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Face aux concurrents qui, comme lui, relèvent ce pari fou, Damien fera son chemin avec le sextant ! Le marin, formé à la voile olympique (optimist, laser, 49er) et au Figaro sait tout des monocoques modernes. Il a même pu dessiner les yeux fermés le 60' PRB avec lequel Kevin Escoffier a participé au dernier Vendée Globe. C'est lui qui, en tant que boat captain de PRB, s'est occupé de ce bateau en carbone jusqu'aux dernières minutes avant le coup d'envoi. Mais aujourd'hui, il a choisi de s'élancer sur un bateau de seulement 11 mètres et privé de tout outil électronique... Confort minimaliste, cartes papier et sextant seront ses compagnons pour cette compétition qui défie tous les codes de la navigation moderne (pas d'ordinateur, pas d'aide à la navigation par satellite, pas de pilote automatique, etc). Damien crée la surprise car il n'est pas forcément celui qu'on imaginait se lancer dans une telle épopée. Mais c'est en véritable amoureux de la mer et passionné de compétition, qu'il va parcourir ces 30.000 milles à travers les trois caps.
C'est lors du village du Vendée Globe, en octobre dernier, que le projet a commencé à germer. Alors membre de l'équipe technique de l'IMOCA PRB, Damien Guillou s'entretient avec Jean-Jacques Laurent, Président de la PME vendéenne sur le mythique ponton des Sables d'Olonne. Ce dernier fait savoir à Damien qu'il souhaite réaligner un bateau PRB sur la Golden Globe Race et qu'il recherche un skipper. Concentré sur la préparation du 60 pieds, le Breton entend mais ne se projette pas immédiatement. "Quand Jean-Jacques Laurent m'a dit ça, nous étions dans la dernière ligne droite pour préparer l'IMOCA donc je n'ai pas vraiment réagi, même si cette proposition m'a évidemment interpellé. Suite à cette discussion, j'ai pris le temps de me renseigner sur les dates de la course et l'idée a progressivement fait son chemin. A ce stade, j'étais encore dans une réflexion personnelle. J'ai ensuite fait la démarche d'en parler à ma femme et j'en ai également discuté avec Paul Meilhat et Anthony Marchand, deux amis d'enfance qui me connaissent bien. Ce n'est qu'après avoir eu leurs points de vue que je suis revenu vers Jean-Jacques Laurent pour l'informer que je voulais vraiment me lancer dans ce projet, il m'a alors répondu " Go ! "
"Je me retrouve pleinement dans cette épreuve !"
C'est un défi totalement nouveau que Damien Guillou va relever l'année prochaine avec passion et envie. "Tous les critères sont réunis pour cette Golden Globe Race ! L'aspect course, mon amour des bateaux et de la mer, mon goût pour la préparation technique et l'aventure ! Même si cela peut paraître surprenant, je me retrouve pleinement dans cette épreuve ! J'avais suivi avec attention l'édition 2018, en me disant que c'était à la fois intéressant et audacieux, mais sans imaginer que je prendrais un jour le départ de cette course. Et le faire sous les couleurs du PRB signifie vraiment quelque chose pour moi, j'en suis très fier ! L'histoire continue d'une manière différente d'une certaine façon et je suis très heureux d'avoir le soutien de Kevin dans ce projet aussi. Son matelotage et ses conseils sont très précieux !" Soutenu dans sa démarche par Kevin Escoffier, Damien bénéficie de toute l'énergie de la " famille PRB ". Vincent Riou, ancien vainqueur du Vendée Globe sous les couleurs de PRB en 2004, accueillera le bateau de Damien dans sa structure pour le préparer. Le Rustler 36 acheté le mois dernier en Italie rejoindra Port-La-Forêt à la fin du mois d'avril.
Un projet de refit total
Le monocoque qui répond parfaitement aux critères stricts de la Golden Globe Race a été construit sur des plans dessinés avant 1988 (1980). Le voilier sera en construction pendant environ deux mois comme l'indique Damien : "Nous attendons encore les autorisations italiennes pour le transport exceptionnel qui se fera par la route. Le contexte sanitaire complique un peu les choses, mais cela devrait se débloquer rapidement. Dès que nous aurons reçu le bateau, il entrera en chantier pour un refit total. Pour l'instant, il est en configuration croisière. L'objectif sera de le mettre en mode course et cela nécessite des modifications importantes. Nous prévoyons une remise à l'eau fin juin afin que je navigue tout l'été pour le prendre en main et commencer à me qualifier pour les 2000 miles début septembre."
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Première étape : apprendre à utiliser un sextant
En attendant, Damien Guillou a commencé à apprendre le sextant... Une première étape indispensable pour cette Golden Globe Race. "Je suis parti deux jours en formation à Toulouse avec une personne passionnée de sextant qui en a fait son métier. Cela m'a permis d'acquérir les bases et depuis, je fais des exercices d'arithmétique presque tous les jours. Quand il fait beau, je vais aussi au bord de la côte pour faire quelques relevés. Le sextant peut être effrayant au début, mais il n'est pas écrasant ! En un rien de temps, j'ai réussi à me débrouiller ! J'ai hâte de mettre tout ça en pratique sur le bateau cet été ! " dit Damien déjà pleinement lancé dans son projet.
Pour Jean-Jacques Laurent, c'est la continuité d'une belle rencontre. "J'avais vraiment envie de revenir sur cette course. Nous avons participé à la première édition avec Philippe Péché. Et nous avons découvert un univers totalement différent de celui du Vendée Globe. Dans le Vendée Globe, nous sommes dans une dimension technologique et les choses doivent aller vite. C'est passionnant. Nous avons vu l'engouement suscité par l'édition qui vient de se terminer. Sur la Golden Globe Race, nous entretenons une relation avec le long terme ! C'est un tout autre défi, mais c'est tout aussi fascinant. C'est fantastique que Damien porte nos couleurs. Il faisait déjà partie de la famille PRB. C'est un grand marin. Il est très enthousiaste et a une approche très sérieuse. Je pense qu'il est très respectueux de faire partie de l'histoire de PRB avec les tours du monde. Il a toute notre confiance et aussi le soutien de Kevin, ce qui est évidemment important pour nous. C'est une très belle histoire qui commence en vue de cette course extrêmement difficile."