America’s Cup 1958 / 1988 : des défis et une jauge mythique

Face à cette réalité économique et pour relancer sa « Cup », le New York Yacht Club cherche une solution. En 1956, soit 19 ans après le dernier défi, les responsables décident d’abandonner la « Classe J » trop coûteuse et de la remplacer par une nouvelle jauge : les 12m JI.
Les 12m JI : une jauge classique pour relancer la « Cup »
Lancée en 1907, la classe des 12m JI est loin d’être une nouveauté en 1956. Comme toutes les jauges internationales, celle-ci est complexe. Le but est tout d’abord de faire courir les bateaux en temps réel. Le premier qui passe la ligne est déclaré vainqueur ! Mais pour éviter une stricte monotypie qui bride les architectes et la recherche, la jauge est définie par une formule compliquée prenant en compte la longueur à la flottaison, la surface des voiles et des mesures à différents niveaux de la coque. Le résultat doit donner une longueur théorique exprimée en mètres. En logique, on imagine que ce résultat doit être de 12, pour justifier le nom de 12m de la jauge. Et bien, pas du tout… Pour être admis dans la jauge, le navire doit avoir une longueur théorique qui ne doit pas excéder les 12m à une vitesse maximale théorique calculée en fonction de la jauge. Concrètement, les bateaux mesurent entre 18 et 21m pour un déplacement de 30 tonnes. On est très loin des « Classe J » qui couraient la « Cup » jusque-là, des bateaux de 120 pieds (36 m) déplaçant 160 tonnes…
La jauge des 12m JI permet de dessiner des bateaux présentant des différences notables en termes de longueur ou de design. Ces voiliers vont offrir des régates incroyables jusqu’en 1987 et ce, pour onze des plus fameuses et légendaires America’s Cup !
Des éditions de l’America’s Cup qui se suivent… et se ressemblent !
La première édition de l’America’s Cup courue avec les 12m JI sera la 17e en 1958. Comme souvent depuis 1851, c’est un challenger anglais qui est à l’origine du défi. Et comme toujours depuis la première édition, le « defender » américain du New York Yacht Club l’emporte. Pour cette édition, le bateau s’appelle Columbia dessiné par Olin Stephens et son skipper n’est autre que Briggs Cunningham, l’inventeur du célèbre système de réglage des voiles éponyme… Suivra la 18e America’s Cup courue devant le président américain JFK. Pour la, première fois, le « challenger » est australien. Et il ne fera pas plus le poids que les précédents ! La « Cup » reste dans la salle des trophées du NYYC.
Des « challengers » de plus en nombreux…
La 21e édition de l’America’s Cup va se tenir en 1970. Le New York Yacht Club a reçu quatre défis différents venant d’Australie, de Grande-Bretagne, de Grèce et – pour la première fois – de France. Devant cet afflux de « challengers », le « challenger of record », le yacht club qui, le premier lance le défi, décide d’organiser une série de régates qui déterminera qui aura l’honneur d’affronter le « defender » américain. Un système qui perdure encore aujourd’hui. La « Cup » entre de plain-pied dans l’ère moderne… mais le vainqueur reste, encore et toujours le « defender » du NYYC !
Et, à la fin, ce sont les Américains qui gagnent jusqu’à… l’édition de 1983 !
1974, 1977, 1980 : les « challengers » cherchent désespérément à s’imposer, mais le « defender » du New York Yacht Club reste, à chaque fois, intraitable.
La 25e édition se tient en 1983. La régate des « challengers » oppose sept concurrents. Pour la première fois, elle est sponsorisée par Louis Vuitton et prend, pour longtemps, le nom de son mécène. C’est le bateau australien – Australia II - skippé par John Bertrand qui l’emporte. Il va donc être opposé au bateau vainqueur des sélections américaines, Liberty mené par Dennis Conner. L’America’s Cup se court toujours au meilleur des 7 manches. Les Australiens commencent mal et on imagine, une nouvelle fois, une facile victoire américaine. Pourtant… Les Australiens remontent et finissent par s’imposer 4 à 3 face au bateau du « defender » américain. C’est un séisme pour les passionnés du monde entier : après 26 défis victorieux l’America’s Cup quitte la salle des trophées du New York Yacht Club !
Direction Fremantle en Australie pour la 26e édition qui se dispute en 1987. Dennis Conner, veut absolument ramener la « Cup » aux USA. Il court sous le patronage du San Diego Yacht Club et emporte la coupe Louis Vuitton opposant 14 bateaux, un nouveau record. En finale face aux Australiens, Dennis Conner l’emporte largement 4 victoires à 0. Il devient ainsi le premier skipper à avoir perdu l’America’s Cup puis à la regagner…
Catamaran contre monocoque géant
En 1988 le Mercury Bay Boating Club situé en Nouvelle-Zélande lance un défi aux Américains du San Diego Yacht Club dans l’esprit originel de l’America’s Cup. Les Américains refusent ce défi. Mais la justice tranche et autorise la compétition.
Les Néo-Zed amènent un monocoque géant de 36,57m de longueur hors tout dans les eaux californiennes. Les Américains n’ont matériellement pas le temps de construire un bateau équivalent. Ils décident donc de concourir avec un catamaran baptisé Stars & Stripe US-1 de 18m dessiné par Gino Morrelli. Les Néo-Zélandais attaquent en justice pour faire invalider le bateau du « defender » américain. Là encore, la justice tranche et ordonne que la régate ait lieu. Dennis Conner l’emporte pour la troisième fois, 2 à 0. La « Cup » reste aux USA et pour éviter les procédures juridiques longues et coûteuses, une nouvelle jauge est définie. L’America’s Cup doit maintenant se disputer avec des bateaux issus d’une nouvelle jauge : les « Class America »…