Punta Arenas, dernier arrêt avant l'Antarctique

Punta Arenas est chilienne, mais a eu un lien maritime avec Buenos Aires grâce au très grand nombre de navires faisant étape à l’époque de la marine à voile en venant d’Argentine. Mais aussi un lien aérien ; Antoine de Saint-Exupéry y a séjourné pendant deux ans lorsqu’il a développé la ligne aérienne Buenos Aires - Punta Arenas pour le compte de l’aéropostale argentine.
Avec une apogée au début du 20ème siècle, Punta Arenas a joué le rôle d’un relais de poste maritime à l’échelle planétaire vers le sud - univers d’exploration et de spéculations géographiques et politiques concernant le continent Antarctique, et vers l’ouest pour la marine marchande à destination du Pacifique et de Valparaiso. C’est de là que les capitaines et les agents des armateurs passaient leurs ordres et donnaient de leurs nouvelles par courrier, puis par télégramme.
L’architecture du centre de Punta Arenas témoigne de la prospérité des colons de la fin du 19ème siècle. De nombreuses maisons de maître (Palais Sara Braun, Palais Braun Menendez, Résidence Blanchard,…) ont été construites sur les plans d’architectes français par les riches armateurs, commerçants, trappeurs, chasseurs de baleine, cultivateurs… qui se sont établis à Punta Arenas à l’incitation des autorités chiliennes, et qui venaient du Royaume-Uni, d’Allemagne, de France et de Croatie.
Ces nouveaux bourgeois avaient le souci de laisser une empreinte architecturale et sociale, probablement inspirés par ce qui se passait à Buenos Aires et à Santiago. On leur doit la création de nombreuses sociétés de bienfaisance locales (dont le cimetière se fait l’écho) et n’hésitaient pas à aider tous les explorateurs de passage : Charcot, Amundsen, Shackleton, pour ne citer que les stars de l’époque.
Aujourd’hui, une escale à Punta Arenas vaut le coup - que l’on vienne par la route en pérégrinant à travers la Patagonie, ou en bateau de croisière sur la route de l’Antarctique, en ferry vers Puerto Williams en Terre de Feu (passage d’une trentaine d’heures dans les fjords chiliens), voire en avion de Santiago.
C’est un lieu où une certaine désolation m’a interpelé en avril 2017 en y accostant avec le Stella Australis, sous les effets conjugués de la météo, de la vue des vestiges d’une prospérité surannée et de la quiétude "neurasthénisante" de la ville le dimanche (boring diraient les anglais). Ce n’est pas un lieu de cliché, mais un lieu de sensations - à capter sur place.