
C’est aussi le moment de redonner sa chance au lieu noir, poisson trop souvent relégué aux filets panés industriels, alors qu’il s’agit d’un produit généreux, ferme, accessible et capable de rivaliser avec des espèces plus prestigieuses lorsqu’il est bien travaillé. L’automne est une saison idéale pour les associer. Le froid qui s’installe invite à des plats chauds et rassurants, mais on garde encore l’envie de fraîcheur et d’iode. Le lieu noir et les coquillages deviennent alors les complices parfaits d’une cuisine réconfortante mais pas pesante.
La diversité des assiettes d’octobre
Le lieu noir a l’avantage de supporter toutes les cuissons. Rôti à la poêle puis fini au four, il garde une chair juteuse et se marie à merveille avec une sauce safranée aux moules : une assiette élégante, simple mais raffinée, qui se prépare sans complication et donne immédiatement des airs de table de fête.
En version plus rustique, on peut le couper en dés et le glisser dans une marinière de coques. L’idée est simple : laisser s’ouvrir les coquillages dans du vin blanc parfumé à l’ail et au persil, puis utiliser ce jus salin pour pocher le poisson. On obtient un plat franc, convivial, qui sent la cuisine de port et appelle un bon pain grillé.
Pour les soirées plus froides, le lieu noir accepte des saveurs plus corsées. Dans un curry doux au lait de coco et aux palourdes, il prend des accents exotiques : gingembre, piment doux, coriandre fraîche viennent contrebalancer le gras du lait de coco et donner du relief. Ce plat, servi avec un riz parfumé, offre chaleur et réconfort tout en gardant une belle légèreté.
La soupe a aussi sa place. Un grand bol fumant où se mêlent fenouil, poireau, vin blanc et un bouquet garni, enrichi en fin de cuisson de moules, de coques et de filets de lieu noir pochés doucement, devient un dîner complet et nourrissant, parfait pour une soirée d’octobre.
Enfin, pour les tables dominicales, rien n’empêche de viser plus haut : un gratin automnal de lieu noir et coquilles Saint-Jacques. On dispose les morceaux de poisson et les noix crues dans un plat, on les nappe d’une béchamel légère montée au fumet de poisson, on saupoudre de chapelure et de parmesan. Dix minutes de gril suffisent pour obtenir un gratin doré, gourmand et festif.
Recette : Marinière de coques et dés de lieu noir
C’est peut-être la recette qui incarne le mieux octobre : une cuisine sans artifice, directe, où l’on laisse parler le goût des produits et la force du jus de coquillages.
Ingrédients pour 4 personnes :
o 500 g de filets de lieu noir
o 1 kg de coques (ou palourdes)
o 2 échalotes
o 1 gousse d’ail
o 15 cl de vin blanc sec
o 25 g de beurre
o 2 c. à s. de crème fraîche (facultatif)
o 1/2 bouquet de persil plat
o Poivre, sel si besoin
Préparation :
1. Préparer les coques : laissez-les dégorger 1 h dans de l’eau froide salée pour éliminer le sable, puis rincez-les soigneusement.
2. Marinière : faites revenir échalotes et ail hachés dans le beurre, ajoutez le vin blanc, versez les coques et couvrez. Secouez la cocotte quelques minutes jusqu’à ce qu’elles s’ouvrent. Retirez-les, filtrez soigneusement le jus.
3. Cuisson du poisson : coupez le lieu noir en dés. Pocher doucement dans le jus filtré, à feu très doux, 4 à 5 minutes maximum.
4. Assemblage : ajoutez les coques, un peu de crème si vous la souhaitez, poivrez généreusement et parsemez de persil frais.
5. Service : à déguster avec des pommes de terre vapeur ou du pain grillé frotté à l’ail.
Astuce : ajoutez quelques filaments de safran dans le vin blanc dès le départ pour enrichir le jus et donner une belle couleur dorée à la sauce.
L’iode en habits d’automne
Ce qui frappe dans ces recettes, c’est leur diversité. Avec un seul poisson et quelques coquillages, on peut passer de l’élégance raffinée (lieu noir rôti, sauce safranée) à la convivialité brute (marinière de coques), du dépaysant (curry coco) au festif (gratin Saint-Jacques), sans oublier les soupes rustiques qui réchauffent. C’est tout l’esprit d’octobre : rester proche de la mer tout en cherchant chaleur et réconfort. Le lieu noir et les coquillages offrent ainsi une cuisine accessible mais riche de sens, capable de satisfaire aussi bien les tablées familiales que les dîners élégants.