Tout savoir sur le Sanctuaire Pelagos, refuge majeur des cétacés en Méditerranée

Culture nautique
Par Le Figaro Nautisme

De la côte provençale aux rivages sardes, un territoire maritime hors norme rassemble depuis 1999 la France, l’Italie et Monaco autour d’une même ambition : protéger durablement les mammifères marins. Le Sanctuaire Pelagos, vaste de 87 500 km², est aujourd’hui l’un des piliers les plus innovants de la conservation en Méditerranée. Un espace transfrontalier, complexe et fragile, où se côtoient rorquals, cachalots, dauphins… et des millions d’usagers humains.

De la côte provençale aux rivages sardes, un territoire maritime hors norme rassemble depuis 1999 la France, l’Italie et Monaco autour d’une même ambition : protéger durablement les mammifères marins. Le Sanctuaire Pelagos, vaste de 87 500 km², est aujourd’hui l’un des piliers les plus innovants de la conservation en Méditerranée. Un espace transfrontalier, complexe et fragile, où se côtoient rorquals, cachalots, dauphins… et des millions d’usagers humains.
© AdobeStock

Un accord fondateur qui a changé la donne en Méditerranée

Lorsqu’il est signé à Rome le 25 novembre 1999, l’Accord Pelagos marque un tournant dans l’histoire de la conservation marine. Rares sont les initiatives capables de réunir durablement trois États autour d’un même espace maritime. Entré en vigueur en 2002, l’accord vise précisément à harmoniser les politiques françaises, italiennes et monégasques pour protéger les mammifères marins des perturbations anthropiques : pollution, bruit sous-marin, captures accidentelles, dérangement, trafic maritime et autres pressions croissantes.
En 2001, le sanctuaire rejoint la liste des ASPIM, ce qui renforce son statut international. Contrairement à une réserve strictement réglementée, Pelagos est un territoire coopératif, reposant sur un maillage de législations nationales, de parcs marins, de sites Natura 2000 et d’aires spécialement protégées déjà en place dans les trois pays.

Pourquoi cette zone est-elle si exceptionnelle ? Une richesse biologique rarement égalée

Les cétacés y sont présents depuis des siècles, bien avant l’avènement du tourisme côtier ou du transport maritime moderne. Le prince Albert Ier de Monaco en témoignait déjà à la fin du XIXe siècle : depuis son palais comme depuis ses navires océanographiques, il observait un foisonnement de dauphins et de baleines, preuve de l’extraordinaire vitalité de ces eaux.
Les études menées ces dernières années révèlent pourquoi : la zone Pelagos est l’un des espaces les plus productifs de Méditerranée, un écosystème pélagique où circulation marine, remontées d’eau froide et abondance de plancton nourrissent une biodiversité d’une rare densité. Cette importance écologique a été reconnue par :
o la Convention des Nations unies sur la biodiversité, qui a identifié deux ZIEB (zone d'importance écologique et biologique) couvrant entièrement Pelagos,
o l’UICN (association pour la protection de la biodiversité), qui y a désigné deux IMMA (zones importantes pour les mammifères marins) majeures, notamment dans la mer Ligurienne et autour du canyon de Gênes.
Ce territoire n’est pourtant pas un refuge isolé : il se trouve au cœur d’une mer densément fréquentée. Trafic commercial, croisières, plaisance, activités de loisirs... Dans certains secteurs, les interactions avec l’humain se comptent par centaines chaque jour.

© Parc national de Port-Cros

Une gouvernance transfrontalière pour un espace sous pression

Dans un environnement aussi contrasté, la protection ne peut reposer sur un seul pays. Pelagos fonctionne comme une plateforme de coordination, permettant de mettre autour de la table gouvernements, institutions scientifiques, ONG, opérateurs maritimes, représentants du secteur privé, collectivités et citoyens.
Le rôle du secrétariat permanent est central : animer la coopération, concilier les intérêts divergents, stimuler l’engagement des usagers de la mer et garantir que les décisions soient cohérentes entre les trois rives du sanctuaire. C’est ce pilotage collectif qui donne à Pelagos une place à part dans les politiques marines européennes.

