Gabart et Le Cléac’h prennent le large

Course au large
Par Figaro Nautisme

François Gabart et Armel Le Cléac’h sont en train de créer des écarts importants avec leurs poursuivants, aux prises avec des vents erratiques.

François Gabart et Armel Le Cléac’h sont en train de créer des écarts importants avec leurs poursuivants, aux prises avec des vents erratiques.

Après 33 jours de course autour du monde et plus de 10 000 milles de parcourus, François Gabart (Macif) et Armel le Cléac’h (Banque Populaire) ne sont séparés en tête de la flotte que par 7 milles ! Soit à la vitesse des deux leaders, comprise entre 18 et 20 noeuds jeudi après-midi, un écart de moins de 30 minutes ! Nous assistons probablement aujourd’hui à un épisode important du Vendée Globe car Gabart et Le Cléac’h, qui bénéficient d’une brise médium d’ouest-sud-ouest, en profitent pour prendre la poudre d’escampette à l’approche de la porte des glaces Australie Ouest. « Il y aura beaucoup de tournants dans la course mais là, c’en est un, c’est clair » explique François Gabart. « La météo est très favorable pour Armel et moi ». Derrière, dans les petits airs, Jean-Pierre Dick (Virbac Paprec) navigue à 12 noeuds et pointe désormais à 155 milles de Macif.

 

Galère anticyclonique

 

Alex Thomson (Hugo Boss) et Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat), perchés cinq degrés plus haut en latitude que le trio de tête, sont désormais distancés (351 et 430 milles) en ne pouvant pour le moment pas descendre l’océan Indien pour rejoindre la route directe sous peine de se retrouver empêtrés dans une large bulle anticyclonique. Même scénario cauchemardesque pour Jean le Cam (SynerCiel), Mike Golding (Gamesa) et Dominique Wavre (Mirabaud) qui se traînent à moins de 10 noeuds de moyenne depuis vingt-quatre heures. Une situation météo qui profite à Javier Sanso (Acciona 100% EcoPowered) qui tente de contourner cette large bande déventée par le sud. L’espagnol se rapproche doucement mais surement du tableau arrière de Mirabaud.

 

Di Benedetto dans le grand Sud

 

A l’arrière de la flotte, Arnaud Boissières (Akéna Vérandas), Bertrand De Broc (Votre Nom Autour du Monde avec EDM Projets) et Tanguy de Lamotte (Initiatives-Coeur) se rapprochent de la porte de Crozet. Et enfin, fermant la marche, Alessandro Di Benedetto (Team Plastique) savoure son bonheur d’avoir franchi jeudi la longitude du cap de Bonne Espérance, 9 jours et 6 heures derrière Armel Le Cléac’h. Comme ses douze compagnons d’aventure, le franco-italien vogue maintenant dans l’Océan Indien.

 

LES VOIX DU LARGE

 

François Gabart (Macif) : « Ça va pas mal. L’océan Indien est assez compliqué depuis hier soir. On a une mer assez chaotique pour ne pas dire de gros mots, ce qui fait qu’on a du mal à avoir des vitesses assez élevées tout le temps. Mais à la porte Crozet, Armel avait pris une option différente et finalement on s’est retrouvé à 20 milles à la sortie. Je suis évidemment content d’être devant à ce moment de la course. On est dans un rythme pour lequel on s’est entrainé. On n’est pas en surrégime. Je suis content de tenir ce rythme-là et j’espère le tenir le plus longtemps possible. J’ai un peu de mal avec les records de temps de course, dans le sens où on ne fait pas les mêmes parcours. Les portes changent la donne. C’est complètement inutile de comparer les temps de course, je ne m’intéresse pas à ça, je m’en moque. Ça n’a aucun intérêt ».

 

Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) : « On a notre petit camarade de route (ndlr : François Gabart) pas loin devant nous. Il faut mettre du charbon pour avancer. Les moyennes sont impressionnantes. Maintenant, on s’est habitué à naviguer à 20 nœuds de moyenne alors qu’il y a encore un an ce n’était pas facile à réaliser. C’est bien d’aller à ces vitesses-là mais c’est un peu stressant aussi. Ça va se calmer dans les heures qui viennent. Par moments il y a de bons surfs, et parfois ça fait de bons plantés. Le vent est assez instable en force. Parfois il passe de 19 nœuds à 27 nœuds. A 19 nœuds on est un peu sous-toilé mais à 27 ça commence à faire juste ».

