
Mais en ce 8 mars, journée internationale des droits des femmes, nous avons une bonne nouvelle pour vous : les choses bougent ! Car les femmes se bougent… La preuve par la course au large : ce sport à nul autre pareil, qui exige autant d’endurance et de ténacité que de compétences techniques, met peu à peu en lumière une nouvelle génération de skippeuses.
Impossible n’est pas marinElles s’appellent Violette, Clarisse, Justine, Alexia, Isabelle ou Samantha et elles naviguent, sans peur et sans reproche, dans le sillage illustre de Florence Arthaud ou d’Ellen MacArthur. Elles prennent des risques aussi bien que la lumière, offrant aux voileuses en herbe d’aujourd’hui des images de femmes tenaces et performantes, aux antipodes des idées reçues et des filtres Instagram. Mais l’envers du décor est souvent plus proche de la course d’obstacles que du long fleuve tranquille.Sur le papier, la voile semble parfaitement égalitaire, puisque les hommes et les femmes concourent ensemble, avec les mêmes règles, les mêmes barèmes, les mêmes contraintes. Pourtant, les navigatrices ont longtemps été des exceptions plus ou moins bienvenues sur des pontons largement occupés par les hommes. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder les chiffres : sept femmes sur 138 inscrits lors de la Route du Rhum 2022, 14 partantes sur 90 candidats pour la Mini Transat 2023, six navigatrices sur 40 skippers au départ du Vendée Globe 2024 : soit respectivement 5,07%, 15,55% et 15%. Atteindre la parité dans la course au large, c’est comme doubler le cap Horn : un mythe difficile à atteindre…
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Quand on (en) veut, on peutMais ces dernières années, les femmes osent de plus en plus mettre les voiles, n’en déplaise à ceux qui leur mettent, consciemment ou non, des bâtons dans le gouvernail. Le défi des filles, lorsqu’elles se lancent dans la course au large, ressemble parfois aux quarantièmes rugissants : une succession de perturbations et de difficultés qu’il faut affronter une à une. Accès à la formation et au circuit professionnel, ancrage des stéréotypes dans la société, manque de sponsors, conciliation entre la carrière et la maternité : les vents contraires peuvent prendre de multiples visages.Pour une Florence Arthaud, vainqueure historique de la Route du Rhum en 1990, combien de petites filles découragées par les remarques de leurs équipiers, de leurs parents ou de leurs moniteurs dans la petite école de voile de leurs vacances ? De moins en moins, figurez-vous ! Car à l’autre bout de la chaîne, loin des podiums et des médias, les choses évoluent aussi. Les moniteurs sont de plus en plus sensibilisés à la mixité au sein des équipages (et à cette tendance hélas encore répandue de prendre l’écoute ou la drisse des mains de sa coéquipière de régate…), les équipementiers développent des vêtements de quart adaptés aux morphologies féminines, les écoles de voile sensibilisent aux violences sexistes et sexuelles... Et le résultat est là, puisque le nombre de pratiquantes féminises augmente au sein des jeunes générations.

L’image plus forte que les mauxLes sportives mobilisent une compétence que les clichés considèrent souvent comme « féminine » pour tracer leurs bords dans ce monde pas toujours tendre : nous voulons parler de la communication autour de la voile et des skippers, qui semble avoir complètement changé de cap depuis quelque temps. Les navigatrices osent se mettre en avant, parler de leurs écueils et leurs émotions…Et ça décoiffe ! Dans la presse ou sur les réseaux sociaux naissent de nouvelles voix, et donc de nouvelles voies, pleines de fraîcheur, de sincérité et de transparence. Comme si la force, enfin, n’excluait plus la vulnérabilité. Et la course au large a tout à y gagner ! Car au-delà des femmes, cette nouvelle visibilité permet de toucher de nouveaux publics, plus jeunes et plus connectés. Comme si enfin, la course au large osait suivre le vent… Fini les vieux loups de mer taiseux et taciturnes, place au grand sourire de Violette Dorange !