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L'industrie française exporte 72 % de son chiffre d'affaires. Une structure internationale qui lui a permis d'affronter, voire de tirer partie, de la crise économique. Mais le marché intérieur est toujours convalescent.
A la veille du salon nautique de Paris (du 7 au 15 décembre, porte de Versailles), les organisateurs affichent des chiffres en baisse par rapport à l’édition 2012. Il y a 35 exposants en moins. « Dans le détail, il y a une baisse de 5% des exposants et 10% de la surface côté moteur, explique le commissaire général du salon, Alain Pichavant. La situation est difficile pour les pneumatiques. La baisse est moins importante pour la voile avec 2% d’exposants et 8% de surface en moins. » Cette baisse s’explique aussi par les changements structurels opérés par le secteur depuis 2008 : avec la crise, les chantiers n’ont pas eu d’autre choix que de miser sur l’international. Aujourd’hui, le nautisme français exporte 72% de son chiffre d’affaires. Un record après une année 2012/2013 à 68% et l'année précédente à 67%. « C'est l’un des taux les plus élevés de l’industrie manufacturière en France », observe Yves Lyon-Caen, président du conseil de surveillance de Bénéteau. Le nautisme français a trouvé un nouvel équilibre mais les chantiers ont dû pour cela développer leur présence sur un grand nombre de salons étrangers. « Le grand export, soit tout ce qui n’est pas en Europe, représente 42% de la production française, contre 36% l’an dernier », explique le responsable de Bénéteau. En Europe, la situation est hétérogène avec une baisse globale de 12%. Il y a de la croissance sur la zone d’influence germanique et de bons signes du côté de l’Espagne, un pays qui était tombé très bas pendant la crise. Le marché français est encore très incertain après un recul de 16% à 210,1 millions d'euros. Le salon parisien sera donc un bon test.
Le souffle de l’innovation
« L’industrie française s’est singularisée pendant la période 2008 à 2013 en continuant à investir de manière forte, observe Yves Lyon-Caen. Notamment en matière de produits. » Cet investissement représente 40% voire 50% de l’investissement industriel. « Et ce sont des efforts qui se font en grande majorité sur le territoire national, au niveau des cabinets d’études, de la construction des prototypes… » La masse salariale du nautisme français a donc fait de la résistance en 2012/2013 avec une baisse de 0,5% des effectifs de la construction. Cet effort continu sur l’innovation a notamment permis à la France d’avancer ses pions aux Etats-Unis, un pays qui a quasiment stoppé le lancement de nouveaux bateaux entre 2008-2013. « Nous savons bien que dès la prairie reverdira (les indicateurs du marché américain sont repartis à la hausse en 2012/2013), les constructeurs américains proposeront des nouveautés. Mais nous aurons une longueur d’avance, nous sommes mieux armés », explique le président du conseil de surveillance de Bénéteau.
La concurrence observée à la loupe
La France est leader mondial dans les voiliers monocoques et multicoques habitables. Le premier secteur est plutôt homogène avec des chanitiers américains, italiens et scandinaves en difficulté. Les Les principaux concurrents sont donc essentiellement allemands. Quand on passe à plusieurs coques, le marché est plus hétérogène avec des chantiers puissants en Pologne, notamment, et de nombreux petits acteurs.
Quant au motonautisme, aux ventes quatre fois supérieures aux voiliers, la présence française dans le monde se renforce avec +22% au grand export. « Pour les modèles jusque 15 mètres, il y a beaucoup d‘acteurs puissants dans le monde, observe Yves Lyon-Caen. Je pense aux Américains, aux Allemands, aux Italiens. De 15 à 24 mètres, l’industrie s’est concentrée. » Les chantiers britanniques et italiens y sont restés très performants.