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Comment votre duo s'est-il formé ?
Samantha Davies : "Nicolas a été la première personne à me proposer de l’accompagner. Il était extrêmement motivé et pour moi, l’envie et l’enthousiasme sont très importants. Nicolas a énormément de talent, il a gagné deux Solitaire, ce n’est pas rien. Je sais qu’il connaît très bien les IMOCA puisque c’est un concurrent depuis quelques années déjà. Je cherchais quelqu’un qui pourrait m’apporter à moi, mais aussi à toute l’équipe d’Initiatives-Coeur. A ses côtés je voulais avancer, progresser, apprendre. C’était un de mes premiers choix de coéquipier pour cette année et j’étais très heureuse lorsque cela s’est confirmé."
Nicolas Lunven : "Samantha est une très grande navigatrice et le projet Initiatives-Coeur m’attirait beaucoup ! Je dois dire que je ne suis pas déçu... C’est un projet qui allie solidarité et défi sportif, une belle équation ! Et puis notre bateau n’était pas de toute dernière génération ! Mais nous avons pu constater sur la Rolex Fastnet Race que nous étions capables, malgré tout, de faire un parcours tout à fait honorable. Cela a tout de suite fait sens chez moi de m’impliquer dans quelque chose de solidaire. On remarque souvent ce type d’initiatives sur le Vendée Globe et tout au long de l’année. Initiatives-Coeur a réussi à apporter une vision qui est très parlante. Ce n’est pas seulement un programme qui profite de la visibilité qui lui est offerte durant les courses, non, c’est un vrai projet inscrit dans la durée."
Vos impressions face à cette 5ème place ?
S.D. : "Moi je suis très satisfaite, c’est la place que nous voulions. Nous nous sommes mis des objectifs avec Nicolas, nous souhaitions être le premier bateau « d’ancienne génération » et le défi a été relevé puisque devant nous il y a trois bateaux neufs et le Arkéa de Sébastien Simon, mais c’est un bateau d’ancienne génération qui a beaucoup plus d’optimisation récentes ! Donc je suis très fière de nous, je pense que l’on a rempli nos objectifs."
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Vous avez terminé devant des bateaux au potentiel similaire comme ceux d'Isabelle Joschke et de Romain Attanasio... Êtes-vous satisfaits ?
S.D. : "Oui, ce sont des concurrents directs et ce ne sont pas des bateaux faciles à battre puisque ce sont de très bons marins et des bateaux qui sont, comme Initiatives-Coeur, très bien optimisés, très bien entretenus, avec de grosses équipes autour. C’est donc une très grande satisfaction pour nous ! Mon mari était juste derrière, ça promet pour la suite (rires)."
N.L. : "Je partage les mêmes impressions que Samantha. Lorsque nous analysions le plateau au départ, nous pouvions difficilement espérer faire mieux que cinquième. Nous sommes même parvenus à battre quelques bateaux qui ont un potentiel supérieur au nôtre. C’était notre première compétition ensemble, donc au-delà de l’objectif purement sportif ce qui comptait aussi c’était d’en apprendre plus sur notre duo. Ça a été une excellente répétition en vue de la Transat Jacques Vabre qui va se courir à l’automne. Ça m’a permis de prendre mes marques sur le bateau, de voir que tout fonctionne. Il est fiable, efficace et opérationnel ! Nous le gardons dans ce bel état de forme jusqu’à la fin de l’année !"
La Fastnet Race était un premier test d’envergure, quel enseignement en tirez-vous ?
S.D. : "Cela fait peu de temps que nous naviguons ensemble puisque Nico était déjà engagé jusque là, donc nous n’avions pas vraiment eu d’entraînement avant. Ça a été génial pour moi de le voir se familiariser très rapidement avec le bateau. Je ne suis pas surprise, il a beaucoup d’expérience en IMOCA. C’était très rassurant. Et aussi, Nicolas m’a donné énormément de conseils auxquels j’essayais de ne pas être hermétique : cela fait longtemps que je navigue avec mon bateau, j’ai l’impression de très bien le connaître mais j’essaie aussi d’être ouverte d’esprit pour accueillir tous ses bons conseils et ainsi prendre un peu plus de vitesse."
Quels sont vos points forts ?
S.D. : "J’ai l’impression que nous sommes tous les deux à l’aise avec ce bateau qui est simple et fiable. Je touche du bois en disant cela puisqu’avec les IMOCA nous ne sommes jamais à l’abri de quelques surprises (rires). Je sens qu’il y a de la confiance et du respect entre nous et même si c’est le début de notre duo nous communiquons déjà très bien. J’ai été très satisfaite par la façon dont nous avons joué notre stratégie. Tout était toujours extrêmement fluide".
N.L. : "Avant le départ de la Rolex Fastnet Race nous avions du faire seulement trois navigations sur le bateau. Assez vite nous avons trouvé un fonctionnement efficace. Nous nous comprenons très vite avec Sam, nous savons où nous voulons aller. Je pense que nous avons tous les deux des qualités d’écoute, nous n’avons pas besoin d’échanger trop longtemps pour comprendre ce que veut l’autre. Cette coalition vaut plus que n’importe quel résultat sportif. C’est aussi ça la réussite du début de notre collaboration. L’équipe d’Initiatives-Coeur est aussi une grande découverte pour moi. Ils sont efficaces dans la bonne humeur, c’est très plaisant."
Est-ce qu’un épisode de la Rolex Fastnet Race vous a particulièrement marqué ?
S.D. : "Me concernant c’est le départ... Il s’est fait dans des conditions dantesques ! Je pense qu’en France nous n’aurions pas eu le droit de se lancer dans des conditions pareilles. La météo était mouvementée : 30 à 35 nœuds dans le Solent, 350 bateaux et la course est lancée quand même ! Cela fait beaucoup de bateaux dans une zone très restreinte. Ça m’a énormément marqué… J’étais stressée pour l’IMOCA, par les tirants d’eau du Solent, la présence du public. Mais nous étions à la fois très concentrés, nous avons fait les bons choix de voile et eu les bons réflexes pour minimiser les prises de risque à ce moment-là."
N.L. : "Nous avons vécu quelque chose de magique et c’est finalement ce qui participe au côté mythique de cette course. Le départ était tonique, très musclé. Les conditions de vent étaient extrêmement soutenues. Après quelques heures la météo s’est calmée et nous avons eu des conditions exceptionnelles de beau temps : un grand ciel bleu, un vent plutôt clément. Nous avons profité des couchers et levés de soleil. Le deuxième soir de course lorsque nous sommes arrivés à proximité de la côte irlandaise le panorama était majestueux."