Buenos Aires, la Venise portègne
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Après cette navigation fluviale au milieu d'un trafic nautique très vivant, je me dirige plus en aval, à partir de Puerto Madero construit en 1898. Ayant perdu sa vocation de port de commerce, c'est maintenant le quartier branché de Buenos Aires. Il y a bien longtemps que les marins de passage et les portenos (nom des habitants de Buenos Aires) nocturnes ne sont plus les seuls à chercher fortune dans le quartier de La Boca au fond du Puerto Madero. Les darses sont maintenant envahies par des lieux de culture ou de résidences privilégiées.
Buenos Aires n'est pas sur l'océan Atlantique mais au fond de l'embouchure du plus grand estuaire du monde - 85 km de large. Pas de plages, des eaux turbides avec leur charge de matières en suspension drainées depuis les mornes plaines sans relief que traversent les fleuves Parana (celui du barrage d'Itaipu) et Paraguay (celui des chutes de Foz d'Iguacu). La navigation sur ces fleuves est maritime internationale et non pas fluviale en amont jusqu'à Asuncion pour le Rio Paraguay et jusqu'à Corumba pour le Rio Parana.
Le maritime a toujours forgé la ville de Buenos Aires avec les nombreux "marins perdus" qui fréquentaient les bouges de sa périphérie et même le tango s'en souvient - on s'accorde volontiers pour dire que c'est un marin allemand qui a importé le bandonéon en Argentine !
La France a beaucoup inspiré Buenos Aires - l'architecture urbaine, les grands magasins sur l'exemple du Bon Marché de Paris, et même le tango ; Carlos Gardel n'est-il pas né à Toulouse ? Mais la réciproque est vraie, car le "one-two-two" n'aurait pas vu le jour si ses investisseurs français n'avaient pas fait fortune en Argentine...
Bon vent vers Buenos Aires, la plus parisienne des villes australes !