
Ce jeudi matin, l’écart était de plus d’une vingtaine de milles. Désormais, après avoir dépassé Ibiza puis Majorque, tous ont mis le cap vers un point de passage au large de Porquerolles, nommé "Charlie". Le vent va se renforcer progressivement, au près, et la météo capricieuse pourrait favoriser un rapprochement en tête de course. Un constat s’impose : à la veille de l’arrivée à Nice, tout reste à faire !
Depuis que les équipages ont quitté Carthagène, mardi, ils ont longé des destinations qui sentent bon le soleil et les vacances. La Costa Blanca au départ, Ibiza hier matin, Majorque hier soir... Pourtant, l’ambiance n’est pas vraiment au farniente et à la détente à bord.
Cela fait sourire Nicolas Lunven : « on n’a pas beaucoup de temps pour prendre l’apéro et faire un barbecue sur la plage arrière du bateau ». Au-delà de la boutade, le skipper de Holcim-PRB évoque un rythme particulièrement élevé : « depuis le début, à chaque fois que l’on essaie de dormir, on est réveillé au bout de quinze minutes pour faire des manœuvres ».
« Nous avons eu beaucoup de changements de voiles, de trajectoires à ajuster, de virements de bord, d’empannages, témoigne Loïs Berrehar (Team Malizia). On a bien été occupés pendant les dernières 24 heures ! » « C’est vrai que l’on enchaîne les manœuvres et qu’on se sent assez usés », ajoute Ambrogio Beccaria (Allagrande Mapei Racing). L’Italien évoque aussi une journée « très chaude » hier : « il fait lourd, on boit 4 à 5 litres d’eau par jour, c’est assez inconfortable ! »
Biotherm / Holcim-PRB, un duo en vogue
Quoi qu’il en soit, l’intensité de la régate est toujours aussi prégnante et les équipages ne baissent jamais l’intensité. « C’est ambiance Solitaire du Figaro », assure Nicolas Lunven. Mercredi matin, à l’ouest d’Ibiza, seulement 5 milles séparaient les cinq premiers (de Team Holcim-PRB à Allagrande Mapei Racing). Ensuite, tous ont mis le cap vers Majorque pendant la journée en multipliant les empannages.
À ce jeu-là, un duo, composé de Biotherm et Holcim-PRB, a pris une légère avance sur leurs rivaux. L’écart était d'une dizaine de milles en fin d’après-midi quand les deux leaders ont commencé à longer les côtes de Majorque, par le sud-ouest de l’île, avant de dépasser les vingt milles dans la nuit. Ils devancent trois poursuivants - Allagrande Mapei Racing, Team Malizia et Paprec Arkéa - qui se collent aux basques et ne lâchent rien.
Canada Ocean Racing - Be Water Positive (5e) et Team Amaala (6e), qui ferment la marche, pointent respectivement à une quarantaine et une cinquantaine de milles. Devant, Allagrande Mapei Racing, Team Malizia et Paprec Arkéa - se collent aux basques.
« On a beaucoup navigué à vue, c’était très intense, souligne Loïs Berrehar (Team Malizia). Cela met la pression mais c’est sympa, c’est de la régate au contact ! » « Nous sommes contents d’avoir réussi à rattraper Paprec Arkéa et Team Malizia, savourait de son côté Ambrogio. On a fait un petit coup sympa qui nous permet d’être tous ensemble ». Et forcément, cela aiguise les convoitises : « j’espère qu’on va parvenir à rattraper les deux devant, pourquoi pas à Porquerolles ! »
Tous savent en effet que rien n’est joué et que les forces en présence peuvent être remises en question à tout moment. « Ici, tout peut changer très vite ! » Les skippers s’attacheront au fil de la journée à progresser sur un long bord jusqu’au large de Porquerolles où se situe un way point (un point de passage). Ce sera alors l’heure du sprint final en passant par la Giraglia (une île au nord-est du Cap Corse) avant une arrivée à Nice ce vendredi. « Aujourd’hui, c’est un peu changement de décor, décrypte Nicolas Lunven. Le vent va s’intensifier de façon conséquente, dans du près débridé à 25 - 30 nœuds »
« Cela va être venté, la pétole va laisser la place à un vent conséquent », abonde Ambrogio ; mais la Méditerranée peut encore réserver des surprises. « Nous pouvons avoir un peu de pétole vers Porquerolles ou pas du tout, rappelle l’Italien. On reste derrière cette dépression qui influence énormément la direction et la force du vent. Ici, tout peut changer très vite ! »
« Même si les deux leaders se sont un peu échappés, il y aura sans doute un regroupement, des options à prendre et des coups à jouer », assure Loïs Berrehar. Même constat chez Nicolas Lunven : « la météo est très tordue, compliquée et variable jusqu’à la fin. Il va falloir rester concentré et ne pas faire de bêtise... L’étape est loin d’être jouée ! »