Par François Tregouet

Le 6 novembre prochain au départ de Saint-Malo, les trimarans Ultim seront visibles de loin avec leurs mâts culminant à plus de 35 mètres et leurs 450m² de voiles au près. En 1978, c’est un trimaran de 11,50 m seulement, portant 60m² de voile qui l’emportait. Le jeu risqué de la comparaison entre ces deux générations, livre la vision saisissante d’une évolution supersonique, en seulement 44 ans.

Les images du petit trimaran jaune terrassant le grand monocoque noir (21 mètres) de Michel Malinovsky pour l’emporter de 98 secondes après 4000 milles de course et 9 heures de régate bord à bord, ont fait le tour de la terre. Quelques milliers d’années après les conquêtes polynésiennes sur des pirogues à balancier, c’est le retour au premier plan des multicoques. Le dessin de Dick Newick, mis en œuvre par Walter Greene, ne pesait que deux tonnes. C’est l’un des tout premiers multicoques à être réalisé selon le procédé dit ‘West System’, soit un composite bois moulé / epoxy, renforcé de kevlar. Son rapport poids / surface de voilure était ainsi de 33,33 m²/tonne, un record pour l’époque, et qui reste d’actualité sur les trimarans géants actuels dont le déplacement est estimé autour de 15 tonnes, quand leur surface de voilure oscille entre 420 et 450 mètres carrés. Etonnant aussi, les ratios longueur/largeur d’Olympus et du dernier de la flotte Ultim, le trimaran SVR Lazartigue de François Gabart, sont exactement identiques : 1,39.

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© Photo SVR Lazartigue & Christian Février

Quatre fois la vitesse

Rien n’a changé alors ? D’un millénaire à l’autre, tout a changé en réalité. La longueur, la largeur, les surfaces de voilure ne forment que la partie visible d’un énorme iceberg. Mike Birch avait mis plus de 23 jours pour relier Saint-Malo à Pointe à Pitre. Il n’a fallu que 7 jours et 14 heures à Francis Joyon pour l’emporter en 2018. La vitesse moyenne du Canadien sur la transatlantique avait été de 7,16 nœuds, quand sur la dernière Finistère Atlantique, le Maxi Edmond de Rothschild a parcouru 4 132 milles à la vitesse affolante de 27 nœuds, presque quatre fois plus rapide ! La longueur et la rigidité de l’ensemble tout carbone de la plateforme, les foils (400 kg l’unité quand même) qui limitent le contact avec l’eau au minimum, expliquent l’énorme écart de performance. Mais encore plus abyssale est la différence de moyens entre Mike Birch le solitaire jusque dans sa préparation et les équipes Ultim de 2022, véritables PME d’une vingtaine de personnes avec un spécialiste pour chaque poste clé. Hors amortissement de la construction, dont le coût varie de 12 à 17 millions d’euros selon les estimations, leur budget de fonctionnement annuel peut atteindre 5 millions d’euros. A titre de comparaison, le budget alloué par Olympus en 1978 pour une Route du Rhum qui s’avérera victorieuse, était de 25 000 francs soit 3 810 euros actuels !

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© Photo DR et MULTI.media

Barre franche contre cockpit d’avion

Oui les budgets ont explosé en même temps que la performance, avec des mâts aile en carbone haut module qui frôlent le million d’euros, des foils à 500 000 euros la paire et des jeux de voile dont les membranes sont moulées en trois dimensions pour un budget équivalent. Alors qu’il n’y avait pas, ou peu d’électronique à bord d’Olympus, les pilotes automatiques ultrasophistiqués, l’électronique, l’informatique embarquée, l’analyse météo à bord et à terre, jusqu’à la nourriture du marin devenu athlète de haut niveau, aucun domaine n’a échappé à une évolution radicale en moins d’un demi-siècle. New-York est toujours à 8 heures d’avion de Roissy, Saint-Malo à 4,5 heures de route de Paris, mais Pointe-à-Pitre n’est plus qu’à sept jours de mer de la Bretagne à la voile ! Mike Birch menait son A Capella à la barre franche seulement protégé par son ciré jaune. François Gabart pilote littéralement son trimaran Ultim, protégé d’un vent apparent très souvent supérieur à 40 nœuds, à l’abri d’une bulle d’avion de chasse. Une chose cependant semble invariable, la passion pour la mer et la course au large qui anime les skippers à quarante ans d’intervalle. Et, nous irons en Guadeloupe nous en assurer, la même barbe et le même regard pétillant sur la ligne d’arrivée !

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…