Route du Rhum - Destination Guadeloupe : premières leçons d'avant-saison
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Contrairement à la classe Ultim, Imoca et Ocean Fifty font preuve d’une belle maturité, avec des circuits parfaitement organisés, leur permettant de monter en puissance avant le grand rendez-vous automnal. Mais quelles leçons tirer de ces premières épreuves ?
Imoca – Des confirmations qui posent question
Entre deux années à cinq manches, le championnat « Imoca Globe Series » n’en comporte que quatre en 2022. Chaque course revêt donc encore plus d’importance, à commencer par La première d’entre elles, la Guyader Bermudes 1000 Race partie de Brest le 8 mai dernier. En réalité, ce sont 1200 milles nautiques que les 24 concurrents au départ avaient à parcourir de Brest à Brest, en passant par le Fastnet et un waypoint au large du cap Finistère. Du petit temps, de la forte brise, puis une grosse bulle sur le golfe de Gascogne, les conditions météo ont été idéalement variées pour évaluer le niveau de tous les concurrents. Comme souvent ces deux dernières années, Charlie Dalin (Apivia) a survolé les débats, suivi de près par Jérémie Beyou (Charal). Si Thomas Ruyant (LinkedOut) n’avait pas dû abandonner, le trio infernal des saisons passées était bien parti pour mettre à nouveau tout le monde d’accord. Ils semblent au-dessus du lot mais, paradoxalement, ils vont tous trois changer de bateau en vue du prochain Vendée Globe. Cependant, seul Jérémie Beyou disposera de sa nouvelle monture pour la Route du Rhum. Si à long terme, à l’horizon 2024, cela pourrait être un avantage d’en disposer si tôt, en revanche, au départ de St Malo en novembre prochain, le skipper de Charal n’aura pas encore intégré tous les paramètres d’un nouveau bateau, qui plus est pas encore fiabilisé. Charlie, Thomas et d’autres pourraient en profiter. Car derrière la concurrence est affutée. Rendez-vous compte, seulement douze heures séparent le troisième, Louis Burton (Bureau Vallée), du 19ème Fabrice Amédéo (Nexans – Art et Fenêtres). Après ce galop d’essai, nous sommes quelque peu inquiets pour Nicolas Troussel (Corum l’Épargne) peu inspiré en début de course, bien revenu ensuite (6ème peu après le passage du Fastnet) mais victime d’une avarie de quille à mi-parcours, le contraignant à l'abandon. Agréablement surpris par Guirec Soudée (Freelance.com), l’aventurier, néophyte de la classe ayant tenu le rythme de marins plus aguerris. Il se classe finalement 16ème, entre Alan Roura (Hublot) et Pip Hare (Medallia), deux finishers du dernier Vendée Globe, à bord de bateaux au potentiel supérieur qui plus est. Enfin, nous sommes admiratifs de Nicolas Lunven (Banque Populaire) qui, pour sa première course finit 4ème, d’Isabelle Joschke (MACSF – 5ème) qui, sans changer de bateau elle, continue à progresser, de Benjamin Dutreux (Guyot Environnement – Water Family) qui n’a pas mis longtemps à comprendre comment faire avancer son nouveau 60 pieds, et d’Éric Bellion qui, pour son retour sur le circuit à bord du légendaire « Hubert » de Jean le Cam, signe une très belle septième place. Prochain rendez-vous le 12 juin aux Sables d’Olonne pour le départ de la Vendée Arctique. Saint Malo est encore loin, mais certains skippers ont indéniablement gagné des points dans l’indice de confiance.
Le circuit des trimarans de 50 pieds se nomme depuis l’an passé Pro Sailing Tour et ce nouveau nom lui sied à merveille. Certes ils n’étaient que sept pour l’épisode 1 de Bonifacio, mais le haut niveau affiché par tous les acteurs fait de cette classe l’une de plus passionnantes à suivre. Si l’an passé Leyton de Sam Goodchild avait remporté le championnat, c’est le benjamin de la flotte, Quentin Vlaminck sur Arkema qui remporte ce premier épisode. Sa victoire dans le défi 24h qui comptait triple a été décisive, même s’il menait au général avant le départ. Mais ses adversaires ont été plus que vaillants. Ainsi, les cinq premières manches ont connu quatre vainqueurs différents, seul Arkema, déjà, réalisant un doublé). Deux réserves cependant : le chavirage d’Armel Tripon, qui l’a privé de cette première manche rappelle aux skippers comme aux suiveurs, que ces trimarans restent très volages et qu’un accident n’est malheureusement jamais exclu. Est-ce que l’abordage, lors du départ de la quatrième manche, du Primonial de Sébastien Rogues par le GCA 1001 sourires de Gilles Lamiré, alors barré par Yvan Bourgnon va laisser des traces autres que deux flotteurs à réparer d’urgence ? On ne l’espère pas, tant la cohésion des skippers au sein de la classe ces dernières années a permis de l’amener à ce très haut niveau. En attendant St Malo, l’épisode 2 du pro Sailing Tour 2022 aura lieu à Brest à partir du 22 juin.