
« On savait en quittant Dunkerque qu’on allait rencontrer une météo très incertaine, avec des zones de vent faible, beaucoup de transitions, de la pétole. On a été servi ! Quatre jours pour venir ! J’ai fait un bon début de course, puis ça s’est moins bien passé. Avant Le Havre, j’ai tergiversé et je me suis fait larguer par un paquet devant. J’ai un peu douté, mais je savais que la route était longue. Je me suis accroché, concentré à tirer les bons bords.
Après le Four, j’ai vu que j’étais en retard pour le Fromveur. J’avais prévu une voie dans les cailloux. J’y suis allé, et j’ai trouvé un peu de vent et j’ai commencé à voir les spis des premiers. Mais le vent est retombé entièrement et les bateaux au large ont passé la bouée de Sein et ont disparu à l’horizon. Mais je savais qu’il n’y avait pas de vent le long de la Bretagne. Je me suis reposé avant d’attaquer la dernière ligne droite. Il fallait être lucide pour bien naviguer. Les premiers ont ralenti et je me suis replacé et j’ai doublé des petits camarades. Je me retrouve en tête du paquet au sud de Belle Ile. J’ai cru à une nouvelle victoire d’étape, mais il y avait trois bateaux en dessous que je n’avais pas vu, qui étaient passés sous le vent de Belle Ile. J’étais concentré sur les bateaux les plus proches de moi au général et je n’ai pas vu qu’il en manquait trois, plus malins que nous et qui étaient très loin devant. J’ai vu Fred à l’AIS et j’ai compris qu’il devenait dangereux au classement général. Je me suis donné à fond pour glâner un max de temps car La Solitaire peut se jouer à pas grand chose. Je conserve 10 mn d’avance. Cela suffira t’il? On verra. Donc en fonction de la météo, s’il n’y pas trop de vent ni d’options, il faudra jouer stratégique avec Fred. Si la météo est complexe, avec les gros coefficients de marée, il y aura du match. On va repartir de nuit samedi, il faudra être vigilant. »