures, elle adopte les comportements de parade et de défense typiques des mâles. En quelques jours, ses organes reproducteurs changent et deviennent pleinement fonctionnels. Ce passage express évite que le groupe perde une saison de reproduction. On retrouve souvent ce phénomène sur les zones de sable et de corail, où les mâles surveillent des territoires riches en nourriture.
4) Poisson-perroquet stoplight - protogynie (femelle vers mâle)

Reconnaissable à ses couleurs éclatantes, ce poisson joue un rôle écologique clé en grignotant le corail et en rejetant du sable fin. Il commence généralement sa vie comme femelle, puis peut devenir mâle selon la densité des autres individus et sa propre croissance. Ce changement s’accompagne d’un nouveau schéma de couleurs et d’une attitude plus combative : le mâle « phase terminale » défend une zone où les femelles viennent pondre. Ces transformations sont souvent visibles au printemps et en été, quand l’activité de reproduction est la plus intense.
5) Murène ruban - protandrie (mâle vers femelle)

Longue, fine et ondulante, la murène ruban est un spectacle en soi. Elle naît en tant que mâle, puis, en grandissant, se transforme en femelle. Ce changement est signalé par un code couleur étonnant : les jeunes sont noirs, les mâles adultes bleus, et les femelles jaunes. Cette transition n’est pas qu’esthétique : elle prépare l’animal à pondre. Souvent cachée dans un trou ou une crevasse, la murène ruban attend ses proies, et ce changement de sexe intervient à un moment précis de sa vie pour maximiser ses chances de reproduction.
6) Barramundi - protandrie (mâle vers femelle)

Très apprécié des pêcheurs en Asie et en Australie, le barramundi vit aussi bien en eau douce qu’en mer. La plupart des individus commencent leur vie comme mâles, puis deviennent femelles à mesure qu’ils grossissent. Les femelles produisent des milliers d’œufs, et plus elles sont grandes, plus elles en pondent. C’est pourquoi protéger les gros individus est essentiel à la survie de l’espèce. Cette transformation se produit souvent lors des migrations vers les zones côtières où a lieu la reproduction.
7) Dorade royale - protandrie (mâle vers femelle)

Bien connue en Méditerranée, la dorade royale naît souvent mâle et devient femelle après quelques années. Le moment du changement dépend de plusieurs facteurs : taille, âge, état de santé et conditions de l’environnement. En aquaculture, on a même remarqué que la lumière et la nourriture peuvent influencer ce processus. Dans la nature, ce mécanisme assure qu’il y a toujours assez de femelles dans la population pour maintenir un bon taux de reproduction.
8) Crépidule - protandrie (mâle vers femelle)

Ce petit mollusque marin vit empilé en grappes sur les rochers ou les coquillages. Les individus les plus jeunes et placés en haut de la pile sont des mâles. Ceux plus bas, souvent plus âgés, sont des femelles. Avec le temps, ou si le groupe manque de femelles, un mâle peut se transformer. Cette organisation sociale garantit que, peu importe la composition du groupe au départ, il y aura toujours un équilibre entre mâles et femelles pour se reproduire.
Pourquoi changer de sexe ? Trois leviers qui reviennent souvent
o Bénéfice lié à la taille : dans des espèces où les gros individus réussissent mieux comme mâles (défense d’un territoire, compétition), il « paie » d’être femelle quand on est petit (pondre des œufs à bas coût) puis mâle une fois grand. Inversement, quand la fécondité des femelles augmente fortement avec la taille, être d’abord mâle puis devenir une grande femelle maximise la production d’œufs.
o Contrôle social : chez les espèces à harem ou à couple fixe, la disparition d’un individu clé déclenche un relais sexuel quasi immédiat, évitant la perte d’une saison de reproduction.
o Plasticité environnementale : température, disponibilité de nourriture, densité de population ou photopériode peuvent accélérer/retarder la bascule, voire la rendre incomplète chez certains individus.
Chez ces espèces, changer de sexe est bien plus qu’une curiosité naturelle : c’est une adaptation fine aux contraintes de la vie marine. Cela permet de s’ajuster aux absences, aux déséquilibres ou aux changements de l’environnement, tout en maintenant la reproduction. Comprendre ces mécanismes aide aussi à mieux protéger ces animaux, en préservant l’équilibre des populations et la diversité des océans.