Rodrigues, la Mascareigne sans sucre
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Occupée, voire possédée successivement par les Portugais, les Hollandais, les Français, les Anglais, et les Mauriciens, si ce n’est par les Nations elles-mêmes, ce fut par leurs citoyens ou leurs Compagnies. Rodrigues n’a jamais fait l’objet d’une colonisation agricole pérenne et à l’instar de La Réunion et de Maurice, la culture de la canne à sucre n’a jamais existé sur l’île.
Huguenot d’origine française, François Leguat y a débarqué et vécu pendant deux ans en 1691 avec sept compagnons d’aventure, dont un certain Mathurin qui a donné son nom à la bourgade, capitale de ce district autonome de la République Mauricienne. Est-ce à Rodrigues que le forban La Buse (pirate Olivier Levasseur) pendu à La Réunion en 1730, y a caché un fabuleux trésor que le grand-père du Prix Nobel Jean-Marie Gustave Le Clézio a chassé pendant de nombreuses années ?
On y parle le créole de l’océan indien, pratiqué à l’origine par les esclaves déportés depuis la Réunion ou Madagascar. Plus tard, des travailleurs rodriguais et leur familles, dits engagés, ont été envoyés à la Réunion pour renforcer la main d’œuvre de l’industrie sucrière réunionnaise.
Haut lieu de la pêche sportive au gros, c’est aussi une escale nautique pour les plaisanciers au long cours en route depuis Cocos Island (ex-Keeling Island), soit de Jakarta, soit du détroit de Torres ou même de Singapour, poursuivant vers l’Ouest pour contourner le Sud de l’Afrique ; ils empruntent le parcours expérimenté par Joshua Slocum lors de son fabuleux tour du monde à la voile en 1898.