 

Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) : « Il y a une bulle qui est juste derrière et qui progresse doucement vers moi ce qui fait que les bateaux devant ont plus de vent et moi moins. Ce qui m’embête, c’est de me faire happer par cette dorsale. L’enjeu est de fuir cette dorsale, rester devant et essayer de progresser le plus possible pour avoir une brise un peu plus soutenue après l’Australie. Ça ne va pas être facile de passer ce « waypoint » qu’est la porte est-Australie. Il ne fait pas très beau même si l’anticyclone n’est pas très loin, mais il y a des oiseaux qui m’accompagnent et c’est toujours vachement sympa ».

 

Bertrand De Broc (Votre Nom Autour du Monde avec EDM Projets) : « C'est une journée plutôt agréable dans 20 nœuds de vent et des conditions de mer correctes. Je m'essaye à quelques photos avec une rallonge et le retardataire... C'est rigolo, ça occupe et ça peut rapporter gros. Je vais me faire un petit repas pendant que le bateau trace sa route tranquillement ».

 

Tanguy de Lamotte (Initiatives Coeur) : « Aujourd'hui, je me suis dit que j'allais profiter de la pression des vagues pour faire la vaisselle...Une vaisselle un peu extrême, à l'étrave du bateau. La cocotte est rincée, moi aussi ! Ce soir, empannage au coucher du soleil sous gennaker puis prise de ris et passage sous petit gennaker. Le tout entouré de dauphins mais pas assez proches pour les filmer. J'ai besoin de repos après ces manoeuvres ».

 

Arnaud Boissières (Akéna Vérandas) : « Je viens d’avoir 43 nœuds. La mer a bien grossi. Empannage prévu dans 160 milles et passage prévu à l’extrême est de la porte Crozet puis direction Amsterdam. Je suis un peu crevé car je n’ai pas vraiment eu le temps de dormir cette nuit avec cette vitesse. Je ne tiens pas debout dans le bateau mais tout va bien, c’est vraiment magnifique. Je navigue régulièrement au-dessus de 22 nœuds avec une pointe de vitesse à 27,4 nœuds ».

 

Alessandro Di Benedetto (Team Plastique) : « Cap de Bonne-Espérance franchi à environ 17h28 UTC le 12 décembre. J'ai dû retarder d'une demi-heure l'ouverture de la bouteille de champagne pour faire face à un problème. A l'improviste la pelle de safran bâbord s'est levée car le bout qui le tient dans l'eau a cassé. Il n’y a pas eu de choc, le fusible a dû casser par "fatigue". J'ai pu ralentir le bateau, le faire pencher de l'autre côté pour permettre au safran tribord de diriger le bateau pendant que je remettais en place un autre bout avec nouveau fusible et à nouveau le safran bâbord à l'eau. J'ai pu reprendre mon cap et même si en sueur pour la manœuvre, j'ai ouvert avec plaisir une bouteille de champagne pour fêter le premier cap de cette fantastique course ! Prochain objectif : le passage de la porte Crozet située entre les méridiens 42° est et 50° est à la latitude 39° sud ».

 

CLASSEMENT

Positions du 13/12 à 16 heures : 1.François Gabart (Macif) à 14 126 milles de la ligne d’arrivée; 2.Armel Le Cléac´h (Banque Populaire) à 7,5 mille du leader; 3.Jean-Pierre Dick (Virbac Paprec) à 155,7 m; 4.Alex Thomson (Hugo Boss) à 351,5 m; 5.Bernard Stamm (Cheminées-Poujoulat) à 430,1 m; 6.Jean Le Cam (SynerCiel) à 1 139 m; 7.Mike Golding (Gamesa) à 1 248 m; 8.Dominique Wavre (Mirabaud) à 1 450,5 m; 9.Javier Sanso (Acciona 100% EcoPowered) à 1 795,2 m; 10.Arnaud Boissières (Akéna Vérandas) à 2 225,4 m; 11.Bertrand De Broc (Votre Nom Autour du Monde avec EDM Projets) à 2 607,1 m; 12.Tanguy de Lamotte (Initiatives-Coeur) à 2 893 m; 13.Alessandro Di Benedetto (Team Plastique) à 3 513,9 m. Abandons : Marc Guillemot (Safran); Kito de Pavant (Groupe Bel); Samantha Davies (Savéol); Louis Burton (Bureau Vallée); Jérémie Beyou (Maître CoQ); Zbigniew Gutkowski (Energa); Vincent Riou (PRB).
 

L'équipe
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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