La pollution marine des navires : un fléau persistant malgré les engagements de l’UE

Economie
Par Figaronautisme.com

La pollution marine causée par les navires est un problème majeur qui dépasse largement les spectaculaires marées noires. Selon les estimations des Nations unies (ONU), les activités normales des navires rejettent chaque année plus d’un million de tonnes d’hydrocarbures dans la mer, auxquelles s’ajoutent 200 tonnes supplémentaires lors d’incidents à travers le monde.

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La pollution marine causée par les navires est un problème majeur qui dépasse largement les spectaculaires marées noires. Selon les estimations des Nations unies (ONU), les activités normales des navires rejettent chaque année plus d’un million de tonnes d’hydrocarbures dans la mer, auxquelles s’ajoutent 200 tonnes supplémentaires lors d’incidents à travers le monde.

Ces chiffres, déjà alarmants, ne tiennent pas compte des autres formes de pollution générées par le transport maritime, telles que le rejet d’eaux usées, de déchets plastiques, de substances toxiques, ou encore la dispersion involontaire d’engins de pêche abandonnés, véritables pièges mortels pour la faune marine.

Des rejets multiples aux conséquences désastreuses
Les hydrocarbures, souvent pointés du doigt, ne sont qu’un aspect du problème. Le transport maritime est également responsable de la pollution chimique via le rejet d’eaux de ballast, chargées de résidus de carburant et de micro-organismes exotiques qui bouleversent les écosystèmes locaux. À cela s’ajoute la pollution sonore sous-marine, causée par le bruit des moteurs et des hélices, qui perturbe les cétacés et d’autres espèces marines sensibles.
Le problème du plastique est lui aussi critique : chaque année, environ 150 000 tonnes de plastique sont directement rejetées en mer par les navires, principalement sous forme d’emballages, de microplastiques provenant des peintures antifouling et de filets de pêche abandonnés. Ces derniers, souvent constitués de nylon ou de polypropylène, continuent de piéger et d’étouffer la faune pendant des décennies.

L’Europe face au défi de la pollution maritime
Avec 22 États membres côtiers et une façade maritime s’étendant sur plus de 68 000 km, l’Union européenne (UE) joue un rôle clé dans la lutte contre la pollution marine. Son 8e programme d’action pour l’environnement fixe comme priorité une pollution zéro des eaux à l’horizon 2030. Cette ambition s’inscrit dans un cadre plus large, avec un engagement fort en faveur de l’objectif de développement durable 14 de l’ONU, qui vise à réduire nettement la pollution marine d’ici 2025.
Pour renforcer cette politique, l’UE a mis en place plusieurs mesures :
• Le règlement européen sur le contrôle des émissions des navires, qui impose des normes strictes sur les émissions d’oxydes de soufre (SOx) et d’oxydes d’azote (NOx) dans certaines zones maritimes sensibles, comme la mer Baltique et la mer du Nord.
• Le système européen de surveillance et de contrôle du trafic maritime (SafeSeaNet), qui permet de suivre les rejets suspects et de détecter les infractions.
• Le renforcement des obligations pour les ports européens en matière de gestion des déchets des navires, avec la directive "Port Reception Facilities", obligeant les navires à décharger leurs déchets dans des infrastructures portuaires adéquates.
Malgré ces efforts, l’application des réglementations reste un défi de taille. Un rapport de la Cour des comptes européenne, couvrant la période 2014-2024, souligne des lacunes persistantes dans la mise en œuvre des règles, notamment en raison du manque d’harmonisation entre les États membres et de contrôles insuffisants.

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Des contrôles inégaux et une volonté politique à renforcer
L’audit mené dans le cadre du rapport a inclus des visites en France et en Allemagne, couvrant la mer du Nord et la mer Baltique, où se situent certaines des routes maritimes les plus fréquentées au monde. Avec Hambourg et Le Havre parmi les principaux ports de fret européens, ces zones sont particulièrement exposées aux risques de pollution.
Les résultats montrent que, si certaines réglementations sont appliquées avec rigueur, d’autres souffrent d’un manque de moyens et de coordination. Le faible nombre d’inspections en mer, le manque de sanctions dissuasives et les écarts entre les réglementations nationales compromettent l’efficacité des mesures en place.
En parallèle, l’Organisation maritime internationale (OMI) tente d’accélérer la transition énergétique du secteur, avec la mise en œuvre de nouvelles normes sur les carburants marins et le développement de technologies plus propres (GNL, hydrogène, propulsion vélique). Toutefois, la transition reste lente, freinée par les coûts élevés et la réticence des acteurs économiques.

Un tournant écologique encore timide pour le transport maritime
Face à ces défis, des alternatives émergent. Certaines compagnies maritimes expérimentent des solutions innovantes, telles que l’intégration de voiles rigides pour réduire la consommation de carburant, l’utilisation de biocarburants ou encore le développement de ports intelligents, capables de fournir une alimentation électrique aux navires à quai pour limiter les émissions.
Toutefois, la question de la pollution des navires ne pourra être résolue sans une approche mondiale et contraignante. L’Europe a posé les bases, mais une coopération renforcée avec les pays non européens et des mesures plus strictes seront nécessaires pour espérer atteindre un véritable objectif zéro pollution marine.
En attendant, les océans continuent de payer un lourd tribut à l’essor du commerce maritime. La transition écologique du secteur, bien que lancée, reste encore trop timide face à l’urgence environnementale.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…