Chez les Ocean Fifty, on commence seulement à souffler

Quentin Vlamynck (Arkema) conserve les commandes de la flotte, mais derrière, l’envie ne manque pas pour réduire l’écart. Dans ce vent de Nord-Ouest instable, les concurrents vont devoir négocier une zone de vents faibles avant d’attraper les alizés ce début de semaine prochaine… Les stratégies se mettent en place, il va y avoir du jeu jusqu’en Guadeloupe !
Sébastien Rogues (Primonial)
« _Vivement que l’on sorte de se merdier et que l’on aille vers la Guadeloupe. On a eu un passage de front avec 3-4 mètres de creux. Ça me fait marrer ceux qui disaient qu’on aurait pu y aller dans 6 mètres de vagues sur les premiers fronts si le départ n’avait pas été décalé. Franchement, quand tu vois la nuit que l’on a passée, s’il avait fallu passer avec deux fois plus gros… cela aurait été de l’inconscience. Mais ça s’est bien passé ! On a réussi à en sortir sans rien casser et maintenant nous nous dirigeons le plus vite possible dans l’anticyclone des Açores.
J’ai appris pour Thibaut (Vauchel-Camus), il y a dix minutes. Forcément, mes pensées vont vers lui. On m’a dit aussi qu’il était safe, et ça c’est vraiment le plus important. Je lui donne tout ce qu’il me reste en énergie pour qu’il s’en serve. Je suis triste pour lui.
Dans un front à bord d’un Ocean Fifty, c’est comme dans une machine à laver pendant des heures, où tu te fais expulser de partout là où tu es assis ou couché. Et tu attends gentiment que le vent bascule pour pouvoir virer. Ce matin, la mer commence tout juste à se calmer maintenant. On commence à avoir des parties un peu plus cool. On a réussi à se reposer un petit peu. Nous allons vers des vents plus faibles_ ».
Armel Tripon (Les P’tits Doudous)
« Je vais commencer à me détendre un peu. Il y a encore des rafales à 20-22 nœuds avec un vent moyen de 18 nœuds et de la mer de face. La mer est un peu merdique, pas très bien rangée, mais cela va s’améliorer au fur et à mesure que nous allons gagner dans le Sud. Hier, le front est passé très vite, c’est monté à 33 nœuds au plus fort, ce qui est déjà beaucoup pour nos petits bateaux avec une grosse mer. Cela s’est bien passé pour moi, j’avais anticipé comme tout le monde, avec 2 ris et le J3, la plus petite voile devant. Juste quand j’ai passé le front j’ai appris que Thibaut (Vauchel-Camus) avait cabané. Cela fait froid dans le dos, et cela a mis un coup de frein énorme. La mer était mauvaise, je suis resté une partie de la nuit la pédale sur le frein.
Je suis assez content de mon positionnement, je reste dans le paquet, même s’il y a un peu d’écarts aujourd’hui. Maintenant, il va falloir s’arracher amoindrir cet écart. Je suis dans le coup, je fais ma trace, mon jeu, ça me va bien. En revanche, le bateau est inconfortable au possible, je m’en prends plein la gueule, c’est fatiguant, j’ai hâte d’être au portant ! Mon bateau est particulier, je suis terré dans une niche, recroquevillé, à genoux, mais j’ai amélioré le truc, j’arrive à m’allonger maintenant. »
Erwan Leroux (Koesio) par message vocal
« On a eu au beaucoup de mer et j’ai dû prendre 40 nœuds au passage du front. La mer était vraiment dégueulasse, et c’est ça qui est dur pour le bateau. Tu te demandes comment il fait pour résister. Je suis un peu secoué par le chavirage de Thibaut (Vauchel-Camus). Il faisait une belle course jusqu’à présent. On ne sait pas ce qui s’est passé, mais c’est dommage. J’espère qu’il va réussir à vite s’en sortir. Les conditions ont été hyper instables toute la nuit, c’était un peu l’horreur. Ce n’était pas simple de trouver le bon tempo. J’essaye de mettre un peu plus de charbon ce matin. On devrait avoir un peu moins de mer et j’espère que ça va cavaler un peu un mieux. J’ai hâte de pouvoir faire le tour du bateau et m’assurer que tout est clair. »