Transat Café L'Or : Multis dans la place, place aux monocoques !
IMOCA : Les bons choix de Charal
Il venait pour gagner bien entendu, mais n’était pas l’ultra-favori de cette TRANSAT CAFÉ L’OR Le Havre Normandie. Lancé en 2020, Charal n’avait encore jamais remporté de grande course et le voilà au sommet. C’est l’aboutissement d’un travail lancé en 2020 sur un bateau atypique signé Sam Manuard, volant très haut sur ses foils et en appui sur ses immenses safrans. C’est aussi la consécration pour Jérémie Beyou qui fait honneur à son fidèle partenaire avec lequel la victoire promise leur avait cruellement échappé dans le Pot au noir de la Route du Café en 2019.
Peut-être que Jérémie Beyou parlera de tout ça en s’amarrant au ponton d’honneur tout à l’heure pour enflammer la nuit antillaise, tout comme il rendra hommage à son co-skipper qui empoche sa troisième victoire consécutive dans cette course à laquelle son nom est définitivement attaché.
« Cette dernière nuit est belle. Pour une fois, on est tous les deux sur le pont, on papote, on essaie d’en profiter ! » nous disait Jérémie pour sa dernière vacation. Il ne distinguait pas encore les lueurs de la Martinique sous les grains mais la mer aplanie depuis hier soir permettait au grand monocoque noir de voler entre 25 et 30 noeuds vers le Rocher du Diamant qu’il faudra laisser à bâbord avant de foncer sur la ligne : « On reste concentrés pour garder une belle cadence et faire un beau contournement du Diamant. Il faut éviter la boulette de dernière minute ». Interrogé sur le bon qualificatif pour illustrer sa trajectoire depuis Le Havre, Jérémie disait encore ceci avant de raccrocher : « Propre et nette ! Une belle course, intense du début à la fin, comme plein de petites étapes de la Solitaire du Figaro mises bout à bout. Au départ, on était conscients de nos faiblesses mais on avait aussi des forces. Je suis heureux des choix que j’ai fait, dans l’équipe, pour le bateau, sur les voiles, pour mon co-skipper, c’est ça qui compte ».
Une victoire sans bavure, c’est ça que l’on retiendra de cette 17ème Route du Café en IMOCA. C’est ça que nous disait aussi à la vacation d’hier Justine Mettraux, nommée Marin de l’année 2025 World Sailing pour son Vendée Globe exceptionnel, et qui rendait hommage à son partenaire d’entraînement, lui dont elle avait racheté l’ancien Charal en 2021. « Je ne suis pas surprise par leur succès car lors des derniers entraînements, on avait bien vu qu’ils étaient au dessus du lot. Ils ont fait beaucoup progresser leur bateau, et ça fait longtemps que Jérémie courrait après une grande victoire, c’est chouette ! »
Sur Team Snef - TeamWork, l’heure n’était pas non plus à trop s’épancher car juste derrière, les malouins de Bureau Vallée reviennent et menacent encore Justine Mettraux et Xavier Macaire de les sortir du « top five ». Attendus demain en fin de nuit, ces deux bateaux trouveront dans la marina de Fort de France quatre IMOCA déjà amarrés qui devraient être dans l’ordre Charal bien sûr, suivi d’11th Hour Racing, l’une des sensations de cette Route du Café on y reviendra, Macif Santé Prévoyance et Allagrande Mapei. Un inventaire qui dit à lui seul le niveau exceptionnel dans cette classe des grands monocoques de la TRANSAT CAFÉ L’OR.
