La belle route d'Alex Thomson

Course au large
Par Figaro Nautisme

Armel Le Cléac’h ouvre toujours la route dans l’Indien, pendant qu’Alex Thomson grimpe sur le podium provisoire.

Armel Le Cléac’h ouvre toujours la route dans l’Indien, pendant qu’Alex Thomson grimpe sur le podium provisoire.

En tête de la course dimanche après-midi, Armel Le Cléach (Banque Populaire) et ses quatre poursuivants, François Gabart (Maciff), Alex Thomson (Hugo Boss), Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) et Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat), ne se posent aucune question. Dans la traversée de l’Océan Indien, ils foncent à vive allure entre 17 et 22 nœuds, propulsés par une brise idéale de nord-ouest de 20 nœuds. Pas d’autre option stratégique à l’ordre du jour que de longs surfs endiablés en route directe à l’approche de la porte des glaces d’Amsterdam. 


 

Thomson sur le podium !



Si Armel le Cléac’h a grapillé encore quelques milles, la performance de ses dernières vingt-quatre heures est à mettre à l’actif d’Alex Thomson qui ne cesse de surprendre depuis le début de ce Vendée Globe. Régulier, performant, le skipper britannique fait une course remarquable en étant récompensé ce dimanche par une troisième place chipée à Jean-Pierre Dick. On ne répétera jamais assez qu’il dispose du bateau le moins véloce du groupe de tête. Ce podium provisoire est une belle revanche pour Thomson, contraint d’abandonner lors des deux précédents Vendée Globe.


 

On se quitte plus



Derrière, le trio des “quinquas”, Mike Golding (Gamesa), Jean Le Cam (SynerCiel) et Dominique Wavre (Mirabaud), ne se quitte toujours pas. Ce matin, Golding passait la porte Crozet à 9h37 heure française suivi 38 minutes seulement plus tard par Le Cam. Pour eux, vivre en solitaire un tour du monde, c’est apparemment le partager à plusieurs. 


 

Mauvaise rencontre pour Sanso



Derrière, Javier Sanso (Acciona 100% EcoPowered), neuvième de la hiérarchie, a fait une mauvaise rencontre dimanche matin. Son récit fait froid dans le dos : « J’ai percuté un objet que je n’ai pas pu voir. En revanche je l’ai bien entendu. Dans mon sillage, j’ai vu une pièce orange en train de flotter. J’ai tout de suite cru que c’était un safran qui s’était cassé mais finalement, je pense plutôt que c’est une petite pièce de carénage, située entre la quille et la coque afin de diminuer la résistance à l’eau. Dès que je serai dans une zone plus calme, je plongerai pour voir où a eu lieu l’impact. J’ai essayé de regarder à l’endoscope, mais je n’ai pas réussi à atteindre cette jonction coque/quille. Le bateau ne subit aucune vibration suspecte et n’a pas ralenti. Donc il est aussi possible que j’aie juste heurté une pièce orange en train de flotter... Au final, je me suis fait une belle frayeur. D’autant plus que j’ai enroulé le jibe, persuadé que j’avais perdu mon safran. Tout près de là où je l’avais perdu en 2000, en plus. Autrement, je continue à avancer à bonne vitesse et à faire cap vers la prochaine porte ». Il ne reste plus qu’à espérer que le skipper espagnol poursuivra sa route sans être handicapé par cet avatar.



 

Di Benedetto dans la tempête



En queue de peloton, Arnaud Boissières (Akéna Vérandas), Bertrand de Broc (Votre Nom Autour du Monde avec EDM Projets) et Tanguy de Lamotte (Initiatives-coeur) se suivent à distance respectable. Enfin, du pain, Alessandro di Benedetto (Team Plastique) en a certainement sur la planche. Toujours en Atlantique Sud, le franco-italien est en train de vivre son baptême du feu à la lisière d’une dépression virulente. Rafales à 50 nœuds et, surtout, mer grosse et croisée. Le skipper de Team Plastique doit actuellement être calfeutré à l’intérieur de son bateau, sous voilure réduite au maximum, en attendant que passe le coup de tabac.

 



LES VOIX DU LARGE



Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) : « On va faire une course de vitesse jusqu’à la prochaine porte, à moins de 100 milles devant nous. On surveille un peu les camarades pendant les prochaines heures. Ça fait du bien d’être aux avant-postes et les options sont intéressantes. La route est longue mais pour l’instant, c’est très sympa ».



