La Rance, vous voulez dire l’estuaire ?
L’usine marémotrice qui produit du courant pour plus de 200000 habitants, s’est révélée un investissement plutôt rentable, mais à cause de l’envasement dont elle serait responsable, elle est décriée. Soyons justes : tous les estuaires encaissés issus de vallées glaciaires ont tendance à s’envaser. Il est vrai que celui de la Rance est plus préoccupant que les autres qu’on appelle abers dans le Finistère et au Royaume-Uni. La forte amplitude des marées qui contribuait à débarrasser l’estuaire de ses sédiments est contrecarrée par les turbines de l’usine. En effet, le marnage qui par grandes marées atteint 13 mètres dans la Baie de Saint-Malo ne dépasse pas 7 mètres en amont du barrage.
A cause de cela, et malgré les travaux de dragage, l’envasement de l’estuaire ne régresse pas. On dirait même qu’il progresse encore...
Quand même, grâce au barrage, la zone en amont est navigable par tous les temps ou presque. La hauteur des vagues est de moins d’un mètre, sauf coup de chien. De plus, les plages n’ont pas disparu et la température de l’eau y est toujours de deux degrés supérieure à celle de la mer. Enfin, si le biotope a été modifié en 60 ans, à cause du barrage sans doute, à cause du réchauffement climatique sans aucun doute, la faune est toujours prospère. On y pêche des araignées-moussettes en avril et mai ; des étrilles et des homards ; des seiches qu’on appelle margates ; des huitres plates et creuses à profusion ; des coquilles saint-jacques, des palourdes ; des bars, des dorades, des mulets, des rougets, des lieus; il y a aussi des méduses dont les dauphins nous débarrassent au printemps. Des dauphins qui s’y plaisent : au moins deux bébés sont nés en 2024...
Les pontons
Pour la navigation et tous les sports nautiques à part le surf, l’estuaire de la Rance est un spot d’exception. On trouve des pontons avec des places visiteurs pour les bateaux jusqu’à 15 mètres, tout du long de l’estuaire qui se termine à Dinan :
- au Minihic-sur-Rance, sur la rive gauche, deux milles au sud de l’écluse, un endroit qu’on appelle la Fosse-Mort. C’est un ponton privé géré par le chantier naval voisin ;
- à Plouer-sur-Rance, toujours sur la rive gauche, à 6 milles au sud du barrage, port « tout confort » très bien tenu. Il convient d’être vigilant sur les heures d’ouverture et quand le feu passe au vert, il est préférable d’attendre un bon quart d’heure pour passer car le courant propulse littéralement le bateau dans le port ;
- au Lyvet, plus au sud, après quelques méandres. On passe l’écluse de la Hisse derrière laquelle nous sommes en eau douce. Rive droite, c’est La Vicomté-sur-Rance dont le port est équipé de pontons. Rive gauche, c’est Saint-Samson-sur-Rance équipé seulement de mouillages. Si vous vous mettez à couple avec la péniche-restaurant « Coquilles Club» et que vous y déjeunez ou dinez, vous aurez : les fruits de mer, le paysage, sublimes... Sublimes aussi, Claire et Tom qui viennent de relancer la péniche.
- à Dinan. C’est un endroit qui mérite le voyage. C’est très bon pour le bateau qui aura navigué quelques milles en eau douce, même si pour la navigation la rivière ne commence qu’en amont du vieux pont, un des ouvrages les plus photographiés de Bretagne, avec en premier plan les bateaux vintage. Des deux côtés de la rive, restos et animation vous donnent envie de rester. D’autant que Dinan se visite à pied, en partant du Jerzual, la ruelle pavée qui relie le port à la ville médiévale. Dinan, parce que l’accès n’est pas facile pour les bateaux à fort tirant d’eau n’est pas parmi les plus fréquentés de la zone, mais c’est un des ports bretons où la durée moyenne du séjour visiteur est la plus longue.
