Echange de politesse au sommet

Course au large
Par Figaro Nautisme

C’est au tour d’Armel Le Cléac’h de reprendre le flambeau à François Gabart. Alors qu'Alex Thomson a connu une belle frayeur !

C’est au tour d’Armel Le Cléac’h de reprendre le flambeau à François Gabart. Alors qu'Alex Thomson a connu une belle frayeur !

L’échange de politesse continue entre Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) et François Gabart (Macif) qui s’échange à tour de rôle la tête de la course. Mardi, au pointage de 16 heures, c’était au tour du skipper finistérien de prendre le relais 1,2 mille devant Gabart. Stupéfiant Vendée Globe qui voit donc les deux leaders naviguer à vue dans la traversée de l’océan Indien après plus de 9 000 milles parcourus et 31 jours de mer ! En attendant une rotation des vents dans le sud, nos siamois naviguent à 20 noeuds de moyenne dans un flux de nord-ouest soutenu. Derrière, Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) suit la cadence à 79 milles de Le Cléac’h.

 

Soucis pour Thomson et Stamm

 

Respectivement quatrième et cinquième, Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) et Alex Thomson (Hugo Boss) ont perdu une quarantaine de milles le temps d’aller franchir la porte des glaces d’Amsterdam avant d’incurver leur route vers le sud. Sans compter qu’ils ont connu quelques problèmes. Le skipper britannique a heurté la nuit dernière un objet flottant non identifié qui a occasionné quelques dégâts à bord d’Hugo Boss comme l’explique Thomson. « J’ai heurté quelque chose dans l’eau alors que je naviguais à 22 nœuds. J’étais à la table à carte à ce moment. J’ai entendu une forte détonation en avant de l’endroit où je me trouvais. J’ai d’abord pensé à un choc sur la quille ou sur une dérive. J’ai ensuite entendu une série de bruit moins prononcés sous la coque jusqu’à un gros bruit quand ça a touché le safran et l’hydro générateur. Au moment où je suis arrivé au niveau de la descente, j’ai vu le safran en l’air et l’hydro générateur traîner dans l’eau. Le bateau est devenu incontrôlable et s’est retrouvé face au vent. J’ai immédiatement roulé le J2 et arrêté le bateau dans une mer formée. L’inspection des dommages a montré que le fusible du safran s’est cassé, mais peu de dommage sont à constater sur le safran à proprement dit. En revanche, l’une des pales de l’hydro générateur est cassé et l’un des supports était en morceaux et est finalement passé par-dessus bord. La barre de liaison (pas celle réparée précédemment, mais la deuxième), s’est aussi cassée en trois morceaux. Je me suis d’abord focalisé sur la réparation de cette barre de liaison afin de rendre opérationnel le safran sous le vent pour naviguer en sécurité dans la bonne direction. L’état de la mer ne m’a pas aidé dans la réparation car de fortes vagues heurtaient le tableau arrière au-dessus du rail de GV. Les deux pièces de tête de safran ont été endommagées lors de cette réparation. Finalement j’ai pu effectuer une réparation qui m’a permis de reprendre ma route mais avec le safran bâbord en l’air. Je ne fonctionne plus que sur un hydro générateur. Il va falloir que j’économise un maximum le courant surtout dans les conditions actuelles si je veux terminer. Sinon je n’ai aucune chance de finir la course ! ». Moins grave mais plus douloureux, Stamm s’est cassé une dent. Il lui manque un bon tiers d’une molaire et le nerf est à vif. Heureusement cette dent est dévitalisée et ne le fait pas trop souffrir. Après avoir consulté au téléphone le docteur de la course, Jean-Yves Chauve, il a pu puiser dans la trousse de secours de quoi se soigner efficacement.

 

Les écarts se creusent

 

Derrière, c’est toujours le même scénario. Mike Golding (Gamesa), Jean Le Cam (SynerCiel) et Dominique Wavre (Mirabaud) concèdent inexorablement du terrain aux cinq bateaux de tête en évoluant avec des conditions météo nettement moins favorables, des vents de sud-ouest de l’ordre de 10 à 15 noeuds. De son côté, Javier Sanso (Acciona 100% EcoPowered) a franchi la porte de Crozet. Enfin, à l’arrière du peloton, aucun changement notable. Les positions sont figées actuellement.

 

LES VOIX DU LARGE

 

Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) : « Avec François (Gabart), on se voit à l’AIS depuis quasiment 24 heures. Ça se passe pas mal, on a passé la porte (Amsterdam) cette nuit. Tout va bien. La course est encore longue, on va avoir une dépression qui va passer dans notre ouest cette nuit et demain matin. Il va falloir manœuvrer. La bagarre est intense aux avant-postes. Par téléphone on a l’impression que ça se passe bien mais ce sont des conditions de vie qui ne sont quand même pas faciles, c’est très humide. Le soleil est en train de se coucher, la mer n’est pas trop formée et on a entre 25 et 27 nœuds de vent. Au niveau des températures, on n’a pas encore eu de grand, grand froid. Dehors, on se prend beaucoup d’embruns dans la figure donc c’est difficile d’aller voir ce qu’il se passe devant. Le parcours s’est un petit peu rallongé donc il faudra voir où on en sera au Cap Horn. Ce sera ça la bonne référence pour voir si on est dans les temps pour battre le record mais ce n’est pas l’objectif. L’objectif est d’arriver aux Sables, le mieux placé possible ».

