Bien choisir et appliquer son antifouling

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Nous avons vu comment bien préparer sa carène avant de passer l’antifouling. Reste à faire le bon choix pour ce dernier et à l’appliquer correctement. C’est une peinture antisalissure dont le but est d’empêcher les salissures et coquillages d’adhérer à la carène et ce tout en préservant l’environnement. Difficile de concilier efficacement ces deux points.

Film Finsulate ©Albert Brel
Nous avons vu comment bien préparer sa carène avant de passer l’antifouling. Reste à faire le bon choix pour ce dernier et à l’appliquer correctement. C’est une peinture antisalissure dont le but est d’empêcher les salissures et coquillages d’adhérer à la carène et ce tout en préservant l’environnement. Difficile de concilier efficacement ces deux points.

La composition de l’antifouling

Pour réaliser un antifouling, on utilise deux éléments : les biocides et un liant. Les biocides sont les éléments actifs qui ont pour rôle d'éviter les salissures tout en respectant au mieux l'environnement. A une époque, on utilisait du TBT, efficace mais dangereux pour les 25.000 espèces susceptibles de coloniser les carènes. Pour éviter des abus, une réglementation européenne a été mise en place qui impose et limite le nombre de biocides et le degré de dangerosité entrant dans la composition de l’antifouling. A titre indicatif en 2006, 33 molécules biocides étaient autorisées, en 2023, c’est moins de 10. Cette contrainte oblige les fabricants à revoir leur formulation allant jusqu’à supprimer chez certains tous les biocides. Il est évident qu’avec des produits peu nocifs pour la faune et de la flore marines, il est difficile de les détruire voire simplement de les repousser à 100%. Le liant est le composant qui reçoit les biocides et qui permet son application.

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Le nettoyage de la coque permet de déceler des traces d'osmose© Albert Brel

La composition, de la matrice dure à l’érodable

La matrice dure donne après application et séchage un film de peinture dur et poreux. Les biocides sont contenus dans le film et se libèrent au contact de l'eau pour empêcher les salissures. Cette libération contrôlée se fait tout au long de la saison jusqu'à ce que la majeure partie des biocides disparaissent ne laissant sur la carène qu'un film dur. La matrice érodable ou autopolissante agit différemment. C'est un film qui devient partiellement soluble dès sa mise à l'eau. L'épaisseur de peinture diminue progressivement au contact de l’eau lorsque le bateau navigue. Des nuances sont également proposées comme la semi-érodable compromis entre dure et érodable ou encore les antifouling saisonniers moins onéreux mais aussi moins actifs. Ils sont conseillés pour ceux qui laissent peu de temps leur bateau à flot.

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Couche primaire avant application antifouling© Albert Brel

Que choisir ?

La matrice dure est recommandée sur les bateaux rapides, les bateaux moteur et pour tous ceux qui sont mouillés dans les ports à échouage ou à fort courant. L’inconvénient de ce produit est l’accumulation des couches et, un jour, il faut envisager de la remettre à nue. L’érodable offre une meilleure glisse et a l’avantage de présenter en fin de saison une faible épaisseur de peinture ce qui limite les travaux d'entretien. Il est recommandé sur les bateaux de régate et ceux qui naviguent dans des eaux peu chargées en particules abrasives comme en Méditerranée. Les fabricants le conseillent pour des bateaux dont la vitesse est inférieure à 25 nœuds. Les semi-érodables sont conseillés dans les zones où la salissure est faible. Reste les antifouling saisonniers. Ce sont des produits qui sont développés pour les bateaux qui ne restent à l’eau que pendant la saison estivale. Que choisir ? si on peut se prononcer sur le type (matrice dure, érodable, …), sur une marque, c’est plus difficile. Chaque fabricant, ce qui est normal, vante son produit avec bien souvent des arguments commerciaux. Un peu comme dans les lessives où certaines lavent plus blanc que blanc. Un seul conseil, vous allez sur une aire de carénage, vous observez les salissures sur les coques et demandez au propriétaire ce qu’il utilise. Un antifouling peut être efficace dans une zone, moins dans une autre souvent proche. Ce phénomène peut être dû, par exemple, à une arrivée d’eau douce (rivière) dans l’eau de mer d’un port.

