Transat Café L'Or : une bataille à tous les étages
LE FAIT DU JOUR. Banque Populaire et Paprec Arkéa, retour en mer
Deux des leaders dans leurs catégories, Paprec Arkéa (IMOCA) et Banque Populaire (ULTIM) ont dû faire escale avant de repartir en compétition. Armel Le Cléac’h et Sébastien Josse sont repartis de Lorient à 11 h 45. En moins de six heures, leur équipe technique est parvenue à remplacer le safran tribord et tout le mécanisme qui l’entoure. Quinze minutes plus tard, Yoann Richomme et Corentin Horeau (Paprec Arkéa) quittaient le port du Havre. Une partie du gréement et du foil tribord de l’IMOCA ont été endommagés après avoir heurté une bouée. Chez les skippers des deux bateaux, hors de question d’être abattu au moment de reprendre leur route. « Il faut s’autoriser à se projeter et aller de l’avant parce que la course est encore longue », assure Armel Le Cléac’h. Yoann Richomme ne dit pas autre chose : « ce n’est plus la même course mais on va cravacher ! »
LES TOPS. Sodebo et Actual reviennent, Wewise s’échappe
Alors qu’ils dépassent le cap Finisterre, les ULTIM ont été fortement ralentis par une dorsale. « On est passé à plus de 35 nœuds en Manche à moins de 5 nœuds », sourit Tom Laperche. Des conditions qui obligent à prendre son mal en patience et permettent aux deux rivaux de SVR-Lazartigue (Tom Laperche et Franck Cammas), Sodebo (Thomas Coville et Benjamin Schwartz) et Actual (Anthony Marchand et Julien Villion) de revenir. En fin d’après-midi, il n’y avait qu’une vingtaine de milles d’écart. Chez les IMOCA, le leader Macif Santé Prévoyance (Sam Goodchild et Lois Berrehar) a sensiblement creusé l’écart dans le golfe de Gascogne. La bataille des poursuivants est intense avec un mano-à-mano entre Charal (2e, Jérémie Beyou - Morgan Lagravière) et Allagrande Mapei Racing (3e, Ambrogio Beccaria - Thomas Ruyant) et une sacrée résistance d’Association Petits Princes - Queguiner (Elodie Bonafous-Yann Eliès) et 11th Hour Racing (Francesca Clapcich - Will Harris).
Les Class40, eux, abordent la pointe bretonne. Corentin Douguet et Axel Trehin (Faites un don sur SNSM.org) ont profité d’un léger décalage dans l’Ouest - une option aussi audacieuse que fructueuse - pour prendre la tête sur le groupe de leaders dans la journée. Ils devancent Seafrigo-Sogestran (Guillaume Pirouelle et Cédric Château) et Amarris (Achille Nebout et Gildas Mahé), en sachant que les sept premiers « se tiennent » en moins de 10 milles ! Les Ocean Fifty, eux, poursuivent la descente des côtes portugaises. Wewise (Pierre Quiroga et Gaston Morvan) a allongé la foulée en comptant plus de 50 milles d’avance sur leurs rivaux, Edenred (2e, Emmanuel Le Roch - Basile Bourgnon) et Solidaires en peloton (3e, Thibaut Vauchel-Camus - Damien Seguin).
LES PÉPINS. Soucis techniques et nouveaux départs
En plus des manœuvres, des réglages et de la stratégie, il faut souvent sortir la boîte à outils. Les skippers le savent et le font sans rechigner. Parfois, ils parlent de « petites bricoles » comme Louis Duc (Fives Group - Lantana Environnement, IMOCA). Parfois, les avaries sont plus conséquentes. Les frères Courbon (RDT Logistic - Forvis Mazars, Class40), qui avaient déjà dû s’arrêter à Ouistreham, ont rallié Cherbourg à cause d’une fissure et d’une voie d’eau. Luca Rosetti et Matteo Sericano (Maccaferri Futura), souvent cités parmi les outsiders en Class40, sont repartis après des problèmes électroniques résolus au port de Cherbourg.
Conrad Colman et Mathieu Blanchard (MSIG Europe, IMOCA) sont arrivés à Roscoff après la perte de leur radar et des problèmes de pilote automatique. Joël Paris et Goulven Marie (Rêve à porte de vue - Qwanza), eux, devraient quitter Ouistreham demain. Thibaut Vauchel-Camus (Solidaires en Peloton), lui, est monté au mât après un problème de drisse. À noter enfin que Justine Mettraux et Xavier Macaire (Teamwork-Team Snef) ont cassé leur hook de J3. « On a bon espoir de réparer rapidement », a expliqué Justine.
LE POINT SUR LA SUITE. Du répit pour les uns, du "rodéo" pour les autres !
La tête de flotte en Class40 commence à dépasser la pointe bretonne et les skippers vont enfin avoir un peu de répit. « Le vent va mollir, les conditions vont être plus soft avec 15 nœuds de vent d’ouest, nord-ouest », explique Guillaume Evrard de la direction de course. Engagés dans le golfe de Gascogne, les IMOCA « vont devoir négocier une dorsale », soit une bascule de vent d’ouest à l’est durant la nuit. De leur côté, les ULTIM et les Ocean Fifty auront une situation sensiblement identique avec la nécessité de gérer une dépression qui se creuse au niveau des Açores. « Au fur et à mesure dans la soirée et la nuit, le vent de sud, sud-ouest va forcir, précise Guillaume. Ils vont rentrer dans la dépression en fin de nuit... Ça va redevenir un peu du rodéo ! »
LA PHRASE. « Ce n’est pas la route du café, c’est la route des tapas ! »
Les Class40 auront une course à deux étapes : une première jusqu’à la Corogne que les premiers atteindront dès mercredi et une deuxième jusqu’à Fort-de-France. C’est la décision de la direction de course afin de se préserver face à une dépression qui se rapproche des côtes portugaises. Une prise de position saluée par les marins qui n’empêche pas quelques traits d’humour. Et à ce jeu-là, Corentin Douguet (SNSM Faîtes un don !) n’est pas en reste : « on n’est pas parti pour une transatlantique, juste une transgascogne. Ce n’est pas la route du café tout de suite. Pour l’instant, c'est la route des tapas ! »
L’ANECDOTE. Quand les bananes ne résistent pas !
Ça secouait ce matin à bord d’Engie - Dessine-moi la high-tech lorsque Axelle Pillain a sorti son smartphone pour immortaliser l’instant. La Française se réjouissait, après une nuit difficile, que son Class40 a bien résisté. « On a réussi à garder nos deux aériens, c’est une grande victoire ». En revanche, avec Aina Bauza Roig, elle n’a pas pu tout sauver : « on a perdu des bananes qui se sont violemment écrasées dans le bateau ! »


