Par Figaronautisme.com / RDR2022

Ce samedi, alors qu’Arthur Le Vaillant (Mieux) est en passe de rallier Pointe-à-Pitre et ainsi de boucler les 3 542 milles du parcours de cette 12e Route du Rhum – Destination Guadeloupe en 6e position chez les Ultim 32/23, les alizés, toujours très instables, continuent de donner fil à retordre aux solitaires en approche de l’arc Antillais.

Les leaders des classes Ocean Fifty et IMOCA continuent en effet d’enchaîner les manœuvres et tentent de se frayer le meilleur chemin vers la Région Guadeloupe au gré des grains et des incessantes petites oscillations du vent. La tâche n’est pas facile mais, bonne nouvelle, il sera bientôt l’heure d’un dernier empannage avant d’entamer un dernier long bord tout droit en direction de la pointe nord de l’île Papillon. Un long bord en bâbord amure que, plus au nord, le gros du peloton des Class40 a d’ores et déjà débuté et qui fait la part belle à la vitesse malgré d’importantes différences de pression en fonction des placements des uns et des autres.

Ce samedi matin, si Arthur Le Vaillant est en approche de l’arrivée et s’apprête, à son tour après Charles Caudrelier (Maxi Edmond de Rothschild), François Gabart (SVR – Lazartigue), Thomas Coville (Sodebo Ultim 3), Francis Joyon (IDEC Sport) et Yves Le Blévec (Actual Ultim 3), à boucler le parcours de cette 12e Route du Rhum – Destination Guadeloupe, tous les regards sont avant tout tournés sur le joli duel qui se joue chez les Ocean Fifty entre Quentin Vlamynck (Arkema) et Erwan Le Roux (Koesio) que seuls 18 milles séparent ce matin, à moins de 30 heures de leur arrivée à la Tête à l’Anglais. Jamais depuis le début de la course le match n’a été aussi serré dans cette classe. Les dernières longueurs s’annoncent donc sous haute-tension pour les deux marins, ce qui n’est évidemment pas pour déplaire aux observateurs. « C’est un peu énervant d’avoir Erwan sur les talons d’autant que la météo est compliquée. Depuis quelques heures, les grains sont très réguliers. Toutes les demi-heures, il y en a un qui passe. Ça rajoute beaucoup de manœuvres. La navigation dans les alizés n’est vraiment pas simple. J’essaie de me reposer tant bien que mal et surtout, je contrôle mon adversaire. Pas question de le laisser partir dans un coin », a commenté Quentin Vlamynck qui compte ainsi conserver l’avantage d’ici à l’atterrissage sur la Guadeloupe, mais qui redoute naturellement le tour de l’île prévu dans la journée de demain. « La trajectoire est assez claire pour rejoindre les Antilles. Dans la matinée, on va empanner et filer plein sud vers la pointe nord de Grande Terre. Ensuite, il faudra être patient et faire gaffe. Il va y avoir du match jusqu’à l’arrivée. Ces dernières 30 heures, il va falloir y aller à fond ! », a complété le skipper d’Arkema qui rêve plus que jamais de la victoire à Pointe-à-Pitre, mais qui va devoir contenir les attaques de son rival jusque dans les derniers milles.

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© Photo © Kevin Escoffier / Holcim - PRB

