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Les différents gouvernements et leurs institutions officielles ont beau insister sur la nécessité de maintenir l’économie mondiale à flot, le réveil post-confinement risque d’être difficile. Particulièrement pour l’industrie nautique. En Europe primo, avec les principaux acteurs qui sont en arrêt total de production (ou mieux au ralenti), depuis plusieurs semaines. C’est le cas de l’Italie bien sûr mais également de la France et plus récemment de la Grande-Bretagne. Outre-Manche, plusieurs chantiers de renom, comme Princess ou Sunseeker se mobilisent pour fabriquer en nombre et livrer gracieusement des masques de protection à l’attention du personnel soignant. Noble cause. En Allemagne, Autriche et Pays-Bas, la situation est un peu différente puisque l’ensemble des sites de production de bateaux tourne encore, suite à quelques aménagements face au virus. Ainsi, le Groupe Hanse (Hanse, Moody, Fjord, Sealine, etc.) a mis en place des règles d’hygiène strictes, pour poursuivre son activité et livrer à temps ses bateaux pour le printemps. En revanche, en Pologne, un pays très impliqué dans la construction de petits bateaux à moteur et voiliers, la situation change. Le Groupe Bénéteau qui possède des sites de production a annoncé, le 30 mars dernier, la suspension prochaine de ses activités sur place. Cette mesure s’appliquera également à la Slovénie et à ses usines américaines, encore au ralenti il y a quelques semaines. Aux Etats-Unis, les règles de confinement varient d’un état à l’autre mais plusieurs constructeurs de renom ont d’ores et déjà stoppé toutes activités : en Floride, dans l’Illinois ou en Caroline du sud par exemple.
Dans notre tour d’horizon de la planète de l’industrie nautique, nous avons pu également joindre la marque turque Numarine qui fabrique des motor-yachts. Ces unités de luxe sont notamment commercialisées en France et en Italie. Les autorités turques qui rechignent à décréter un confinement autorisent le chantier à tourner à plein régime. Les nouveaux modèles seront bientôt mis à l’eau et exposés en septembre sur les salons nautiques comme Cannes. En Asie, après un long confinement de quatre à six semaines, suivant les pays, les chantiers annoncent reprendre leur activité prochainement. Implanté en Malaise, le vaste site de production des Grand Banks et Palm Beach repartira plein gaz le 14 avril.
A l’image d’autres pays et professionnels du nautisme, le personnel va travailler d’arrache-pied pour rattraper ses retards de production et mettre à l’eau les unités commandées pour cet été… et les salons nautiques d’automne. Si aucune annulation ne pèse encore, à l’heure actuelle, sur ces évènements majeurs, ceux-ci risquent d’être néanmoins perturbés par une saison estivale en demi-teinte, un climat morose et une offre à court terme moins riche en nouveautés.
Gardons espoir. Si tout va mieux, on peut aussi imaginer que les plaisanciers vont s’orienter vers des formules de location ou tout simplement rénover ou mieux équiper leurs bateaux. Comme après la crise de 2008. C’est l’immense défi qui se présentera à l’industrie nautique mondiale : réagir, produire vite et innover. Tout en redonnant aux plaisanciers l’envie de naviguer après cette période tumultueuse.