Antifouling : une nouvelle réglementation pour 2018

Equipements

Un antifouling est un revêtement qui doit à la fois préserver l'environnement et empêcher les algues et les coquillages d’adhérer à la carène du bateau et ce, sans nuire aux performances de glisse. Ne pas nuire aux performances des embarcations, c’est techniquement réalisable, ne pas détruire la faune et la flore c’est plus difficile... Une nouvelle réglementation est entrée en vigueur cette année, nous allons voir ce qu’elle impose.

Un voilier au sec à l'aire de carénage de la marina de Jersey ©Albert Brel
Un antifouling est un revêtement qui doit à la fois préserver l'environnement et empêcher les algues et les coquillages d’adhérer à la carène du bateau et ce, sans nuire aux performances de glisse. Ne pas nuire aux performances des embarcations, c’est techniquement réalisable, ne pas détruire la faune et la flore c’est plus difficile... Une nouvelle réglementation est entrée en vigueur cette année, nous allons voir ce qu’elle impose.

Il faut être conscient qu’un produit non nocif à 100% ne peut pas détruire la totalité des 25 000 espèces (environ) qui colonisent les carènes de bateaux. Si l'on remonte quelques dizaines d’années en arrière, les fabricants de peintures pouvaient utiliser des produits nocifs (biocides) pratiquement sans contrôle, par exemple le TBT. A cette époque, les antifoulings étaient relativement efficaces sur nos carènes, sans doute moins pour la faune et la flore marines. Aujourd'hui, l’Europe impose des normes précises sur les biocides pour minimiser l’impact sur l’environnement marin. A titre indicatif, en 2006 une liste de 33 molécules biocides était autorisée et à partir de 2018, il n'y en a plus que dix. La réglementation va encore plus loin. Désormais, deux familles d’antifouling seront mises sur le marché avec des niveaux de toxicité différents pour les applicateurs professionnels et les particuliers. Une période transitoire de 6 mois est en vigueur jusqu'à fin juin 2018 pour écouler les stocks fabriqués selon l'ancienne réglementation.

Nautisme Article
A prévoir : dès le mois de mars, les aires de carénage sont encombrées© Albert Brel

Quelques rappels sur l’antifouling

Nautisme Article
Après une année à l'eau, un simple nettoyage réactive l'antifouling au cuivre.© Albert Brel

Deux éléments principaux entrent dans sa composition : les biocides et un liant. Les biocides sont les éléments actifs et ont pour rôle d'éviter les salissures tout en respectant au mieux l'environnement. Si la composition reste sensiblement la même chez tous les fabricants, il en existe plusieurs familles qui vont de la matrice dure à l’érodable. La matrice dure donne après application et séchage un film de peinture dur et poreux. Les biocides sont contenus dans le film et se libèrent au contact de l'eau pour empêcher les salissures. Cette libération contrôlée se fait tout au long de la saison jusqu'à ce que la majeure partie des biocides disparaisse, ne laissant sur la carène qu'un film dur. La matrice érodable ou autopolissante est un film qui devient partiellement soluble dès sa mise à l'eau. L'épaisseur de peinture diminue progressivement, renouvelant en permanence la matière active (biocides). Entre ces deux extrêmes, on trouve des nuances comme les semi-érodables, compromis entre les dures et les érodables ou encore les saisonniers qui ont une efficacité sur un temps donné.

Nautisme Article
L'antifouling peut être appliqué au rouleau ou au pinceau.© Albert Brel

Que choisir ?

Nautisme Article
Application de l'antifouling au pistolet.© Albert Brel

La matrice dure est recommandée sur les bateaux rapides, les bateaux moteur et pour tous ceux qui sont mouillés dans les ports à échouage ou à fort courant. L’inconvénient de ce produit est l’accumulation des couches. L’érodable offre une meilleure glisse et a l’avantage de présenter en fin de saison une faible épaisseur de peinture ce qui limite les travaux d'entretien. Il est recommandé sur les bateaux de régate et ceux qui naviguent dans des eaux peu chargées en particules abrasives comme en Méditerranée. Les fabricants le conseillent pour des bateaux dont la vitesse est inférieure à 25 nœuds. Les semi-érodables sont conseillés dans les zones où la salissure est faible. Restent les antifoulings saisonniers. Ils sont développés pour les bateaux qui ne restent à l’eau que pendant la saison estivale. En principe, tous les antifoulings sont miscibles entre eux à l’exception de ceux à base de Téflon. Pour les bateaux en alliage, il existe des antifoulings spéciaux. Que choisir parmi la multitude de produits proposés par les accastilleurs ? Hormis la nature de la matrice, le choix peut s’avérer difficile. Chaque marque avance des formulations commerciales telles que produits multi-saisons pour zones à très fortes salissures, à matrice hydro-active pour une protection exceptionnelle, etc. Un bon conseil : allez sur une aire de carénage, observez les salissures sur les coques et demandez au propriétaire ce qu’il utilise. D’une zone à l’autre, d’un port à un autre port, l’efficacité d’un antifouling peut être très différente. Quant aux produits à base de cuivre (particules de cuivre pur mélangées à une résine polyester hybride), ils sont plus onéreux mais l’antifouling n’est pas à refaire chaque année. En principe, il est garanti entre trois et cinq ans. Mais attention, la carène doit être parfaitement propre et il faut appliquer en premier un primaire époxy bi-composant. Ensuite, le produit est appliqué en une seule couche au rouleau ou au pistolet. Après séchage (comptez 12 heures), la carène doit être poncée pour activer l’antifouling.

Nautisme Article
Une sous-couche est nécessaire avant l'application d'un antifouling au cuivre.© Albert Brel

Application et réglementation

La réglementation nationale et européenne proscrit le carénage à l’échouage en dehors de toute installation prévue à cet effet. Une fois le carénage effectué, l’antifouling se passe au rouleau ou au pinceau. Le temps de séchage est rapide et le temps entre deux couches peut être court. C’est un point à vérifier avant d’acheter le produit lorsque l’on effectue l’application entre deux marées. Lorsque le bateau est sur une aire de carénage à sec, il faut également tenir compte du temps qu’il peut y rester avant la mise à l’eau sans nuire à l’efficacité de l’antifouling. 

Nautisme Article
En plus de l'antifouling, il faut penser à changer les anodes.© Albert Brel

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
Max Billac
Max Billac
Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
Denis Chabassière
Denis Chabassière
Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
Michel Ulrich
Michel Ulrich
Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
METEO CONSULT
METEO CONSULT
METEO CONSULT
METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…