Transat Café L'Or : transat et transmission
C’est une des plus belles formations qui soient. Une formation qui oblige à naviguer un maximum, qui permet d’être à bord de bateaux aux sensations uniques et qui s’achève dans la douceur de la Martinique. En bouclant la TRANSAT CAFÉ L’OR Le Havre Normandie, en posant pied à terre sur le ponton d’honneur, ils sont nombreux à en terminer aussi avec une sacrée session d’apprentissage. « En franchissant la ligne, il y avait forcément de l’émotion parce que c’était la dernière journée en course de Thomas sur ce bateau et le début d’une nouvelle histoire pour moi », confiait Ambrogio Beccaria (Allagrande Mapei).
« Accélérer l’apprentissage de quelqu’un, c’est génial »
Au côté du Nordiste, l’Italien dont le talent n’était plus à démontrer en course (il a fait partie des grands acteurs de la Class40) a aussi beaucoup appris dans la gestion du projet. « J’ai découvert à travers Thomas la façon de mener une équipe de cette ampleur, l’équilibre qu’il faut trouver, c’est très inspirant ». Le lendemain matin, Violette Dorange, qui disputait avec Sam Davies sa première transatlantique à bord d’un foiler, avait des propos similaires. « J’ai appris énormément de choses sur la façon de naviguer, les réglages, le rythme et la nécessité de parfois ménager le bateau », explique la jeune navigatrice.
Pour Thomas Ruyant et Sam Davies, cette formation a aussi du bon. La Franco-britannique l’assure : « toute la saison, j’ai essayé de prendre le temps de bien expliquer à chaque fois que je lui montrais un réglage, un aspect technique. Savoir que je peux accélérer l’apprentissage de quelqu’un, surtout au sujet d’une passion commune, c’est vraiment génial ». « J’ai été très content de réaliser cette transmission, assure également Thomas qui avait également beaucoup partagé avec Sam Goodchild avant le Vendée Globe. C’est ce que j’aime, ça me nourrit et moi aussi j’apprends beaucoup ».
« J’espère être ton concurrent pour la suite »
Et si le double était finalement la meilleure des écoles pour apprivoiser le large ? Le terme « apprendre » revient régulièrement dans les mots des skippers à l’arrivée. On l’a entendu aussi cette nuit chez Xavier Macaire qui disputait sa première transatlantique à bord d’un IMOCA à foils avec Justine Mettraux (Teamwork-TeamSnef). L’apprentissage se niche alors dans la volonté de faire fonctionner le binôme. « On a appris à le former, à le faire fonctionner, à trouver les bons repères, les bons réglages, la bonne façon de communiquer », explique ainsi Xavier. « Sur une transat en double, ce travail en binôme est précieux, ajoute Justine. Et ça ne fonctionne pas que dans un sens, j’ai aussi beaucoup appris de Xavier ! »
Ces skippers perpétuent aussi un certain état d’esprit qui leur est propre. Quand on apprivoise le large et ses turpitudes, on restera toujours marin avant d’être concurrent. D’ailleurs, plusieurs d’entre eux seront bientôt adversaires dans les mois ou les années à venir. « J’espère être ton concurrent pour la suite, confie Thomas Ruyant à Ambrogio Beccaria. Dans un éclat de rires, il poursuit : « je suis content que ce bateau soit entre de bonnes mains et ça fait peur même ». Sam Goodchild et Loïs Berrehar (Macif Santé Prévoyance) seront également opposés à l’avenir. Là aussi il y a l’idée d’un apprentissage, du bateau pour Sam, de l’IMOCA à foils pour Lois. Le jeune skipper a évoqué cette situation : « on sera concurrents dans pas longtemps mais ce qui compte surtout, c’est la chance d’avoir réalisé cette course ensemble ». S’entraider, s’aider à grandir, se soutenir, s’épauler et se dépasser ensemble : même au large, même lors au cœur de la compétition, la course au large reste toujours un concentré d’humanité.