Transat Café L’Or : cap sur l’Afrique, les skippers à la recherche des premiers alizés
ULTIM : Tropisme africain
Mille après mille, SVR Lazartigue continue de creuser sur les trois autres ULTIM. De 65 milles hier à 8 heures, son avance culmine à 120 ce matin sur le deuxième. SVR va (un peu) plus vite et ne fait pour l’instant aucune erreur, laissant ses poursuivants prendre des risques, qui pour l’instant ne payent pas, à l’image du passage de Sodebo Ultim hier entre La Palma et la Gomera aux Canaries. Sachant que le sésame se trouve dans l’Est, Thomas Coville et Benjamin Schwartz ont voulu se décaler les premiers mais vu des angles très fermés de leurs empannages, ils ont payé les dévents à la sortie de l’archipel. « C’était impressionnant au début commente Tom Laperche ce matin. Ils ont profité de l’accélération à l’entrée des îles et fait beaucoup de gain pendant quelques heures mais la sortie était plus dure ». Résultat, Sodebo a perdu une bonne partie de son avance sur Actual Ultim 4 qui ne pointe désormais qu’à dix milles derrière lui. Quant au Maxi Banque Populaire XI, son décalage à l’Ouest le désavantage maintenant qu’il faut aller chercher la pression dans l’Est.
Pour les quatre ULTIM, le dernier point d’empannage avant de filer vraiment au Sud se trouve vers Dakhla, le paradis marocain du kite surf et du wing foil. Réaligné sur ses concurrents, le Maxi bleu et blanc a perdu une bonne vingtaine de milles dans ce nouveau schéma. «Tout le monde va aller à la côte car dans un alizé mal établi, c’est là qu’il reste un flux d’air qui provient de la différence de température entre la terre et la mer » expliquait ce matin Tom Laperche. Le leader prévoyait d’ailleurs « d’augmenter [son] avance au fil de la journée avec le vent qui est en train de rentrer. Le ciel est encore clair et on attend les cumulus d’alizé ! » concluait le skipper de SVR Lazartigue, bien content d’être devant, avec dans le viseur l’archipel du Cap Vert distant de 600 milles, qu’il devrait doubler demain matin.
Ocean Fifty : Nouveau départ dans l’alizé
Basile Bourgnon avait incontestablement la pêche ce matin. Après une journée de doute à flirter avec la côte marocaine en laissant ses poursuivants dans l’Ouest, l’option d’Edenred 5 a fini par payer cette nuit : « Je ne faisais pas le fier mais le vent est rentré plus tôt pour nous et on est ressorti devant. Pour l’instant, tous mes voeux se réalisent sur cette transat. Avec Manu, on a le Mojo ! »
Toujours en tête donc avec 20 milles d’avance sur Wewise et Solidaires en Peloton, Edenred 5 a vu en revanche le retour aux affaires de Viabilis Océans et Le Rire Medecin Lamotte. C’est un nouveau départ à cinq chez les Ocean fifity à l’entrée de l’alizé. « C’est un peu vache mais mérité pour eux. On s’est fait mal au début pour être devant et eux se sont fait mal dans le front qu’on n’a pas eu » commentait Basile, bien content de renouer avec des vitesses plus proches de 20 noeuds que de dix sous grand-voile haute et grand gennaker. Autant dire que le delta va continuer à se creuser avec les deux retardataires Upwind by Merconcept et Mon Bonnet Rose qui peinent encore entre les Canaries et la côte.
IMOCA : Changement de leader au club des cinq
Après la belle journée hier de Charal, la flotte des IMOCA est emmenée ce matin par MACIF Santé Prévoyance qui a repris la tête dans la nuit. Que s’est-il passé ? « On a fait le choix de rester dans l’Ouest hier. Avec Loïs, nous n’avons pas suivi le dernier jibe (empannage) d’Allagrande Mapei et Charal et nous nous sommes retrouvés dans une position plus favorable quand le vent a molli. » expliquait à la vacation Sam Goodchild. Pourtant la nuit n’a pas été de tout repos sur le plan Verdier : « Nous avons cassé un hook (crochet qui tient la voile au mât NDR) et passé 45 minutes à récupérer la voile dans l’eau qui heureusement n’est pas abîmée raconte Sam. J’avais eu exactement le même problème pendant le Vendée et j’ai bien apprécié d’avoir Loïs avec moi ce coup-ci. » Loïs Berrehar dont c’est l’anniversaire aujourd’hui et qui peut savourer à 32 ans d’être en tête de cette TRANSAT CAFE L’OR !
Ce matin sur l’Atlantique, c’est la classe des grands monocoques qui connait les contrastes météo les plus forts. Alors qu’un petit club de cinq bateaux allant de Macif Santé Prévoyance à TeamWork Team Snef s’apprête à négocier aujourd’hui la dorsale, le second paquet est au près rapide dans le fond de flux de Sud-Ouest de la dépression. Les retardataires, de Fortinet Best Western à Coup de Pouce vont devoir batailler contre des vents de plus en plus forts au près et se laisseront tomber vers Gibraltar. Loin derrière encore, Paprec Arkea et MSIG Europe qui sont vaillamment partis à l’assaut du front, pourraient basculer derrière lui à la mi-journée. Une manoeuvre périlleuse dans plus de 30 noeuds de vent moyen avec rafales à 45, qui les conduira à nettement accélérer avec tous les dangers que comporte ce genre de bord rapide dans la mer formée derrière le front.
Etalée sur plus de 600 milles du Nord au Sud, la flotte commence à se constituer en petits paquets. Les P’tits doudous sont en escale à Cascaïs avec pas mal de pépins logiques pour un bateau neuf et entendent tout remettre en oeuvre pour reprendre la course à 100% de leur potentiel.
Class40 : Tous aux abris, mais quel abri ?
33 concurrents se trouvent ce matin dans le port de La Corogne depuis l’arrivée victorieuse hier de SNSM faites un don. La Direction de course espère pouvoir faire repartir la flotte samedi à la mi-journée et prête un oeil attentif aux neuf concurrents encore en mer. « Nous leur avons envoyé un bulletin météo spécifique hier. Nous attendons trois concurrents dans les prochaines heures. Derrière, la situation n'est pas la même pour Martinique Horizon et les autres bateaux »
A 75 milles de l’arrivée, le tandem Jean-Yves Aglaé et Moane Mangattale va voir le vent forcir nettement avec un pic à 18 heures . « Ils auront des rafales jusqu’à 45 noeuds prévoit Pierre Yves Guilherm le météorologue de la course, mais c’est du Sud-ouest et à la côte, la mer restera maniable ».
En arrière du Class40 martiniquais, les concurrents ont mis de l’Est dans leur route et devraient rester dans une partie du Golfe de Gascogne préservée du plus fort du vent et de la mer. Quel port rallieront-ils, telle est la question, tout comme leur capacité à rejoindre la ligne de départ de la deuxième étape. « Ils ont 72 heures après le coup de canon pour passer la ligne rappelle Francis Le Goff. Comme ils seront probablement hors temps sur la première étape, « ils peuvent employer tous les moyens, y compris le moteur pour rallier la Corogne au plus vite après le passage du coup de vent. » conclue le Directeur de course qui a déjà un oeil sur la météo de samedi pour relancer la course des Class40.