Les mouillages
Pour ceux qui se satisfont d’un mouillage, les ports sont encore plus nombreux et bien abrités. Montmarin, sur la rive gauche juste après La Richardais, est un passage obligé : les jardins qui donnent sur la mer sont classés Monument historique ; un peu plus loin, toujours sur la rive gauche, se trouve la cale de Jouvente. Le restaurant dispose d’un ponton pas très sûr et difficile d’accès quand le courant dépasse 3 nœuds. Il est prudent de se renseigner avant d’y accoster. On peut prendre un mouillage un peu plus au sud. En face, la plage de la Passagère qui tire son nom de l’époque où on passait d’une rive à l’autre sur un doris aux avirons desquels souquait le passeur et que l’on appelait en sonnant une cloche. La cloche a été volée maintes fois... Il n’y a plus de passeur ni de cloche. Reste le petit clocher... Entre la plage de la Passagère et l’Ile Chevret où a vécu un ermite jusqu’aux années 80, se trouve l’Anse Saint-Hélier et son cimetière de bateaux. Là aussi, des mouillages bien abrités du vent et surtout des courants provoqués par les ouvertures des vannes de l’usine.
Un peu plus au sud, rive droite, Saint-Suliac propose ses mouillages et sa cale aussi parce qu’il faut aller visiter le village labellisé dans les Plus beaux Villages de France. De l’autre côté, Le Minihic-sur-Rance et Langrolay sont équipés aussi des mouillages appréciés comme base pour les sports nautiques parce que le courant est moins sensible qu’au milieu du fleuve. Et c’est là que se trouve le meilleur spot pour les huitres.
Enfin, derniers mouillages avant de passer en eau douce, Pleudihen et la cale de Mordreuc en face de Plouer. Deux phoques y ont longtemps séjourné et sont morts de vieillesse. Ils ont été heureux sans doute car quand on les a remis en mer ils sont revenus...
Ce qu’il faut savoir et qui n’est pas toujours bien expliqué
1.- Les marées dans l’estuaire sont des marées mécaniques : c’est l’usine marémotrice qui les génère. Le soleil et la lune n’ont qu’une influence limitée. Les horaires et les hauteurs sont publiés, une semaine à l’avance, pas plus, sur le site de la commune de Plouer-sur-Rance.
2.- Pour le passage de l’écluse, priorité aux voiliers sur les bateaux à moteur, c’est la règle. Cela dit, quand les bateaux de moins de sept mètres se dépêchent de passer dans le sens bassin-mer pour s’amarrer devant les portes, ils rendent service aux autres, car ils laissent de la place. Sauf exception -certains dimanches soir en pleine saison dans le sens mer Rance- tous les bateaux pourront passer. Il faut s’amarrer le long des aussières et surtout pas à l’échelle. Amarrer court derrière surtout par vent arrière et laisser un peu de mou devant. Pas question de refuser qu’un bateau vienne se mettre à couple... Bien écouter les directives des éclusiers qui savent gérer la cohue. Dans l’écluse, il y a souvent du stress, des engueulades aussi, mais surtout beaucoup de convivialité et l’entraide est de rigueur.
3.- L’EDF a pris les sondes de l’estuaire et en publie la carte sur son site. Pour les bateaux de deux mètres de tirant d’eau, l’accès à Dinan est possible, mais par marée haute. Tous les bateaux doivent respecter le balisage et ne pas trop s’approcher des frôler des balises.
4.- L’écluse de la Hisse ne fonctionne pas en décembre et janvier. Le port de Dinan est donc inaccessible. En novembre, févier et mars, l’accès est restreint et il faut réserver en prévenant de son intention de passer 24 heures à l’avance (Tél.-0296395566). Les autres mois, pas de problème et les horaires sont sur le site de la mairie de Plouer-sur-Rance.
Et avant de vous y rendre, pensez à consulter les prévisions météo sur METEO CONSULT et à télécharger l'application mobile gratuite Bloc Marine.