Compatibilité entre les produits : bien lire les notices

Il y a quelques années les antifouling n’étaient pas compatibles entre eux. Soit on repassait tous les ans le même produit soit on devait ôter complétement l’ancien. C’est fini, pratiquement tous les produits sont miscibles entre eux (à l’exception des produits à base de cuivre et de silicones) et conviennent à tout type de coque à l’exception de l’aluminium. Sur les boites, il est mentionné : la couleur, la vitesse maximum du bateau par exemple inférieure à 25 nœuds, l’adaptation au type de coque, le pouvoir couvrant, le temps entre les couches et avant la mise à l’eau. Si vous avez remis la carène à nue (hydrogommage, etc.), il faut passer un primaire d’accrochage avant l’antifouling. Deux produits sont proposés : mono-composant pour coque polyester, acier et bois et bi-composant pour tout type de coque.

 Les antifouling spéciaux

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Antifouling au cuivre© Albert Brel

Le plus courant est celui à base de cuivre. En fait, on reprend un procédé que l’on utilisait à une époque où on recouvrait les carènes de plaque de cuivre pour les protéger. Les nouveaux produits sont constitués de particules de cuivre mélangées à une résine polyester. Ces produits sont plus onéreux et nécessitent une mise en œuvre plus contraignante de la carène qui doit être parfaitement propre. L’idéal est d’ôter toutes les anciennes couches d’antifouling soit par hydrogommage soit par aérogommage. Ensuite, il faut passer un primaire époxy bi-composant et effectuer un léger ponçage d’accroche (grain 120). Le produit peut être appliqué en une seule couche au rouleau ou au pistolet. Après séchage (compter 12 heures), la carène doit être poncée pour activer l’antifouling. Ce produit n’est pas érodable, il nécessite, suivant les zones et le temps passé au mouillage, d’effectuer un simple nettoyage 2 à 3 fois par an qui peut se faire en plongée avec une éponge. L’avantage est qu’il n’est pas à refaire tous les ans. Il est garanti 3 à 5 ans suivant les marques.

Osez le revêtement adhésif

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Carène recouverte d'un film Finsulate© Albert Brel

Appelé Finsulate cet antifouling que nous avons découvert au Grand Pavois de la Rochelle, n’est pas une peinture mais un revêtement adhésif unique. Inspiré du piquant de l’oursin : les algues et autres organismes marins viendront se déposer sans pouvoir franchement s’accrocher. Il est composé de minuscules fibres car l’action de Finsulate est mécanique et non chimique. Sa durée de vie est annoncée pour plusieurs années à condition de le nettoyer de temps en temps. Avant la pause, la carène doit être propre et recouverte de deux couches de primaire époxy, ce travail est assuré par des équipes techniques de la société. Comptez en moyenne 100€/m2 posé .

Protéger les hélices et les embases

Les hélices de propulsion, bien souvent en bronze ou en alliage, sont sensibles aux salissures, en particulier, les coquillages. Une hélice sale a un mauvais rendement et contribue à une augmentation de la consommation de carburant.  Il existe des antifouling spécifiques pour ces dernières. Avant l’application du produit final, il est impératif de bien nettoyer l’hélice et d’appliquer un primaire. Il en sera de même pour les embases.

Bateaux pneumatiques

Sur un bateau pneumatique, on n’applique pas un antifouling prévu pour une carène de bateau. Il doit avoir une certaine élasticité pour suivre les déformations de la carène. Les principaux fabricants en proposent qui conviennent aussi bien au PVC qu’à l’hypalon. Pour une bonne adhésion de la peinture, 5 points sont à prendre en compte :

- Bien laver la carène et la gonfler partiellement.

- Poncer avec un papier de verre fin.

- Enlever toute trace de poussière au besoin utiliser un chiffon imprégné de solvant (acétone).

- Une fois la surface sèche et propre la peindre, minimum 2 couches. Respecter le temps indiqué par le fabricant entre les couches.

- Au bout du temps indiqué (généralement entre 24 et 48 heures) le pneumatique peut être mis à l’eau.

Sur les carènes de semi-rigides, on applique le même antifouling que sur un bateau rapide (matrice dure).

Application et réglementation

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Application antifouling au pistolet© Albert Brel

La réglementation nationale et européenne proscrit le carénage à l’échouage en dehors de toute installation prévue à cet effet. Une fois le carénage effectué, l’antifouling se passe au rouleau ou au pinceau. Le temps de séchage est rapide et le temps entre deux couches peut être court. C’est un point à vérifier avant d’acheter le produit lorsque l’on effectue l’application entre deux marées. Lorsque le bateau est sur une aire de carénage à sec, il faut également tenir compte du temps qu’il peut y rester avant la mise à l’eau sans nuire à l’efficacité de l’antifouling. La réglementation va encore plus loin. Désormais deux familles d’antifouling sont mises sur le marché avec des niveaux de toxicité différents, une pour les applicateurs professionnels et une les particuliers. 

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Application antifouling au rouleau© Albert Brel

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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