L’eau à bord, du stockage à la distribution

Equipements

L’eau est un élément essentiel à bord. Non seulement, il faut la stocker dans des conditions où elle ne risque pas de se polluer, mais aussi en avoir en quantité suffisante en fonction de la durée de la navigation et du nombre de personne à bord et, en dernier, il faut assurer sa distribution. Une autre solution est de produire son eau douce à partir de l’eau de mer. Pour cela, on utilise un dessalinisateur. Cet équipement fera l’objet d’un prochain article.

L’eau est un élément essentiel à bord. Non seulement, il faut la stocker dans des conditions où elle ne risque pas de se polluer, mais aussi en avoir en quantité suffisante en fonction de la durée de la navigation et du nombre de personne à bord et, en dernier, il faut assurer sa distribution. Une autre solution est de produire son eau douce à partir de l’eau de mer. Pour cela, on utilise un dessalinisateur. Cet équipement fera l’objet d’un prochain article.

Stocker son eau à bord

Sur la majorité des bateaux de croisière, les réservoirs sont réalisés en matériaux rigides (inox, alliage, plastique) voire en matériaux souples. Bien souvent, les réservoirs d’eau n’ont pas un volume suffisant pour envisager une croisière de plusieurs jours sans avoir à relâcher dans un port pour faire le plein. Dans ce cas, si vous avez de la place, la solution est de rajouter des réservoirs. Suivant la configuration de votre bateau, vous pouvez opter pour des modèles souples ou rigides. La facilité est de se tourner vers des souples. Sur le marché, on en en trouve de toutes formes et de tous les volumes, y compris des triangulaires pour la pointe avant du bateau. Le seul inconvénient, en particulier sur les bateaux non contre moulés, est le ragage qui abime la toile du réservoir si on ne prend pas la précaution de mettre sous ce dernier une toile de protection. Le réservoir rigide est la solution idéale, mais l’installation est plus délicate. Souple ou rigide, vous pouvez toujours les faire réaliser sur mesure.

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Circuit eau sous pression pompe de distribution© Albert Brel

L’eau sous pression

Les pompes à pieds sont rarement proposées sur un bateau de série. La distribution se fait sous pression par l’intermédiaire d’une pompe électrique. Solution pratique mais qui est tributaire du bon fonctionnement de la pompe et de l’énergie électrique. Sur un bateau de grande croisière, il est prudent de la doubler par des pompes manuelles qui ont aussi l’avantage d’économiser l’eau. On trouve deux modèles de pompe électrique : à membrane ou à turbine. Le premier modèle est constitué d’un moteur électrique qui entraîne par l’intermédiaire d’une bielle ou d’une courroie crantée un axe excentrique solidaire d’une membrane. La déformation de la membrane fait que l’eau est aspirée dans un sens puis refoulée. La plus classique est la pompe à turbine. Un moteur entraine une turbine qui aspire l’eau. Sur les deux solutions, les pompes conçues pour la distribution de l’eau (groupe d’eau) sont auto-amorçantes et peuvent tourner à vide le temps de remplir le circuit de distribution. La mise en service de la pompe est conditionnée par la présence d’un pressostat et d’un contacteur électrique. Le pressostat a pour rôle non seulement d’assurer la mise en service de la pompe mais aussi de surveiller la pression dans la tuyauterie qui doit être conforme à celle pour laquelle il est taré.

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Groupe eau avec reservoir© Albert Brel


Minimiser le bruit

Une pompe est bruyante et se déclenche automatiquement non seulement lorsque l’on ouvre un robinet mais aussi en présence de fuite, un simple goutte-à-goutte suffit. Pour éviter qu’elle ne se déclenche à chaque sollicitation, certains modèles possèdent un réservoir tampon (groupe hydrophore). Ce réservoir sous pression, d’une contenance pouvant aller jusqu’à plusieurs dizaines de litres, assure la réserve d’eau pour la distribution à concurrence de 80% de sa capacité. Ce qui signifie que la pompe ne se met en route que lorsque le réservoir est au 3/4 vide. La pompe tourne alors le temps nécessaire pour remplir à nouveau le réservoir.

L’eau chaude comme à la maison

La majorité des moteurs de propulsion (au-dessus de 20 CV) sont à refroidissement indirect. Ce circuit indirect peut réchauffer l’eau contenue dans le chauffe-eau. Pour cela, un serpentin dans lequel circule l’eau du moteur est placé dans le chauffe-eau. Lorsque le moteur tourne et qu’il est en température (entre 85°C et 95°C), en moins de 30 minutes l’eau du chauffe-eau est portée à 60°C. Bien entendu, l’efficacité est liée à l’isolation du chauffe-eau et à la surface d’échange entre le serpentin et l’eau. Pratiquement tous les chauffe-eaux disposent d’une résistance électrique (230 volts) qui peut être alimentée à partir d’un groupe électrogène ou d’une borne de quai.