Ocean Fifty : La vie en rose
C’est donc Viabilis Oceans qui remporte cette 17ème TRANSAT CAFÉ L’OR Le Havre Normandie. Plus lucide que ses adversaires de Wewise qui auraient pu le marquer pour une bataille d’empannages jusqu’en baie de Flamands, Baptiste Hulin et Thomas Rouxel peuvent savourer leur victoire, bel exemple pour les générations futures qu’en course au large, rien n’est jamais joué. Belle démonstration aussi avec ce podium d’Océans Fifty d’ancienne génération de la justesse du concept de cette classe dont la jauge très bloquée et le numerus clausus n’envoient pas aux oubliettes les anciens à chaque nouveauté. C’est ce que voulait retenir de la course Laurent Bourguès (Mon Bonnet Rose) hier à la vacation : « Chacun a eu son lot de galère et à la fin, ça finit dans un mouchoir. C’est magnifique et je suis heureux pour Baptiste et Thomas qui sont deux super marins hyper sympas ! » Celui qui terminera aujourd’hui sa première transat en double en multicoque à la septième place « regrette un peu le mauvais enchaînement aux Canaries qui nous a fait rater le train. C’était frustrant de se faire décrocher mais on a beaucoup discuté avec Arnaud et on s’est remotivé. Voir qu’entre le Cap Vert et la Martinique, on a su tenir le rythme, raccrocher un peu les filles d’UpWind by MerConcept et trouver le bon curseur entre la performance et la sécurité est une belle récompense. C’était une transat hyper riche ».
Class40 : Deux courses dans la course
Virage à gauche au Nord, virage à droite au Sud. Plus de 700 milles séparent en latéral les deux flottes de Class40 mais les routes convergent enfin et les paris peuvent commencer. Hier à la vacation, Fabien Delahaye (Legallais) était content de faire partie du groupe des Nordistes mais ne cachait pas son interrogation sur l’issue des débats : « Lorsqu’on est parti de la Corogne dans le Nord, c’était pour un gain théorique de 24 heures à l’arrivée. Là, c’est nettement moins clair, car la route pour passer sous l’anticyclone ne va pas être simple. Il va falloir être très précis dans les trajectoires » disait celui qui émarge deuxième au classement ce matin, revenu à 7 milles du leader. Confirmation auprès de SNSM, faites un don !, toujours en tête ce matin : « Nous avons 6 nœuds de vent et on vient de redémarrer après une nuit compliquée à contourner une petite cellule de hautes pressions où le vent était très faible et instable avec une grosse houle résiduelle qui ne rendait pas facile la marche du bateau » disait Axel Tréhin depuis le cockpit. Des heures un peu longues mais reposantes au moins pour les organismes fortement sollicités pendant quatre jours à planter des pieux. C’est presque fini de ce côté-là, même s’il y a encore un front à aller chercher, le dernier ce coup-ci : « C’est un peu le jour de la Marmotte chez nous ! On a rangé les combi sèches mais on les a pas complètement remisé ! Ce front devrait être moins dur et derrière, normalement, on pourra amorcer la grande descente » poursuivait Axel pour conclure : « Mais ce n’est pas comme dans les livres ! Il va falloir sortir le pied de biche pour passer à travers les hautes pressions et rejoindre l’alizé... »
Pendant ce temps-là les leaders du Sud, emmenés par Guillaume Pirouelle et Cédric Château sur Seafrigo Sogestran ont attrapé les alizés au niveau des Canaries qu’ils laissent dans leur sillage ce matin. Les moyennes n’ont rien à voir : Moins de 3 nœuds sur la route les quatre dernières heures pour les nordistes. Plus de 12 pour les Sudistes qui émargent à 360 milles en arrière. L’incendie de la nuit va s’éteindre aujourd’hui, mais le groupe du Sud a mangé son pain noir et va continuer à combler son retard dans les jours à venir. Jusqu’où ? « Certains fichiers nous donnent 48 heures d’avance quand on route les copains, d’autre 80 milles de retard. La vérité doit être quelque part au milieu » plaisantait Axel Tréhin ce matin. Certains comme Pietro Luciani sur Les Invincibles se refuse à lancer des routages. « Les dés sont jetés et il ne veut pas pour qu’on reste dans notre film, selon son co-équipier William Mathelin-Moreaux. Je vais peut-être en faire un petit en cachette quand même ! » disait celui qui pointe à la 17ème place ce matin, troisième du groupe du Sud.
La seule chose à peu près sure en cette veille de week-end, c’est que le dernier routage lancé par la Direction de course ne prévoit pas d’ arrivée de Class40 avant le 15 Novembre à Fort de France. Après un week-end festif en Martinique, il faudra garder des forces pour toute la semaine !


