Méditerranée : stop aux exagérations, place à la vérité des faits

Elle a d’abord subi, nous a-t-on dit, des incendies sous-marins qui ont détruit sa faune et sa flore et fait fuir poissons et crustacés vers des eaux plus propices à la vie marine. Elle a fait l’objet d’attaques mystérieuses de poissons peu connus. Parfois, ils ont été identifiés, comme c’est le cas pour les barracudas, chasseurs sous-marins à la dentition impressionnante et menaçante. Il y a eu aussi les invasions de milliers de méduses provoquées par la pollution, la température de l’eau et l’absence de prédateurs comme les tortues. Il a fallu évacuer des plages à Marseille parce qu’une raie pastenague, de taille en réalité modeste, menaçait les baigneurs tandis qu’un requin, du moins sa silhouette aperçue, a vidé une plage en Espagne. On a observé un requin au large de Porquerolles. Danger. Certains ont cru bon également de rappeler à tous de ne pas porter de maillot rouge lors des baignades. En mer, comme à terre pour les taureaux, le rouge exciterait les poissons, qui peuvent vous attaquer. Quand même, les pompiers, quels héros. Non seulement ils luttent contre les incendies pour protéger nos forêts et nos biens et en plus ils sont sous la menace des poissons quand ils viennent en mer à votre secours équipés de combinaisons de plongée ... rouges. La mer Rouge (finalement c’est la couleur de cet été avec le rouge de la température) a continué à envahir la Méditerranée, forcément, puisque la température de surface a atteint les 30°. Une petite limace de mer d’un bleu atypique et soutenu a également nécessité d’interdire la baignade car elle pouvait piquer. Ainsi, des dizaines de messages relayés sur les réseaux sociaux ou dans les journaux ont permis tout au long de cet été d’informer les citoyens et les touristes des multiples dangers que représente la Méditerranée.
Pourtant ...
Pourtant, si la température de surface a bien été particulièrement chaude cet été, la température de la colonne d’eau observée plus bas a sans doute été l’une des plus fraîches de ces dernières années. Les plongeurs sous-marins pourront vous le confirmer. Grâce - ou à cause - du vent particulièrement présent, la vie marine a été préservée des températures élevées. Merci à l’upwelling, phénomène habituel et naturel du fonctionnement des eaux marines. Cette année, les incendies ont eu lieu à terre mais pas en mer. Les posidonies n’ont pas brûlé et les poissons n’ont pas quitté la Méditerranée. Requins, poissons, raies pastenagues, limaces de mer vivent en Méditerranée. Ils ne représentent pas une menace pour les baigneurs. Ils peuvent certes mordre ou piquer, à l’image d’une abeille que l’on veut chasser de son séjour. Les baigneurs, pêcheurs et plongeurs ne sont pas des cibles pour eux. Les méduses ont toujours été présentes en Méditerranée. Cela ne date pas d’aujourd’hui. Elles ont d’ailleurs eu un moment de gloire cinématographique en 1984 avec L’année des méduses. On ne corrèle pas leur présence avec la pollution, ni la température de l’eau, ni même le nombre de tortues qui d’ailleurs n’ont jamais été aussi nombreuses que ces derniers temps. Une hypothèse scientifique ne devient pas une certitude quand elle est évoquée dans un post sur les réseaux sociaux.
Finalement, la saison estivale se termine avec la rentrée des classes. Les dangers de la Méditerranée vont sans doute disparaître de nos médias. Espérons que pour la saison prochaine, ces « peurs de la Méditerranée » ne se transforment pas en « peur de la Méditerranée » pour uniquement compter quelques clics de plus ou quelques pouces levés. Cette vieille dame qu’est la Méditerranée, tout comme l’ensemble de nos milieux aquatiques, mérite bien mieux.
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