Alex Thomson (Hugo Boss) : « Après quelques heures très difficiles la nuit dernière avec un vent brusquement descendu à 6 nœuds, je suis à nouveau dans un vent plus fort et ça avance mieux. Il y a de belles bourrasques, jusqu'à 28 nœuds parfois, donc pas de grasse matinée ce dimanche matin pour moi. Mais les quatre skippers devant moi ont eux aussi été ralentis, je n'ai donc pas été distancé. Il nous reste encore 900 milles avant de passer la porte d'Amsterdam et avec les conditions qui nous attendent, j'ai bien l'impression que ça va aller vite ! En tout cas, je l'espère.Après la bataille qu'il a fallu mener pour atteindre la porte Crozet, je me concentre sur ma priorité : être en parfaite condition physique. Pour cela, j'essaie à nouveau de manger de vrais repas réguliers, comme par exemple du porridge au petit déjeuner ce matin ».



Mike Golding (Gamesa) : « C’était une nuit plutôt pourrie… Par rapport à Jean Le Cam, je ne me suis pas très bien débrouillé, j’ai perdu un peu d’avance sur lui mais ça va mieux maintenant. Si je me projette un peu dans le futur, je me rends bien compte que le routage n’est pas aussi idyllique qu’il en avait l’air hier, mais ça reste correct, ça ira. Je pense qu’Armel va vraiment prendre de l’avance après le passage de la prochaine porte, mais attendons de voir pour être sûr. Je suis très proche de la porte puisque je suis à 32 milles de son extrémité est. Je ne vais pas vraiment empanner mais je vais faire un bon changement de voiles et ça va repartir ! Je crois que ça va me permettre de mettre quelques milles supplémentaires entre Jean et moi ».



Jean Le Cam (SynerCiel) : « On essaye de réduire l’écart. Là, j’ai mis de la distance avec Dominique, c’est pas mal. J’ai un peu rattrapé Mike donc on va essayer de continuer comme ça. Je ferai un truc pour Noël et ça ne va pas être du classique, c’est garanti sur facture ! Vous savez que j’avais des problèmes de son sur l’irridium mais en fait, depuis un mois, je prenais le combiné à l’envers et c’est pour ça que je vous entendais mal (rires) ».



Bertrand de Broc (Votre Nom autour du Monde avec EDM Projets) : « Ça se passe tranquille. C’est le grand calme. On a la petite bulle qui arrive par derrière pour nous cueillir cette nuit, je marche à 7-8 nœuds. Il faut être patient et garder le moral, bricoler et attendre que le vent revienne. Je n’ai pas pour objectif de rattraper les 8 premiers. Il faut garder la motivation même si on est derrière, et faire de belles navigations. Il faut se faire plaisir dans ce qu’on fait et s’armer de patience ».



Vincent Riou (PRB), présent dimanche à la vacation radio : « Je suis rentré vendredi directement de Baya. On a réparé le bateau cette semaine et le week-end dernier. PRB a pris la mer et est déjà dans l’hémisphère nord en direction de la maison. J’étais content de le revoir naviguer, car quand je suis arrivé à Salvador, ça ne ressemblait plus trop à un bateau de course. Je suis super déçu, je passais un bon moment en mer et je suis vraiment triste de ne pas faire partie de la bagarre. C’est un vrai coup dur dans le sens où le Vendée Globe, c’est un aboutissement. Là, je me retrouve à être obligé, d’un coup, d’imaginer la suite. Je vais rentrer en Bretagne mais pas longtemps. Je vais aller remercier l’ensemble de mes partenaires en Vendée. Merci à tous d’ailleurs. Il y a eu un grand élan de soutien très sympathique ».



 

CLASSEMENT



Positions du 09/12 à 16 heures : 1.Armel Le Cléac´h (Banque Populaire) à 15 951 milles de la ligne d’arrivée; 2.François Gabart (Macif) à 54,2 milles du leader; 3.Alex Thomson (Hugo Boss) à 107,2 m; 4.Jean-Pierre Dick (Virbac Paprec) à 116 m; 4.Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) à 134,8 m;  6.Mike Golding (Gamesa) à 431,6 m; 7.Jean Le Cam (SynerCiel) à 441,4 m; 8.Dominique Wavre (Mirabaud) à 490,3 m; 9.Javier Sanso (Acciona 100% EcoPowered) à 1 254,6 m; 10.Arnaud Boissières (Akéna Vérandas) à 1 562,6 m; 11.Bertrand de Broc (Votre Nom Autour du Monde avec EDM Projets) à 1 818,2 m; 12.Tanguy de Lamotte (Initiatives-coeur) à 2 184,2 m; 13.Alessandro Di Benedetto (Team Plastique) à 2 713,6 m. Abandons : Marc Guillemot (Safran); Kito de Pavant (Groupe Bel); Samantha Davies (Savéol); Louis Burton (Bureau Vallée); Jérémie Beyou (Maître CoQ); Zbigniew Gutkowski (Energa); Vincent Riou (PRB).

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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