Les mots interdits en mer : superstitions et réalités maritimes

Culture nautique

La mer a ses lois, et les marins ont leurs croyances. Que vous soyez plaisancier occasionnel ou vieux loup de mer, vous avez sans doute déjà entendu parler des mots interdits à bord d’un bateau. Ces superstitions, parfois séculaires, ont traversé le temps et continuent d’être respectées par de nombreux navigateurs. Mais d’où viennent-elles ? Sont-elles fondées sur des réalités historiques ou de simples légendes maritimes ? Décryptons ensemble ces mots tabous du monde nautique et leurs origines.

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La mer a ses lois, et les marins ont leurs croyances. Que vous soyez plaisancier occasionnel ou vieux loup de mer, vous avez sans doute déjà entendu parler des mots interdits à bord d’un bateau. Ces superstitions, parfois séculaires, ont traversé le temps et continuent d’être respectées par de nombreux navigateurs. Mais d’où viennent-elles ? Sont-elles fondées sur des réalités historiques ou de simples légendes maritimes ? Décryptons ensemble ces mots tabous du monde nautique et leurs origines.

1. Le mot "lapin" : un tabou absolu en mer
S’il y a bien un mot qu’il ne faut jamais prononcer à bord, c’est “lapin”. Pourquoi ? L’origine de cette superstition remonte à plusieurs siècles, quand les vivres et les matériaux étaient transportés sur des navires en bois.
L’explication historique
Les lapins embarqués pour être mangés avaient la fâcheuse habitude de ronger tout ce qu’ils trouvaient… y compris les cordages et les tonneaux, mettant ainsi en péril la cargaison et la sécurité du navire. Un bateau ayant pris l’eau à cause de ces rongeurs pouvait entraîner des naufrages. Résultat : on a fini par bannir non seulement l’animal, mais aussi son nom.
Aujourd’hui encore…
Même les marins modernes respectent cette interdiction. Certains vont jusqu’à dire “l’animal aux longues oreilles” pour éviter de prononcer le mot maudit. À l’Île de Ré, des pêcheurs refusent encore d’embarquer quelqu’un qui prononce le mot tabou.

2. "Corde" : un mot qui porte malheur
À bord d’un bateau, on ne parle jamais de “corde”, mais de “bout”.
Pourquoi ?
L’origine de cette superstition est assez macabre. Autrefois, le seul endroit où l’on trouvait une véritable corde sur un bateau, c’était… sur la potence du bourreau, utilisée pour pendre les mutins. Dire “corde” rappelait donc ces sombres histoires, et par extension, le mauvais sort.
Un usage encore respecté
Aujourd’hui encore, les marins préfèrent utiliser le terme “bout” pour désigner une amarre ou tout autre cordage. Si vous employez le mot “corde” sur un bateau, attendez-vous à quelques regards noirs et à une petite leçon de vocabulaire !

3. "Dîner" : une invitation au naufrage
Sur un bateau, on ne dit pas “dîner”, on parle de “souper”.
L’origine de cette superstition
Cette croyance viendrait d’une vieille habitude maritime : autrefois, le mot “dîner” était réservé au dernier repas pris à terre avant de partir en mer. L’associer à un repas à bord aurait donc été de mauvais augure, sous-entendant qu’il s’agirait peut-être du dernier repas tout court…
Encore respecté par certains marins
Sur les bateaux de pêche et les navires traditionnels, ce tabou est encore suivi. Dans certaines régions, il est même dit que prononcer “dîner” pourrait provoquer une tempête !

4. "Porc" ou tout autre mot lié au cochon
Dans certains ports, notamment en Bretagne, le simple fait d’évoquer un cochon est mal vu.
Pourquoi cette aversion pour le cochon ?
Là encore, l’origine de cette superstition est floue, mais plusieurs explications existent :
1. Religieuse : Dans certaines cultures maritimes, notamment chez les marins espagnols et arabes, le cochon était un animal impur.
2. Graphique : Le cochon ne pouvant pas nager, le mentionner rappelait l’impossibilité de survivre à un naufrage.
3. Pratique : Certains disent que les cochons à bord faisaient du bruit et stressaient les marins.
Une superstition toujours vivace
Dans certains ports de Bretagne et du Pays Basque, évoquer un cochon peut encore être mal vu. Des pêcheurs bretons racontent que le simple fait d’amener du pâté de porc à bord porterait malheur !

5. "Adieu" : un mot à bannir avant le départ
Dire “adieu” à un marin avant qu’il ne prenne la mer, c’est presque lui souhaiter de ne jamais revenir.
Une superstition liée à l’histoire
Les voyages en mer étaient autrefois très dangereux. Dire “adieu” sous-entendait que l’on ne reverrait jamais la personne, ce qui portait malheur. À la place, on préfère dire “bonne mer” ou “bon vent”.
Une règle encore suivie
Aujourd’hui encore, de nombreux plaisanciers et marins de commerce évitent de prononcer ce mot en montant à bord.

Et les variantes modernes ?
Certaines superstitions évoluent avec le temps. Par exemple, certains skippers professionnels évitent de mentionner le chiffre 13 à bord, considérant qu’il porte malheur. De même, il est déconseillé d’embarquer un parapluie sur un bateau, symbole de mauvais présage.
Et si jamais vous avez le malheur de dire l’un de ces mots interdits à bord, pas de panique ! Selon la tradition, il suffit souvent de faire une petite incantation, comme tourner sur soi-même et cracher dans l’eau pour conjurer le sort.

Même à l’ère du GPS et des bateaux ultra-modernes, les superstitions maritimes restent ancrées dans la culture des gens de mer. Elles témoignent d’un profond respect pour l’océan et des dangers qu’il représente. Alors, que vous soyez un marin aguerri ou un simple plaisancier, mieux vaut éviter certains mots à bord… au cas où !
Et si par mégarde vous lâchez un “lapin” en pleine traversée, prévoyez peut-être une offrande à Neptune pour vous faire pardonner !

Et avant de partir en mer, ayez les bons réflexes en consultant la météo sur METEO CONSULT Marine et en téléchargeant l'application mobile gratuite Bloc Marine.

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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