

Lors de la vacation radio de ce matin à 6h, Paul Morvan nous explique en quoi consiste ce passage de la dorsale et son choix tactique :
« Pour ma descente vers la pointe de l'Espagne j’ai un angle de vent à ne pas dépasser. Sinon je vire. Je descends un petit peu en escalier vers l'Espagne et demain on va vraiment rencontrer une zone sans vent qu’on appelle une dorsale. Il va falloir que je la traverse et le but est de rester le moins de temps possible dedans afin de récupérer le vent de nord-est qui est derrière, le long de la côte espagnole. Le but est de s’échapper rapidement de cette zone sans vent et de trouver le bon passage. On a le choix d’y aller plus tôt avec le problème d’y rester coincé un peu plus longtemps ou de pousser le plus loin possible dans le vent que nous avons actuellement et on traverse plus loin. Pour le moment je n’ai pas encore une idée bien claire de là où je veux passer ».
Une question que se pose l’ensemble de la flotte mais le positionnement des uns et des autres préfigure de la suite. Pour le moment, l’avantage du groupe de l’est, qui, au fil de la nuit, est devenu le groupe du sud, joue en bordure, tandis que le groupe plus au nord bénéficie d’un vent plus soutenu tout en ayant concédé du terrain.
Le profil de la journée sera identique aux dernières heures, virements, virements et virements afin de bien se présenter, en fin de journée ou dans la nuit, au point de bascule de la dorsale.
« Nous sommes en train de traverser le golfe de Gascogne, on fait du sud actuellement pour aller chercher une dorsale qu'on va traverser dans la journée ou dans la soirée. On avance tranquillement mais le vent molli un petit peu.
Les conditions sont plutôt propices pour se reposer et bien manger et je me réveille quand il faut régler le bateau », confie Charlotte Yven (Skipper Macif 2023).
Charlotte Yven navigue actuellement aux côtés de Jules Ducelier et Paul Morvan. Elle est actuellement cinquième au classement provisoire et à dans son tableau arrière Alexis Loison, qui a réussi l’incroyable exploit de remonter de la 34e place, suite à son départ prématuré, à la 6e. Romain Bouillard (Décrochons la lune), très à l’aise depuis le début de cette deuxième étape savoure ces moments. « J’ai une bonne vitesse et depuis le début je joue dans le groupe de tête. En revanche la voile est un sport ingrat, c’est un peu comme au tennis, on peut perdre un match mais en ayant l’impression d’avoir fait un bon match. Pour le moment j’ai l’impression de bien naviguer et de bien me battre ».
Leader de flotte, Jules Ducelier navigue actuellement à 270 milles de l’arrivée et devrait être le premier à se lancer dans cette périlleuse traversée de la dorsale. « Le vent a franchement molli, on joue avec la dorsale qui est dans notre sud et qui nous coupe la route pour aller à Vigo mais sans rentrer y rentrer. Il faudra pourtant la franchir. On joue au jeu du chat et de la souris avec le vent. Le confort à bord n’est pas terrible avec cette grosse houle, on n’arrive pas dans la nuit à distinguer les vagues ». confie Jules Ducelier.
L’enjeu de cette journée de mercredi est bel et bien ce franchissement à haut risque pour gagner dans le sud et récupérer le plus vite possible le vent de nord-est qui poussera, sous spi, les concurrents vers Vigo. Mais la suite de la course n’est pas aussi limpide que cela. L’atterrissage sur la côte ouest de l’Espagne réserve encore quelques difficultés avec une grosse zone de pétole à combattre.