Le nautisme en quête de main d'œuvre

Economie
Par Figaronautisme.com avec  MAIF

La plaisance connait un fort développement mais la construction de bateaux fait face à la pénurie de main d’œuvre pour certains postes d’usine. La filière s’organise pour faire connaitre la variété de ses métiers et proposer des formations.

©Illustration Adobe Stock
La plaisance connait un fort développement mais la construction de bateaux fait face à la pénurie de main d’œuvre pour certains postes d’usine. La filière s’organise pour faire connaitre la variété de ses métiers et proposer des formations.

En décembre, la Fédération des Industries Nautiques a lancé sa campagne « L’équipe nautique recrute » pour répondre aux importants besoins de main d’œuvre du secteur. « Après la crise sanitaire, nous avons connu un fort regain d’activité, explique Céline Virot responsable emploi et formation de la FIN. 1000 postes étaient à pourvoir chaque année, ils sont 1500 aujourd’hui et on n’arrive pas à les combler ». Le secteur industriel est le principal pourvoyeur d’emplois de la filière. « Les carnets de commandes sont pleins chez la totalité des constructeurs rochelais », confirme Sébastien Rafaneau, le directeur de l’agence Pôle emploi locale. La grande majorité des postes recherchés sont ceux d’opérateurs en matériaux composites (ou stratifieurs) pour construire les coques de bateaux. « Un métier qui souffre d’une mauvaise image, mais il a beaucoup évolué », assure le directeur. Le secteur est aussi en quête de menuisiers d’agencement, d’accastilleurs (pour monter les éléments à bord), de mécaniciens moteur, de techniciens de maintenance. Face à la pénurie, Pôle emploi a créé une agence mobile. Un camion estampillé « Le nautisme forme et recrute près de chez vous » circule dans les quartiers et les villages. « Chacun peut trouver son compte. Nous présentons des cursus courts en entreprise et des formations de 8 à 12 mois de niveau CAP ». A La Rochelle, cinq organismes accompagnent les adultes attirés par l’industrie nautique. Le Greta est l’un d’eux. « Nous proposons par exemple, du 6 mars au 13 octobre, un CAP menuisier nautique avec le constructeur Fountaine-Pajot qui envisage de recruter 360 CDI », indique Etienne Patte, le responsable. Et pour mieux répondre aux attentes des salariés, le Greta travaille aussi sur des passerelles entre les métiers, ou comment passer de stratifieur à menuisier naval.

Besoin de définir qui l’on est

Éric Mabo, délégué général adjoint de la FIN, estime en outre qu'« il faut travailler l’attractivité de la filière, des métiers et des entreprises ». Ces difficultés de recrutement « nous renvoient à la notion de bassin d’emplois mais aussi à celle du sens du travail pour les ouvriers, car nous n’avons pas de mal à recruter des cadres ». Il s’agit pour commencer de répondre à une certaine confusion. « On a besoin de bien définir ce que l’on est ». La FIN œuvre avec des prescripteurs comme Pôle emploi pour « porter la bonne parole auprès des candidats. Car le nautisme peut prendre des connotations très différentes pour les gens. Est-on une filière de la mer par exemple ? Pas sûr… Les métiers dont on est le plus proche sont ceux de l’automobile ou du bâtiment ».

Dès mars-avril, la FIN va cibler sa campagnes de communication vers les collégiens qui voudraient s’orienter vers l’enseignement professionnel pour leur dire « il est possible de travailler dans le nautisme ». Les demandeurs d’emplois adultes seront pointés en septembre. « Ce serait une erreur de limiter nos problématiques d’attractivité à la dimension formation. La connaissance des métiers ou la mobilité sont nos sujets prioritaires ».

Car en effet, la filière n’est pas démunie en matière de formations. Elle bénéficie d’un panel de diplômes de tous niveaux. Outre les CAP, cursus d’ingénieurs, licences pros et autres BTS, certains empruntent des parcours singuliers car les voies qui mènent au nautisme sont diverses.

Les constructeurs de bateaux en bois

Depuis 1984, les Ateliers de l’Enfer à Douarnenez forment aux techniques de construction traditionnelles autour de trois pôles : charpente de marine, voilerie et sellerie (coussinage, rangements…). Chaque année, une quarantaine de diplômés (CAP et CQP) quittent les ateliers pour intégrer les chantiers navals, voire le secteur du bâtiment. « Ici la mise en pratique est au cœur du projet. Nous construisons deux bateaux par an, explique Thibault Legall, le directeur. Nous mettons en œuvre un vrai travail d’artisan ». La formation est prise en charge par la région, les candidats sont sélectionnés sur dossier. Une expérience en régate est appréciée.

RM Yacht, à La Rochelle construit des bateaux en contreplaqué-époxy. « Nos méthodes sont semi-industrielles et nous utilisons des outils d’aujourd’hui », indique Victor Barriquand, chef de projet. Ce passionné de bateau a d’abord travaillé dans le milieu du design d’objets avant d’intégrer la filière nautique. À l’âge de 26 ans, le virus de la mer le rattrape. « J’avais envie de travailler dans les bateaux, en faire, être présent dans ce milieu. » Après avoir suivi le DPEA architecture navale en un an à Nantes, il est recruté par le bureau d’études de RM Yacht. « Mon travail s’apparente à celui d’ingénieur R&D. Je fais toute la conception de la quille au haut du mat. Il s’agit de concrétiser les lignes dessinées par les architectes. »

De la physique à la course au large

À l’instar de Victor, Grégoire Aubert a découvert la voile dans l’enfance. Son parcours professionnel l’a d’abord mené sur les bancs d’un enseignement général « J’ai commencé par une licence de physique et après une remise en question, j’ai voulu me rapprocher de la mer ». Afin de « raccrocher les wagons », il envisage alors de travailler sur les bateaux en tant qu’ingénieur en électronique. Pour cela Grégoire s’est inscrit en master systèmes embarqués / systèmes intégrés à Lorient. « Les systèmes embarqués sont par exemple les capteurs qui apportent des données de la puissance exercée sur la voile, l’angle des foils, la hauteur de la dérive... ». Grégoire complète sa formation de deux ans en alternance auprès du staff d’Erwan Leroux, vainqueur de la dernière Route du Rhum dans sa catégorie. « Je visais une écurie de course pour apprendre vite et beaucoup. Mon graal serait ensuite d’intégrer des bateaux scientifiques comme la goélette Tara basée à Lorient. »

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
Max Billac
Max Billac
Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Denis Chabassière
Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Michel Ulrich
Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…