 

François Gabart (Macif) : « Le bateau glisse à toute vitesse sans forcer et dans de bonnes conditions. C’est super agréable de vivre ça. Je ne dis pas que la course est facile, loin de là. Rien n’est facile. Le Vendée Globe est l’une des courses les plus difficiles au monde. On en bave, on a des problèmes, mais il y a aussi des moments sympas comme lors de ces deux derniers jours. Les conditions que nous avons eu au niveau de la porte Crozet ont été difficiles, le vent a beaucoup tourné. Je ne sais plus combien de changements de voiles j’ai fait en 24 heures mais on a beaucoup manœuvré et j’étais crevé. Il y a 25 nœuds de vent à peu près, la mer se forme mais c’est assez raisonnable. Ce n’est pas violent comme ça a pu l’être ».

 

Franck Cammas (Marin de l’année 2012, présent à la vacation radio de mardi) : « Ce titre de marin de l’année est une fierté et une reconnaissance de 15 ans de partenariat avec Groupama. En France, on connaît moins la Volvo Ocean Race que le Vendée Globe mais on a redécouvert cette épreuve. On va dans des mers que l’on connaît moins - comme la mer de Chine - et puis c’est en équipage et avec escales Ce qu’ils (ndlr : les marins du Vendée Globe) sont capables de faire en solo, c’est magnifique. En solitaire ça doit être difficile de tenir ces moyennes mais les bateaux sont bien au point. En plus, François Gabart a dit qu’il n’avait jamais autant dormi que lors de ces derniers jours donc tout ça a l’air bien réglé. Dans ces moments-là il y a beaucoup d’eau sur le pont mais les conditions sont très bonnes. Ce n’est jamais facile à 20-25 nœuds mais ce n’est pas une surprise de retrouver ces bateaux à ces vitesses-là, ils sont bien préparés ».

 

Arnaud Boissières (Akéna-Vérandas) : « J’ai empanné vers 1 heure du matin et là j’ai un bon flux de 25 nœuds. Ça permet de faire des vitesses un peu correctes. J’ai une pression supplémentaire parce que je représente la Vendée, je suis aux Sables d’Olonne à longueur d’année et j’ai un super accueil. Ça m’aide dans mon projet, ça fait chaud au cœur. Cette nuit, il a fait relativement frais avec 6-7 degrés, mais là il fait 14 degrés et il y a du soleil. J’en profite pleinement parce qu’on fait des beaux surfs. 25 nœuds de vent, des surfs, les albatros qui nous suivent, ce sont vraiment des moments magiques ».

 

Mike Golding (Gamesa) : « Le vent n'arrêtait pas de changer de direction, c'était très instable, et j'ai à nouveau passé une nuit particulièrement agitée. Le dernier fichier météo que j'ai téléchargé indique qu'une dépression arrive du nord et se dirige droit sur nous, ce qui est une bonne chose. Ce qui est plus difficile à encaisser, en revanche, c'est de voir les leaders bénéficier d'une météo très différente et de savoir qu'ils vont en profiter pour creuser encore un peu plus l'écart qui nous sépare d'eux. Mais c'est comme ça, il faut tout de même garder espoir ».

 

CLASSEMENT

Positions du 11/12 à 16 heures : 1.Armel Le Cléac´h (Banque Populaire) à 15 001 de la ligne d’arrivée; 2.François Gabart (Macif) à 1,2 m; 3.Jean-Pierre Dick (Virbac Paprec) à 79,6 m; 4.Bernard Stamm (Cheminées-Poujoulat) à 152,5 m; 5.Alex Thomson (Hugo Boss) à 159 m; 6.Mike Golding (Gamesa) à 703 m; 7.Jean Le Cam (SynerCiel) à 723 m; 8.Dominique Wavre (Mirabaud) à 899,7 m; 9.Javier Sanso (Acciona 100% EcoPowered) à 1 573,8 m; 10.Arnaud Boissières (Akéna Vérandas) à 2 019,3 m; 11.Bertrand De Broc (Votre Nom Autour du Monde avec EDM Projets) à 2 364,9 m; 12.Tanguy de Lamotte (Initiatives-Coeur) à 2 574 m; 13.Alessandro Di Benedetto (Team Plastique) à 3 075,3 m. Abandons : Marc Guillemot (Safran); Kito de Pavant (Groupe Bel); Samantha Davies (Savéol); Louis Burton (Bureau Vallée); Jérémie Beyou (Maître CoQ); Zbigniew Gutkowski (Energa); Vincent Riou (PRB).
 

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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