
Le 6 septembre, nous serons tous sur les quais de Cannes, on vous imagine plus sereine que ces deux dernières années ?
Oui, c’est sûr puisque le sujet du Covid semble s’éloigner. De plus le marché est extrêmement demandeur donc c’est un très bon contexte pour nous. Mais ce salon étant de plus en plus gros et de plus en plus beau, donc dire que je suis sereine serait un petit peu exagéré, cela ne fait pas partie du job (sourire). Non pas que je sois inquiète, mais en un mois, il reste beaucoup de choses à faire.
D’un point de vue organisation, quelles sont les nouveautés de cette édition ?
La stratégie de 2022, c’est la continuation de tout ce que nous avons entrepris ces dernières années. Nous avons eu pas mal d’embuches avec notamment l’annulation en 2020, la délicate repise en 2021, même si elle a finalement été exceptionnelle. Il s’agit maintenant de revenir au niveau des périodes pré-covid. On consolide le côté environnemental, car cela fait des années qu’on y travaille, mais il y a encore beaucoup à faire et c’est fondamental. Ce n’est pas quelque chose qui se traite en cinq minutes, donc chaque année, on construit brique après brique, en partenariat avec nos partenaires et nos exposants. Ensuite il y a un travail constant sur le contenu du salon, sa force ce sont toutes ces nouveautés, tous ces bateaux neufs que l’on rassemble. C’est notre cœur de métier et nous avons la chance d’avoir des exposants qui nous sont fidèles et qui reviennent. Dans les évolutions les plus visibles, il y a la marina catamarans Quai Max Laubeuf, avec cette année 20 grands catas moteur, un espace spécifique pour un segment en plein développement. Le terre-plein en arrière de ce même quai Max Laubeuf est également agrandi. On a trouvé de beaux petits bateaux, notamment de véritables bijoux italiens. C’est techniquement compliqué et novateur mais ça va faire plus de bateaux présentés à terre pour nos visiteurs, pour lesquels on a également une demande, en plus du core-business du Yachting Festival qui est plutôt au-dessus de 10 mètres. On consolide aussi l’espace semi-rigides avec plus de 60 unités présentées à flot en plus de ceux à terre. C’est un vrai village dédié là-aussi qui ravira les amateurs. Au global, avec 140 avant-premières annoncées, notre salon réaffirme sa position de leader pour lancer la saison nautique. Même si compte tenu des problèmes d’approvisionnement actuels, en plus de l’aléas météo, il y aura, comme toujours, un léger décalage entre ce qui est prévu et ce qui est effectivement présenté. Mais nous sommes confiants dans le fait que la plupart des nouveautés annoncées seront bien présentes sur le plan d’eau.
Le vieux port de Cannes© Photo Cannes Yachting Festival - DRQuelles sont justement les grandes nouveautés attendues, sur l’eau cette fois, du Cannes Yachting Festival 2022 ?

Je ne peux bien sûr pas vous lister les 140 nouveautés qui seront présentées. En revanche je ne peux qu’inviter vos lecteurs à visiter les bateaux conçus autour du thème de l’environnement. Les exposants, quelle que soit leur taille, qui fournissent des efforts dans ce domaine, il faut les citer et les encourager. J’ai par exemple relevé le Sunreef 80, dont même les coques sont recouvertes de panneaux solaires. Avec 200m² au total, il fait de la propulsion hybride à partir d’énergie solaire. Je pense également au Sea Bubble, un foiler à propulsion hybride qui arrive cette année avec une version hydrogène. C’est une énergie encore balbutiante, que l’on voit un petit peu plus sur les cargos, mais c’est important de la voir arriver dans la plaisance. En propulsion électrique, il y a aussi le Silent 60 qui a traversé l’Atlantique uniquement grâce à l’énergie solaire. Ce sont des bateaux qui sont révélateurs du grand changement que nous allons vivre. Nous suggérons d’ailleurs à nos visiteurs d’aller les voir en suivant la « Green Route », un parcours dédié aux exposants proposant des produits verts que nous aurons validés. Nous nous devons en tant qu’organisateur de mettre en valeur toutes ces innovations.
Concernant l’impact écologique du salon, quels exemples concrets peuvent illustrer votre démarche ?
Il y en plusieurs car c’est une vraie priorité pour nous, sur laquelle on travaille beaucoup car on doit tous progresser, pour changer nos habitudes, acquérir les bons réflexes. En tant qu’organisateur il nous faut montrer l’exemple. Le premier axe que nous avons travaillé c’est la réduction du papier. Tous les titres d’entrée, professionnels comme visiteurs, sont désormais numériques. En dehors du catalogue, incluant le plan, c’est le minimum, il n’y a plus de papier. Nous développons ensuite les matériaux recyclables, avec de plus en plus de mobilier en carton, très élégant d’ailleurs. Mais bien sûr, le sujet le plus important, ce sont les moquettes. Elles sont recyclables, c’est du travail, des coûts supplémentaires, à faire en collaboration avec nos exposants et nos prestataires, sinon cela ne fonctionne pas. C’est un message que je fais passer à nos clients d’ailleurs, car pour être recyclée la moquette ne doit pas être « polluée » par d’autres éléments. Le dimanche à 18h, il faut donc dégager chaque stand pour qu’on puisse recycler sa moquette, mais pas sur celle des allées, afin que l’on puisse également recycler cette dernière. Les jeunes de mon équipe, très sensibles à ces sujets mettent de moins en moins de surface de moquette. Mais il nous en faut encore, pour avoir un beau salon, dans un environnement portuaire parfois difficile, en tous cas pas aussi accueillant qu’un béton ciré dans un hall d’exposition. Le traitement des eaux usées dans deux ports certifiés « Port propre » est également un sujet important, sur lequel nous sommes de plus en plus stricts. Autre point, sur un salon, tous les efforts faits sur le transport et le suremballage ont un impact énorme. Enfin, sur la restauration sur place, nous avons de plus en plus de partenaires locaux, qui s’engagent à s’approvisionner avec des produits régionaux, de saison, et qui réduisent leur diffusion de plastiques. Et cette année, nous avons même demandé à tous un plat végétarien. Alors ce n’est pas encore suffisant, mais en tant qu’organisateur nous devons être initiateurs, montrer l’exemple, avec des budgets et l’organisation pour progresser. Et je suis fier à la fois du groupe RX qui a des consignes très strictes sur le sujet, et de mon équipe jeune et écolo qui par exemple, viendra spontanément à 80% en train au salon.
Retrouvez la deuxième partie de cet entretien par ici !