Transat Café L’OR : entre orages et espoirs dans le Golfe de Gascogne
Ultim : SVR Lazartigue tient bon
Menacé au passage de la dorsale, Tom Laperche et Franck Cammas ont redémarré les premiers hier en fin de journée et conservent 20 milles d’avance sur Sodebo Ultim 3 à l’entrée de la dépression qui enroule ses orages au large du cap Saint Vincent. De nouveau au près, les trois grands trimarans en pointe ont déclenché leur virement près de son centre à 8 heures ce matin pour remettre cap au Sud. Ils devraient doubler dans la soirée les Ocean Fifty, exactement dans le même système météo et retrouver des conditions de navigation plus sereines dans un flux de Sud-Est permettant d’accroître la cadence. « Personne n’a choisi de partir avec piolets et crampons faire le tour du phénomène par l’Ouest. C’était trop de route et trop aléatoire pour la suite » expliquait ce matin Thomas Coville, juste après avoir viré de bord. Un virement cafouilleux d’ailleurs aux dires du skipper de Sodebo Ultim 2 : « On s’est fait prendre à contre dans un nuage, il faut vraiment être concentré dans ces conditions. Au final, tout s’est terminé sans casse et avec Benjamin, on s’est regardé et on a préféré en rire ! » Celui qui se dit satisfait de son début de course, sans casse et bien placé, dit utiliser « énormément les images satellite pour négocier nuages et orages ». L’observation de l’horizon renseigne aussi sur le chemin parcouru par les trimarans géants : « Il y a toujours de gros cumulonimbus à l’horizon mais les lumières jaunes orangées disent clairement qu’on a changé d’atmosphère. La mer est un petit champ de mines mais j’aime bien ces ambiances »
Pendant ce temps, à 300 milles derrière Maxi Banque Populaire XI qui n’a fait qu’une bouchée du golfe de Gascogne après son départ hier midi de Lorient, va voir le vent refuser progressivement au cap Finisterre avant d’ aborder lui aussi le phénomène orageux. Fera-il la même route ou son retard sera-t-il propice à un décalage Ouest ?
Ocean Fifty : Wewise, sur un petit matelas
Dans l’autre catégorie de multicoques de cette TRANSAT CAFE L’OR, la nuit a été tout sauf paisible. « Hier, c’était une superbe journée, ambiance séchage et belles glissades. On en a profité pour dormir , quel bonheur ! Mais le début de nuit a été moins drôle avec un orage bien actif » confiait dans un message ce matin Emmanuel Le Roch sur Edenred 5.
Confirmation à la vacation de Pierre Quiroga, leader depuis Le Havre avec Gaston Morvan sur Wewise : « Le front était actif avec des éclairs dans tous les sens. On a perdu un aérien mais on a pu se relayer un peu à la bannette même s’il y avait beaucoup d’instabilité ce qui n’est pas génial sur nos bateaux ». Hauteur d’un sans faute depuis le départ, le skipper de Wewise a la sensation d’avoir franchi le second gros morceau de cette Transat et avoue « faire encore des cauchemars en pensant à Lazare chaviré. Avec Gaston, on a scotché un papier sous la casquette: Ne pas chavirer ! » Ce qui n’empêche pas le leader de naviguer GV haute et J1 ce matin, en haut de range dans 20 noeuds de vent ! Car derrière Edenred 5 et Solidaires en peloton poussent fort. Ces trois-là ont fait le trou puisque Le Rire Medecin Lamotte, quatrième, est déjà à 120 milles, ce qui commence à être significatif à l’échelle du reste du parcours.
IMOCA : Ça redémarre, mais pas pour tout le monde
Toujours leader, Macif Santé Prévoyance ne s’est pas économisé pour endiguer les attaques de ses poursuivants toute la soirée et la nuit dernière. En compagnie d’Allagrande Mapei, 11th Hour Racing et Charal, il vient juste de sortir de la dorsale qui a été très tenace. « On est content de repartir. La mer résiduelle rendait la conduite très difficile cette nuit et maintenant, on se projette sur le passage du Cap Finisterre. Loïs a fait tout le boulot et mérite bien sa sieste car moi, j’ai passé ma journée à faire du composite pour une petite réparation » On n’en saura pas plus sur l’avarie qui « est réglée » selon Sam mais l’épisode montre bien que la route n’est un long fleuve tranquille pour personne.
En tous cas, avec ces vitesses à deux chiffres retrouvées, le quatuor pourrait nettement creuser les écarts avec le reste de la flotte, encore aux prises de cette zone sans vent. C’est une vraie transition qui s’opère ce matin pour les grands monocoques. Association Queguiner est en ballotage à 40 milles et derrière, et le risque d’une vraie scission avec le second paquet emmené par TeamWork Team Snef à 70 milles est réel
Class40 : Navigation à vue
Ils ne font pas route vers Gijón comme pourrait le laisser penser la cartographie ce matin, mais bien vers la Corogne ! Les Class40 sont eux aussi aux prises avec une situation confuse, où il faut composer avec vent faible et très instable sur fond de houle : « On vient de s’arrêter dans un trou d’air. Avec 2 noeuds et de la mer, le pilote est perdu » expliquait ce matin Corentin Douguet sur Faites un don sur SNSM.org, heureux de se savoir toujours en tête mais qui avouait avoir « son petit déjeuner un peu gâché les Normands SeaFrigo Sogestran à 300 mètres par le travers ! » Guillaume Pirouelle et Cédric Chateau ont fait un très beau retour cette nuit et c’est en match race que ces deux bateaux cherchent à sortir de la dorsale. « D’habitude, on loffe et on empanne. Là, c’est un peu différent, on va virer de bord pour faire route directe vers La Corogne une fois que le vent d’Est sera revenu » dit Corentin Douguet.
Alors que 6 concurrents trainent toujours en Manche, les cinq premiers se tiennent en 5 milles. Autant dire que rien n’est fait car avec les restes de la dépression orageuse qui va venir mourrir sur le Nord de l’Espagne, l’arrivée à La Corogne s’annonce comme un grand bazar avec des brises très aléatoires.
L’ETA des premiers dans le port galicien est prévu entre 8 et 10 heures demain mercredi.