
Une expérience unique, mais de plus en plus rareVoyager sur un cargo, c’est une immersion totale dans le monde du transport maritime. Contrairement aux navires de croisière, ces géants des mers ne sont pas conçus pour accueillir des touristes. Ici, pas de piscine à débordement ni de spectacles en soirée, mais un quotidien rythmé par la navigation, le roulis de la mer et les échanges avec l’équipage. Une alternative fascinante pour ceux qui cherchent à fuir le tourisme de masse et à découvrir la mer autrement.Il existe plusieurs types de navires sur lesquels il est possible d’embarquer :• Les porte-conteneurs, où le nombre de passagers est extrêmement réduit.• Les cargos mixtes, qui transportent davantage de fret que de passagers.• Les ferries long-courriers, qui, à l’inverse, accueillent plus de passagers que de marchandises et desservent souvent des îles isolées comme les Marquises, la Papouasie-Nouvelle-Guinée ou encore la Tasmanie.Pendant longtemps, plusieurs compagnies maritimes permettaient à quelques passagers de prendre place à bord de leurs navires marchands. CMA CGM proposait notamment des traversées transatlantiques ou vers l’Asie, mais ce service a été suspendu en 2020, en raison de la crise sanitaire, et n’a toujours pas repris. Aujourd’hui, seules quelques compagnies acceptent encore des passagers à bord de leurs cargos. Marfret, par exemple, offre la possibilité d’embarquer sur certains de ses navires reliant la France à l’Amérique du Sud. De son côté, Atlantic Container Line (ACL) maintient quelques places sur ses lignes transatlantiques entre l’Europe et l’Amérique du Nord.Ces opportunités restent toutefois limitées. Depuis la crise sanitaire, il est devenu encore plus compliqué d’embarquer sur un cargo, en particulier un porte-conteneurs. Pour des raisons de sécurité, les compagnies imposent désormais un âge limite de 70 ans, une visite médicale obligatoire et une assurance couvrant l’armateur en cas de problème médical.De plus, les nouvelles réglementations et les exigences en matière de sécurité maritime poussent de plus en plus d’armateurs à restreindre, voire à interdire, l’accueil de passagers à bord de leurs navires. De fait, ce mode de voyage, autrefois accessible à un plus grand nombre, devient progressivement une rareté.
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Comment embarquer sur un cargo ?Si l’idée d’un voyage en cargo vous tente, mieux vaut s’y prendre à l’avance. Les places sont rares, généralement limitées à une poignée de passagers par navire, et les réservations se remplissent plusieurs mois à l’avance.Le prix de ce type de voyage peut surprendre : comptez entre 80 et 150 euros par jour et par personne, repas compris. À ce tarif, pas de cabines luxueuses ni de service personnalisé, mais un confort simple et fonctionnel. La plupart des cargos proposant ce service disposent de cabines privatives avec salle de bain, et les repas sont pris à la table de l’équipage ou des officiers. Toutefois, il faut être conscient que le confort est rudimentaire. Ce ne sont pas des navires de croisière, mais bien des bateaux de travail. La cantine sert des repas industriels basiques, et ce sont aux passagers de s’adapter, non l’inverse.Côté formalités, un certificat médical est requis avant l’embarquement. En effet, les navires ne possèdent pas d’infrastructure médicale sophistiquée, et en cas de problème grave, il peut s’écouler plusieurs jours avant qu’une évacuation ne soit possible. Sur les ferries long-courriers, un médecin est obligatoire à bord dès qu’il y a plus de 12 passagers, ce qui peut rassurer certains voyageurs.Autre point essentiel à prendre en compte : la flexibilité. Contrairement aux croisières classiques, les horaires et itinéraires des cargos sont soumis aux aléas du transport maritime. Les escales ne sont jamais garanties et peuvent être modifiées ou annulées en fonction des impératifs commerciaux. Il n’est pas rare qu’un navire reste plusieurs jours en attente à l’entrée d’un port, ou qu’une escale annoncée ne dure finalement que quelques heures. Il faut donc accepter une certaine dose d’incertitude.

Un voyage hors du tempsSi la croisière évoque pour beaucoup une succession d’escales touristiques et de loisirs à bord, le voyage en cargo est tout autre. Ici, tout invite à la contemplation. Loin du brouhaha des destinations surfréquentées, le quotidien est rythmé par le mouvement de l’océan, la mécanique du navire et le silence des longues traversées. Les journées s’étirent au gré des levers et couchers de soleil, du vent dans les superstructures, du frémissement constant des machines.Pour certains, cette solitude est une révélation. Michel Ulrich, qui a fait plusieurs voyages sur des portes-conteneurs, raconte : « Ce n’est pas un voyage au sens classique du terme. On apprend à ralentir, à observer l’océan, à comprendre la machine logistique qui fait tourner le commerce mondial. C’est une forme de déconnexion totale. »Sur un ferry long-courrier ou un cargo mixte, l’expérience est davantage axée sur le déplacement d’un point A à un point B. En revanche, sur un porte-conteneurs, la démarche est totalement différente. L’intérêt réside dans l’immersion dans la vie d’un bateau de travail : observer les manœuvres lors de l’arrivée dans un port de commerce, comprendre le fonctionnement du déchargement des conteneurs… C’est une opportunité rare, car les ports de commerce sont des lieux fermés au public.Il est aussi possible d’embarquer sur des navires desservant des îles scientifiques. Par exemple, le RMS Saint-Hélène permettait autrefois à des voyageurs, en plus des scientifiques, d’embarquer pour une navigation hauturière de dix jours. L’objectif ? Une déconnexion totale, une sorte de retraite en mer, où l’on rencontre des personnes de tous horizons partageant la même quête d’expérience hors du commun.Le voyage en cargo, une espèce en voie de disparition ?Si embarquer sur un cargo reste une aventure exceptionnelle, il faut être conscient que ce mode de voyage devient de plus en plus rare. Les exigences de sécurité, les restrictions sanitaires et la modernisation du transport maritime font que de nombreuses compagnies abandonnent progressivement l’accueil de passagers.Cependant, une nouvelle alternative pourrait séduire les passionnés de navigation : Neoline by Sailcoop, un cargo à voile qui proposera, à partir d’août 2025, une traversée entre la France et l’Amérique du Nord en 13 jours. Contrairement aux cargos traditionnels au confort sommaire, Neoline offrira un cadre bien plus luxueux avec six cabines de 27 m² chacune. Un projet qui mêle innovation écologique et voyage en mer, une alternative moderne au transport maritime classique.Alors, si l’expérience d’un voyage en cargo vous tente, mieux vaut ne pas tarder. Dans quelques années, il est fort possible que ce mode de voyage ne soit plus qu’un souvenir d’une époque révolue, remplacée par des navires automatisés où l’homme, lui-même, se fera de plus en plus discret sur les océans.