Le marché du nautisme en Asie : luxe, croissance et nouvelles opportunités

Economie
Par Figaronautisme.com

Si l’Europe et les États-Unis ont longtemps dominé le marché du yachting, l’Asie, et en particulier des villes comme Hong Kong, Shanghai et Singapour, s’affirme comme une nouvelle terre de conquête pour l’industrie nautique. Luxe ostentatoire, plaisance haut de gamme et infrastructures en plein développement : le yachting en Asie est aujourd’hui un marché à surveiller de près. Mais à quoi ressemble réellement la plaisance en mer de Chine et en Asie du Sud-Est ? Quels bateaux y dominent le marché ? Et surtout, les grands constructeurs occidentaux doivent-ils y investir davantage ?

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Si l’Europe et les États-Unis ont longtemps dominé le marché du yachting, l’Asie, et en particulier des villes comme Hong Kong, Shanghai et Singapour, s’affirme comme une nouvelle terre de conquête pour l’industrie nautique. Luxe ostentatoire, plaisance haut de gamme et infrastructures en plein développement : le yachting en Asie est aujourd’hui un marché à surveiller de près. Mais à quoi ressemble réellement la plaisance en mer de Chine et en Asie du Sud-Est ? Quels bateaux y dominent le marché ? Et surtout, les grands constructeurs occidentaux doivent-ils y investir davantage ?

Un marché du yachting encore jeune mais en pleine explosion
Le yachting en Asie reste un marché relativement jeune comparé à l’Europe ou aux États-Unis, où la plaisance fait partie de la culture depuis des décennies. Toutefois, la région connaît une croissance impressionnante. Selon une étude de Wealth-X, l’Asie-Pacifique abrite environ 30 % des milliardaires mondiaux, et cette ultra-élite a des envies de mer.
D’après un rapport du cabinet Knight Frank, le nombre d’individus possédant un patrimoine supérieur à 30 millions de dollars a explosé de 40 % en une décennie en Asie. Parmi eux, une part croissante s’intéresse aux yachts, qu’ils perçoivent comme des symboles de prestige, des espaces de divertissement et même des outils d’affaires.

Un marché dominé par les motor yachts
Contrairement à l’Europe, où la voile garde une place forte, le marché asiatique est massivement tourné vers le motoryacht. Selon une étude de Superyacht Times, environ 85 % des yachts vendus en Asie sont des unités à moteur, souvent des modèles de grande taille.
Pourquoi cet engouement pour les bateaux à moteur ? Plusieurs raisons expliquent cette tendance :
• Un usage plus festif et mondain : en Asie, les yachts servent avant tout pour des événements privés, des soirées d’affaires ou du divertissement, où la performance sous voile a peu d’importance.
• Une navigation plus simple et rapide : dans des zones comme la mer de Chine méridionale ou le détroit de Malacca, les distances sont courtes et les arrêts fréquents, favorisant les yachts rapides.
• Une culture nautique encore en développement : la voile demande une expertise et une formation qui ne sont pas encore très répandues parmi les nouveaux propriétaires asiatiques.
Les superyachts de 30 à 50 mètres sont particulièrement prisés. En 2023, Benetti, Sanlorenzo et Feadship ont vu leurs ventes en Asie croître de 25 %, confirmant la forte demande pour des unités sur-mesure, souvent avec équipage complet.

