1978-2022 : Olympus vs Ultim, une révolution
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Les images du petit trimaran jaune terrassant le grand monocoque noir (21 mètres) de Michel Malinovsky pour l’emporter de 98 secondes après 4000 milles de course et 9 heures de régate bord à bord, ont fait le tour de la terre. Quelques milliers d’années après les conquêtes polynésiennes sur des pirogues à balancier, c’est le retour au premier plan des multicoques. Le dessin de Dick Newick, mis en œuvre par Walter Greene, ne pesait que deux tonnes. C’est l’un des tout premiers multicoques à être réalisé selon le procédé dit ‘West System’, soit un composite bois moulé / epoxy, renforcé de kevlar. Son rapport poids / surface de voilure était ainsi de 33,33 m²/tonne, un record pour l’époque, et qui reste d’actualité sur les trimarans géants actuels dont le déplacement est estimé autour de 15 tonnes, quand leur surface de voilure oscille entre 420 et 450 mètres carrés. Etonnant aussi, les ratios longueur/largeur d’Olympus et du dernier de la flotte Ultim, le trimaran SVR Lazartigue de François Gabart, sont exactement identiques : 1,39.
Rien n’a changé alors ? D’un millénaire à l’autre, tout a changé en réalité. La longueur, la largeur, les surfaces de voilure ne forment que la partie
Oui les budgets ont explosé en même temps que la performance, avec des mâts aile en carbone haut module qui frôlent le million d’euros, des foils à 500 000 euros la paire et des jeux de voile dont les membranes sont moulées en trois dimensions pour un budget équivalent. Alors qu’il n’y avait pas, ou peu d’électronique à bord d’Olympus, les pilotes automatiques ultrasophistiqués, l’électronique, l’informatique embarquée, l’analyse météo à bord et à terre, jusqu’à la nourriture du marin devenu athlète de haut niveau, aucun domaine n’a échappé à une évolution radicale en moins d’un demi-siècle. New-York est toujours à 8 heures d’avion de Roissy, Saint-Malo à 4,5 heures de route de Paris, mais Pointe-à-Pitre n’est plus qu’à sept jours de mer de la Bretagne à la voile ! Mike Birch menait son A Capella à la barre franche seulement protégé par son ciré jaune. François Gabart pilote littéralement son trimaran Ultim, protégé d’un vent apparent très souvent supérieur à 40 nœuds, à l’abri d’une bulle d’avion de chasse. Une chose cependant semble invariable, la passion pour la mer et la course