Un territoire immense et contrasté, des côtes du Lion aux crêtes sardes

Le Sanctuaire Pelagos couvre 87 500 km2, plateaux continentaux, canyons sous-marins et zones pélagiques inclus. Il relie :
o une partie du golfe du Lion,
o toute la mer Ligurienne,
o le nord de la mer Tyrrhénienne,
o la mer de Sardaigne jusqu’aux abords du détroit de Bonifacio.
Il englobe la Corse, le nord de la Sardaigne, et des dizaines d’îles mineures, avec 241 communes côtières concernées. Une mosaïque géographique et humaine où l’activité maritime varie énormément selon les saisons, particulièrement dans les secteurs touristiques provençaux, ligures et sardes.

Des espèces fascinantes, héritage de 65 millions d’années d’évolution

La Méditerranée est un véritable laboratoire d’évolution : les ancêtres des baleines et dauphins, issus des Mesonychidae de l’Éocène, y évoluent depuis des millions d’années. Aujourd’hui, on distingue deux grands groupes :
Les mysticètes
Les baleines à fanons, dont le rorqual commun, géant de 24 mètres, qui fréquente chaque année les eaux du sanctuaire pour se nourrir de krill.
Les odontocètes
Cétacés à dents, parmi lesquels :
o les dauphins bleu et blanc,
o les dauphins de Risso,
o les grands dauphins,
o les globicéphales noirs,
o les cachalots,
o la discrète baleine à bec de Cuvier.
Présents en permanence ou de passage saisonnier, ces animaux sont révélateurs de la santé de l’écosystème.

Observer sans perturber : un code de conduite indispensable

Le succès du sanctuaire dépend en grande partie du respect des règles d’approche. Pelagos rappelle des principes simples, mais essentiels :
o rester à plus de 5 milles des côtes avant de commencer une observation,
o maintenir une trajectoire parallèle aux animaux,
o limiter sa vitesse à 5 nœuds,
o éviter tout changement brusque de direction,
o ne jamais dépasser 30 minutes d’observation,
o ne tolérer qu’un seul bateau dans la zone,
o interrompre la séance si les animaux montrent des signes d’agitation,
o redoubler d’attention en présence de jeunes,
o ne jamais toucher, nourrir ou tenter de nager avec les cétacés.
Ces règles permettent de réduire le stress, prévenir les collisions et limiter la modification des comportements naturels.

© Sanctuaire Pelagos

Pelagos, un modèle méditerranéen appelé à se renforcer

Le Sanctuaire Pelagos se trouve aujourd’hui à un tournant. Alors que le changement climatique perturbe les cycles alimentaires, que le trafic maritime augmente et que la pollution sonore progresse, sa mission devient plus stratégique que jamais. Le travail de recherche, de coordination et de médiation mené depuis plus de 20 ans démontre toutefois qu’une gouvernance internationale peut réellement infléchir les tendances.
Pelagos n’est pas seulement une zone protégée : c’est un laboratoire méditerranéen où science, politique et acteurs de terrain testent de nouvelles façons de vivre avec les géants de la mer.

Espace fragile mais vital, le Sanctuaire Pelagos incarne l’idée qu’une mer très fréquentée peut encore abriter une biodiversité exceptionnelle si les nations choisissent la coopération. Cet immense corridor pélagique est devenu un symbole en Méditerranée : celui d’une volonté commune de préserver les rorquals, cachalots et dauphins qui y trouvent encore refuge. Un modèle exigeant, en constante évolution, mais essentiel pour protéger les derniers grands nomades de la mer.

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Irwin Sonigo
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Capitaine 200 et ancien embarqué dans la Marine nationale, Irwin Sonigo a exploré toutes les facettes de la navigation. Des premiers bords sur un cotre aurique de 1932 à la grande plaisance sur la Côte d’Azur, en passant par les catamarans de Polynésie, les voiliers des Antilles ou plusieurs transatlantiques, il a tout expérimenté. Il participe à la construction d’Open 60 en Nouvelle-Zélande et embarque comme boat pilote lors de la 32e America’s Cup. Aujourd’hui, il met cette riche expérience au service de Figaro Nautisme, où il signe des essais et reportages ancrés dans le réel.