
Elles s'apprêtent à entrer dans le redoutable et redouté océan Indien, ses 70 560 000 km2 d'horizons liquides, (soit 13,83 % de la surface totale du globe terrestre), qui s'étend depuis le cap des Aiguilles (à quelques encablures dans l'est du Cap de Bonne espérance) jusqu'à la côte sud de la Tasmanie entre le South West Cape et le South East Cape. Une entrée scandée de nombreux "péages" dont l'équipage va devoir s'acquitter, à commencer par la négociation de ce courant des Aiguilles contraire à leur marche, et qui leur impose un long détour par le nord pour éviter l'infernale confrontation du vent avec la mer. Ce courant génère des tourbillons et des flux puissants jusqu’à près de 4 nœuds.
Alexia et ses équipières déploient, dans l'attente de conditions favorables pour réparer, des trésors d'énergie et d'imagination pour naviguer et progresser malgré ce handicap de hook de grand voile bloqué.
Alexia Barrier à Bonne Espérance :
"C'est un moment très fort pour nous, c'est notre premier cap sur ce tour du monde. C'est une frontière symbolique, une frontière où l'on quitte l'Atlantique et où l'on se prépare à entrer dans l'océan Indien. On sait que derrière ce cap, tout change, la mer, le vent, l'engagement. On regarde ça avec beaucoup de respect et on a hâte. En ce moment, l'enjeu principal, c'est la météo et l'état de la mer. On doit gérer des vents forts, une houle de travers d'environ 4 mètres et surtout le courant des Aiguilles. C'est un courant puissant et quand le vent souffle face au courant, ça lève une mer vraiment casse-bateau. En multicoque, c'est sans doute ce qu'il y a de plus exigeant, de plus stressant, être au vent de travers avec du vent et de la houle de travers.
Du coup, on travaille sur plusieurs options de route. L'idée principale, c'est d'éviter de naviguer avec le courant de face et sur une mer trop engagée, peut-être d'aller plus au nord du courant des Aiguilles.
Il y a des affaires à suivre pour ce qui est de la météo. Ça, ça se fait évidemment avec l'équipe de routage. On se parle régulièrement, on analyse, on compare, on essaie d'anticiper.
L'objectif, c'est d'entrer dans l'indien, dans la meilleure position. Avec notre histoire de hook, on est limité. On doit envisager quelle hauteur de grand voile. Savoir si on doit avoir un ris, une GV haute ou deux ris... on doit anticiper. Mais ça ne nous empêche pas d'avancer et à continuer cette navigation avec le sourire, évidemment. Même si ces dernières heures, ça n'a pas été toujours facile d'avoir les idées claires sur les choix qu'on a faits.
Il faut poursuivre l'aventure. Voilà, chacune a dû faire un peu de deuil de la vitesse et de nos ambitions de temps. Mais ça y est, je pense qu'on a passé cette vague-là."
Pensez à consulter les prévisions sur METEO CONSULT Marine.
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