Trouver le bon chemin et préserver la machine jusqu’au bout

Si le jeu est serré en Ocean Fifty, il l’est tout autant du côté des IMOCA où, en tête de flotte, Thomas Ruyant (LinkedOut) et Charlie Dalin (Apivia) se rendent coup pour coup avec un léger avantage pour le nordiste qui compte, ce matin, un bonus de quinze milles sur son principal concurrent et un matelas de 70 milles sur la paire Jérémie Beyou (Charal) – Kévin Escoffier (Holcim – PRB), en embuscade. « Ça continue de tirer des bords. Une chose est sûre : on va être au point sur les empannages en arrivant à Pointe-à-Pitre ! », a plaisanté Beyou lors de la vacation matinale. Comme les autres, ce dernier tente de se frayer la meilleure trajectoire possible vers les Caraïbes mais l’exercice reste complexe, à l’image des jours précédents. « On essaie de trouver le bon chemin dans les alizés mais ils sont très changeants. Ils sont montés d’un cran en termes d’intensité, mais ils ne sont toujours pas super stables. On joue à prendre les petites bascules, les petites accélérations, les nuages… Il y a de quoi faire ! », a relaté le skipper de Charal qui continue de rivaliser dans le trio de tête et joue des coudes, ce matin, avec Kévin Escoffier. « Je suis à vue avec lui. Je viens d’empanner, il a suivi. Il est à une petite dizaine de milles. C’est stimulant mais ça oblige à pousser fort pour essayer de le distancer », a ajouté le marin de la baie de Morlaix tout de suite très à l’aise lorsque le vent devient un peu plus consistant. « Dans le medium, j’ai du mal à trouver la vitesse mais ça va mieux à mesure que la brise rentre. Le bateau devient plus facile », a concédé Jérémie Beyou qui compose, dans l’immédiat, avec un flux oscillant entre 16 et 18 nœuds sur une mer relativement désordonnée, mais qui s’attend à un renforcement du vent dans les prochaines heures. « Il va falloir continuer de faire attention au bateau car il ne faudrait pas tout gâcher en faisant une bêtise, en tirant trop dessus ou en réglant mal le mât, notamment lors du dernier bord tout droit, demain, qui s’annonce capital. En attendant, il reste un peu de travail, avec des derniers recalages à faire. Ça n’a rien d’évident », a terminé le navigateur.

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© Photo Antoine Carpentier

Continuer d’y croire

Même constat du côté d’Antoine Carpentier (Redman) en Class40, pourtant situé bien plus au nord. « C’est très instable en force et en direction depuis quelques jours. Même à quelques milles d’écart, on n’a pas forcément les mêmes vents. Chacun fait avec ce qu’il a », a commenté le vainqueur en titre de la Transat Jacques Vabre, alors pointé en 5e position avec un écart au leader, Yoann Richomme (Paprec Arkea), qui ne cesse de s’accentuer, pour lui comme pour les autres. « Ça fait mal de le voir se barrer comme ça. On est un peu impuissant. J’ai tout essayé aujourd’hui, avec plein de combinaisons de voiles différentes. Je me suis bien pris la tête mais le fait est qu’il y a plus de pression devant », a expliqué le marin. « C’est un peu frustrant d’être dans cette situation où la course semble nous échapper », a ajouté Antoine Carpentier. D’ici à l’arrivée, les perspectives de recoller au score ne sont pas flagrantes même si tout reste toujours possible. C’est d’autant plus vrai que sur les 1 400 milles qu’ils restent à parcourir, la vitesse va primer sur la stratégie. « Comme on est très nord, on va rester en bâbord amure jusqu’à l’arrivée. On est sur un long bord un peu tout droit qui va durer quatre jours, tantôt sous spi, tantôt sous gennaker en fonction des petites variations du vent. Dans ce contexte, le but est de faire marcher le bateau le plus rapidement possible, en espérant que ça s’effondre un peu devant et qu’on puisse revenir. Les fichiers ne sont pas exacts et si ça se trouve, demain ou après-demain, ce sera à notre tour d’avoir plus d’air !», a conclu le skipper de Redman.

Ce qu’il faut retenir :

-Une arrivée est prévue ce samedi 19 novembre en Région Guadeloupe. Arthur Le Vaillant, le skipper de l’Ultim 32/23 Mieux, est effet attendu à la Tête à l’Anglais entre 8h et 10h (heure de Paris) puis quelques heures plus tard sur la ligne au large de Pointe-à-Pitre.

-Mikaël Mergui a annoncé son abandon hier en fin de journée. Confronté à divers problèmes techniques qui l’ont conduit à effectuer deux escales techniques à Camaret-sur-Mer puis à La Corogne, le skipper du Class40 Centrakor a définitivement renoncé à la course à la suite de problèmes de batteries.

-Au total, 27 abandons ont été signalés. Il reste donc 106 bateaux en course.

-Corentin Douguet (Quéguiner – Innoveo) a résolu le problème de moteur qu’il le contrariait depuis le départ de Saint-Malo. Finis donc les problèmes d’énergie pour le navigateur, qui lutte pour une place sur le podium en Class40, et qui va ainsi pouvoir se concentrer pleinement sur sa course.

-Très belle nouvelle pour Tanguy Le Turquais. Le skipper de l’IMOCA Lazare et sa compagne Clarisse Crémer sont désormais parents d’une petite fille.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…