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ONEZERO-3 voies sur AQUILA© Albert Brel


Les risque de pollution de l’eau : précautions et traitements

Les réservoirs d’eau (appelé communément vaches à eau) sont exposés (entrée d’eau de mer, algues, calcaire, sable, etc.). Tous ces éléments peuvent polluer l’eau et entrainer des maladies lorsqu’elle est consommée. Il faut savoir également que les fortes chaleurs sont la cause de développement de bactéries. Une eau polluée dégage une odeur et a un goût désagréable, mais, attention, elle peut comporter des bactéries tout étant neutre (pas d’odeur pas de goût. Pour minimer ces risques plusieurs précautions sont à prendre :
- Nettoyer les réservoirs, en particulier, lors du réarmement.
- Vider au minimum 3 à 4 fois par an les réservoirs et le circuit d’eau.
- Vérifier que les bouchons de remplissage d’eau sont bien fermés lorsque vous lavez le pont.
- Lorsque vous faites le plein à partir d’une borne de quai, rincez le tuyau en laissant couler un peu d’eau avant de l’introduire dans l’orifice de remplissage.
- Pour l’hivernage, rincez et videz au maximum les réservoirs. Au besoin, mettez un produit pour éviter la prolifération de bactéries.
- Si vous laissez l’eau dans vos réservoirs pendant l’hivernage, pour éviter la prolifération bactérienne mettez un produit tel que le Bactend exempt de clore et nitrate.
- Au réarmement, rincez les réservoirs en les remplissant et les vidant. Mettre un produit de traitement.

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Les produits de nettoyage et de traitement

Sur le marché, on trouve des produits pour le nettoyage des réservoirs et pour traiter l’eau. Mais, attention, il faut toujours prendre des produits pouvant entrer au contact de denrées alimentaires. Pour nettoyer efficacement les réservoirs et éliminer les dépôts, il existe des nettoyants spécifiques comme le T.S.4 (Matt Chem). Ce produit permet d’éliminer les boues présentes en fond du réservoir. En premier, il faut vidanger complètement le réservoir, mettre 1 volume de T.S.4 pour 3 à 5 volumes d’eau. Laisser agir pendant une heure. Si vous avez une trappe de visite sur le réservoir, brossez les parois. Ensuite, ajouter 20 litres d’eau et vidanger en laissant ouvert tous les robinets. Terminer le travail en rinçant la cuve à l’eau claire. Remplir à nouveau avec de l’eau et un litre de KILBACTE. Puis renouveler l’opération : vidange et remplissage. Au dernier remplissage, ajouter un traitement tel que le KILBACTE à raison de 25 ml pour 100 litres d’eau. Chez les accastilleurs, des produits de traitement et de conservation sans chlore pour éviter les bactéries sont proposés. Nous pouvons citer : chez Yachticon l’Aqua Clean, chez Katadyn le Micropur (poudre ou cachet), le Pura Tank pour le nettoyage, etc. Il est important de bien lire la notice et de vérifier que le produit est compatible avec les produits alimentaires.

Un osmoseur à bord

Depuis plus de 30 ans, French Eaux, filiale du Groupe Domeau, conçoit et installe des solutions de traitement de l’eau en métropole, en Outre-mer et à l’international. Pour le nautisme, il a développé l’osmoseur ONEZERO qui a l’avantage de fonctionner sans électricité. Ce n’est pas un dessalinisateur, en effet, il traite l’eau, mais il ne la produit pas. C’est un système à osmose comprenant le pré-traitement et le post-traitement à action bactériologique capable de produire de l’eau osmosée instantanément. Il est équipé d’un robinet avec alarme de maintenance (changement de filtre). Son faible encombrement (300x 300 x 197 mm) permet de lui trouver sans difficulté une place sur le bateau. Le boîtier ONEZERO peut être monté en position verticale ou horizontale. Une fois positionné, il suffit de le brancher à l’installation de distribution d’eau du bateau (pression entre 1.5 et 6 bars) et à la sortie vers un robinet dédié. Pour éviter toute contamination de l’eau produite, il est impératif que la distribution de l’eau sur l’évier se fasse avec un robinet à deux voies : eau du tank et eau traitée (deux robinets et deux circuits indépendants). Il est à même de produire 2 litres d’eau osmosée toutes les 10 minutes par un jeu de deux membranes montées en parallèle.

Ce qu’il faut retenir

L’eau à bord est un élément indispensable, il faut prévoir au minimum 1 à 2 litres par jour et par personne pour la consommation. A moins d’utiliser de l’eau en bouteille, peu pratique et encombrant, l’eau est stockée dans des réservoirs. Ces derniers doivent être propres et l’eau traitée pour éviter tout risque de développement de bactéries. Non seulement, il faut veiller à la propreté des réservoirs, mais également à celle de tout le circuit de distribution y compris le tuyau de remplissage de ces derniers.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
Max Billac
Max Billac
Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Denis Chabassière
Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Michel Ulrich
Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
METEO CONSULT
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METEO CONSULT
METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…
Cyrille Duchesne
Cyrille Duchesne
Cyrille Duchesne
Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...
Irwin Sonigo
Irwin Sonigo
Irwin Sonigo
Capitaine 200 et ancien embarqué dans la Marine nationale, Irwin Sonigo a exploré toutes les facettes de la navigation. Des premiers bords sur un cotre aurique de 1932 à la grande plaisance sur la Côte d’Azur, en passant par les catamarans de Polynésie, les voiliers des Antilles ou plusieurs transatlantiques, il a tout expérimenté. Il participe à la construction d’Open 60 en Nouvelle-Zélande et embarque comme boat pilote lors de la 32e America’s Cup. Aujourd’hui, il met cette riche expérience au service de Figaro Nautisme, où il signe des essais et reportages ancrés dans le réel.