
Est-ce que le fonctionnement de 2021 pour les déplacements entre les deux sites du salon, qui avait été bien amélioré par rapport à 2019, est reconduit ou y-a-t-il des évolutions ?
Le transfert maritime entre les deux ports, c’est la clé de ce salon. Nous avons la chance que les deux sites ne soient pas trop éloignés, mais la fluidité est indispensable. Nous avons donc beaucoup travaillé dès le début avec les patrons des vedettes passagers sur la cadence, le rythme, des départs garantis. Cette année nous avons élargi les embarcadères, avec des pontons centraux, qui peuvent accueillir deux navettes côte à côte. L’une peut ainsi partir quand une autre est déjà arrivée ce qui facilite la tenue du rythme. Par la terre, cela reste plus compliqué, à moins d’en faire une balade à pied quand on a le temps (25 minutes).
Quelle influence peut avoir le contexte international, notamment la guerre en Ukraine, sur le visitorat international, qui a toujours été une des forces du Cannes Yachting Festival ?
C’est toujours difficile de prédire le visitorat dans un salon grand public qui s’adresse au monde entier. Malgré les importantes campagnes publicitaires internationales dans lesquelles nous investissons, c’est aussi notre métier, nous ne saurons jamais à l’avance combien vont venir. En 2021, la crise Covid était encore très prégnante, nous avons eu le même nombre de visiteurs étrangers qu’en 2019, même si ce n’était pas exactement les mêmes, moins Américains, du Nord comme du Sud, et plus Européens. Mais surtout, ceux qui ont la volonté et le pouvoir d’achat, et qui sont la cible de nos exposants, viennent, donc je ne suis pas inquiète. Tant que nous produisons un salon avec un contenu attirant et pertinent, les acheteurs viendront. Concernant le Covid, nous respecterons bien sûr toutes les mesures gouvernementales en vigueur au jour de l’ouverture. Nous sommes prêts à nous adapter comme nous l’avons toujours fait, et je suis assez optimiste quant à la situation épidémique. Concernant le conflit en Ukraine, notre groupe RX condamne l’intervention russe et nous avons refusé tout exposant russe, il n’y en aura donc pas cette année.
© Photo Cannes Yachting Festival - DRRevenons sur des sujets plus légers, nous sommes curieux de connaître votre meilleur et votre pire souvenir en tant qu’organisatrice du salon de Cannes ?

C’est une question difficile, mais le meilleur, depuis neuf ans que je m’occupe de ce salon, c’est l’ouverture de l’espace voile de Port Canto. Cela a été un grand pas en avant, une grande évolution, de longues années de travail car très compliqué sur le plan à la fois politique, commercial, et technique. Alors le meilleur moment que j’ai vécu, c’est le deuxième jour du salon 2019, car le premier le temps était épouvantable, à 09h00 du matin, j’étais à l’entrée du côté de l’espace voile, et là, j’ai vécu l’une des plus belles heures de salon de ma vie. J’ai vu les visiteurs arriver, s’agglutiner, senti leur impatience à vouloir rentrer dans ce nouvel espace, et leur nombre augmenter jusqu’à 11h et là je me suis dit « Bingo, on a gagné ! ». Un autre, qui se répète lui tous les ans, le dimanche à 18h quand j’annonce au micro la fermeture du salon, la pression se relâche c’est sûr. Mais ce qui concrétise ce bon moment, c’est quand tous les bateaux se mettent à sonner. Parce que cela signifie que tout s’est bien passé, que tout le monde est content, et que l’on fête une belle fin. C’est un moment symboliquement et émotionnellement fort, et dans mes équipes autour, j’en vois qui versent une petite larme, car c’est émouvant pour tout le monde. Quant au pire, la première chose que je dois dire, c’est que, Dieu soit loué, nous n’avons jamais eu d’accident grave. Avec la densité de bateaux qu’il y a dans le port c’est dangereux, et nous travaillons énormément sur la sécurité. Cela étant dit, mon pire souvenir m’a fait passer une nuit blanche il y a quatre ans. Une des pièces maitresse de la structure en acier de la traversante a cassé sous l’eau. Elle n’était plus manœuvrable, on a donc bloqué les sorties en mer pour que le flux de visiteurs puisse continuer, ce qui était un handicap lourd pour le salon. Le gros challenge relevé pas mes équipes et nos prestataires a été de trouver un soudeur sous-marin dans la région et disponible ! Le lendemain, en quatre heures de travail sous l’eau il a réalisé la réparation. Un véritable exploit et un vrai suspens, car toute la circulation du salon en dépendait. Chapeau bas donc à toutes mes équipes et à ce monsieur car cette histoire finit bien mais quel stress, quelle panique, pour un petit bout d’acier défectueux.
Iles de Lérins© Photo DRUn ou deux endroits que vous pourriez nous suggérer autour de Cannes dont on pourrait profiter en même temps que le salon ?

Le salon est tellement énorme pour moi que je n’ai jamais le temps de faire du tourisme quand je viens à Cannes j’avoue (rires). La seule chose que j’ai faite, et c’est magique, ce sont les îles de Lérins, juste en face. On peut y aller avec les bateaux à passagers. On peut visiter les vignes, goûter les vins locaux. Avec quelques petits toasts en fin d’après-midi, je recommande vraiment. Je n’avais jamais le temps mais un jour un prestataire m’y a emmenée et j’en garde un souvenir ému. Qui plus est lors de ce court séjour de deux jours, j’ai pris des cours de relaxation japonaise, le Tai Chi. Et le matin tôt, vers 6-7 heures, quand on a presque que pour soi la plage, la baie de Cannes et l’eau, c’est génial.