
Une pratique marginale mais bien réelle
Oui, il est possible de pêcher certaines espèces de requins en France. Les côtes françaises, notamment dans l’Atlantique et en Méditerranée, accueillent plusieurs espèces de squales, dont certaines peuvent légalement être capturées dans le cadre de la pêche de loisir ou commerciale. Parmi elles, le requin peau bleue (Prionace glauca) est l’un des plus fréquemment ciblés par les pêcheurs sportifs, notamment au large de la façade Atlantique.
D’autres espèces, en revanche, font l’objet de réglementations beaucoup plus strictes. Le requin taupe commun (Lamna nasus), espèce emblématique des eaux tempérées, a ainsi vu sa pêche fortement restreinte. Déjà classé comme espèce vulnérable, il avait fait l’objet en 2011 d’une interdiction de pêche entre mai et octobre dans les eaux européennes, y compris françaises, afin de protéger les périodes clés de reproduction. Aujourd’hui encore, la pêche du requin taupe est soumise à des quotas très stricts au niveau européen, et elle est fréquemment suspendue en fonction de l’état des stocks.
Pour la majorité des pêcheurs amateurs, il ne s'agit pas de "chasser" ces animaux mais de les capturer en mode "catch & release" (attraper et relâcher). Une approche qui, malgré tout, n’est pas exempte d'impact sur la survie des spécimens relâchés.
Des règles strictes et des espèces protégées
La réglementation française, alignée sur les directives européennes et les conventions internationales, interdit formellement la capture de nombreuses espèces de requins. Les plus emblématiques comme le grand requin blanc (Carcharodon carcharias), le requin-marteau ou encore le requin pèlerin bénéficient d’une protection stricte : leur pêche est totalement interdite, qu'elle soit accidentelle ou volontaire.
Les pêcheurs doivent se montrer vigilants, car l’identification des espèces peut s’avérer délicate, d’autant que plusieurs requins ont une apparence similaire. La règle est simple : toute espèce protégée doit être immédiatement remise à l’eau, vivante ou morte, sans exception. Un manquement à cette règle peut entraîner des sanctions sévères.
La réalité écologique : des espèces en danger
Si la pêche au requin est possible sous certaines conditions, elle soulève une autre réalité, bien moins connue : la vulnérabilité de ces espèces. Selon l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), plus de 37 % des espèces de requins et de raies sont aujourd’hui menacées d’extinction. En cause : la surpêche, la dégradation des habitats et la pêche accessoire.
Les requins jouent pourtant un rôle clé dans les écosystèmes marins, en régulant les populations d'autres espèces et en maintenant l'équilibre des chaînes alimentaires. Leur disparition pourrait avoir des conséquences graves sur la santé des océans.
En France comme ailleurs, les instances scientifiques et écologistes appellent à la prudence. Même les espèces considérées comme moins vulnérables peuvent subir une forte pression si la pêche n’est pas strictement encadrée.
Le mythe du pêcheur français traquant des requins géants sur nos côtes ne résiste pas longtemps à l’épreuve des faits. La pêche au requin reste une activité marginale, surtout pratiquée par quelques passionnés en haute mer, dans des conditions très particulières et sous surveillance réglementaire.
Pour la grande majorité des plaisanciers et pêcheurs amateurs, l’idée même de croiser un requin relève davantage de l’exception que de la norme. Et si la tentation d’approcher ces animaux demeure, elle doit s’accompagner d’une prise de conscience écologique : les requins, loin d’être de simples trophées, sont avant tout des espèces fragiles dont la survie dépend aussi des pratiques humaines.
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