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Singapour, Hong Kong, Shanghai : trois pôles majeurs du yachting asiatique
L’essor du yachting en Asie repose aussi sur les infrastructures. Si elles restent encore en deçà des standards européens, plusieurs métropoles se démarquent comme des hubs incontournables du secteur.
Singapour, avec sa position stratégique entre l’océan Indien et le Pacifique, est devenue la plaque tournante du yachting asiatique. Ses marinas de prestige, comme One°15 Marina Sentosa Cove et Marina at Keppel Bay, accueillent des unités allant jusqu’à 80 mètres. La ville joue aussi un rôle clé dans la structuration du marché avec des événements comme le Singapore Yacht Show, où se croisent chaque année les plus grands constructeurs du monde. L’ambiance y est électrique, entre yachts à quai, soirées privées et discussions entre acheteurs et courtiers.
Hong Kong, quant à elle, a une histoire plus ancienne avec le yachting. Depuis plusieurs décennies, la ville a vu s’amarrer des flottes de yachts privés, mais aujourd’hui, elle souffre d’un manque criant d’espace. Avec plus de 10 000 yachts enregistrés, les places dans les marinas sont devenues un bien rare et extrêmement cher. Certains propriétaires doivent attendre des années pour obtenir un emplacement dans des clubs prestigieux comme l’Aberdeen Marina Club ou le Gold Coast Yacht & Country Club. Face à cette saturation, de plus en plus de yachts basés à Hong Kong passent leur temps en navigation ou stationnent dans des ports voisins, comme ceux du sud de la Chine continentale.
Shanghai représente un marché en plein essor, reflet du développement rapide du yachting en Chine. Le gouvernement chinois, longtemps réticent à encourager la plaisance privée, commence à voir le potentiel économique du secteur. Des marinas comme Sanya Serenity Marina et le Visun Royal Yacht Club, sur l’île de Hainan, attirent une nouvelle génération de propriétaires chinois, souvent jeunes et avides de luxe. Mais la Chine ne se contente pas d’acheter des yachts : elle veut aussi les construire. Des marques comme Heysea Yachts montent en puissance et rivalisent désormais avec certaines références occidentales, preuve que la Chine entend bien jouer un rôle majeur dans l’industrie.

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Un défi pour les marques occidentales : adapter l’offre aux goûts asiatiques
Certains grands chantiers européens et américains l’ont bien compris : l’Asie est un marché clé, mais il exige une approche sur-mesure. Contrairement aux yachts occidentaux, souvent pensés pour la navigation et l’autonomie en mer, les unités destinées au marché asiatique privilégient avant tout le luxe et le confort à bord.
• Des espaces intérieurs maximisés, avec de vastes salons et salles de réception conçus pour accueillir de nombreux invités.
• Des aménagements adaptés aux habitudes locales, intégrant par exemple des bars à saké, des salons de thé ou encore des cuisines spécialement équipées pour la gastronomie asiatique.
• Un nombre accru de cabines VIP, car les propriétaires aiment recevoir famille et amis en grand nombre lors de croisières privées.
• Un design plus fastueux, avec des finitions en or, marbre ou bois précieux, reflétant une certaine idée du prestige et du raffinement.
Des marques comme Sunreef Yachts, spécialiste des catamarans de luxe sur-mesure, ou Azimut, réputée pour ses motoryachts élégants et spacieux, ont su intégrer ces spécificités dans leurs modèles dédiés au marché asiatique.
Mais au-delà du design, c’est aussi l’accompagnement des propriétaires qui fait la différence. En Asie, la plupart des acheteurs recherchent une expérience clé en main, où la gestion du yacht est totalement déléguée à des professionnels. L’entretien, la mise à disposition d’un équipage ou encore l’organisation d’événements exclusifs à bord sont des services désormais incontournables. Des sociétés comme Burgess Yachts et Fraser Yachts l’ont bien compris et développent des offres ultra-personnalisées pour répondre aux attentes de cette clientèle exigeante.

L’avenir du yachting en Asie : un eldorado encore en construction
Si le marché asiatique est en pleine effervescence, il reste confronté à plusieurs défis. Le premier est le manque d’infrastructures adaptées. Contrairement à la Méditerranée ou aux Caraïbes, où l’on trouve des marinas à chaque escale, l’Asie dispose encore de peu de ports capables d’accueillir des superyachts. Cette situation limite les itinéraires possibles et freine le développement du yachting de grande plaisance.
Les réglementations constituent un autre frein. En Chine, les restrictions sur l’importation des yachts restent complexes et coûteuses, ce qui incite certains acheteurs à enregistrer leurs bateaux sous pavillon étranger. À Hong Kong, la rareté des places dans les marinas impose souvent de longs délais d’attente avant de pouvoir stationner un yacht en toute tranquillité.
Enfin, la culture nautique reste à développer. Contrairement à l’Europe où la plaisance est accessible à différents niveaux de fortune, en Asie, elle demeure encore largement perçue comme un luxe réservé à une élite. Toutefois, avec l’émergence d’écoles de navigation et d’événements dédiés à la plaisance, cette situation pourrait évoluer dans les années à venir.
Malgré ces défis, une chose est sûre : le yachting en Asie ne fait que commencer son ascension. Avec une clientèle de plus en plus nombreuse et exigeante, les constructeurs et acteurs du secteur ont tout intérêt à s’adapter à ce marché en pleine mutation. L’Asie pourrait bien devenir, dans les décennies à venir, l’un des principaux moteurs du yachting mondial.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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