Transat Café L'Or : la musique, les livres et les podcasts des marins en mer
Du temps libre ? Quel temps libre ? Depuis le top départ, difficile de trouver du répit. Les jours s’enchaînent avec pour chacun leur lot de péripéties, de difficultés, de petits soucis techniques et de choix stratégiques. Dès lors, au fil de ce marathon aux allures de sprint de chaque instant, est-ce qu’il reste du temps pour autre chose ? « Entre les réglages, la stratégie météo, c’est très rythmé pendant les quarts et quand on a du temps on en profite pour se reposer, se faire à manger ou une petite toilette », confie Pierre-Louis Attwell (Vogue avec un Crohn) lors des vacations. « Le temps, on l’utilise essentiellement pour nous reposer, ajoute Laurent Bourgues (Mon Bonnet Rose). Et quand les conditions le permettent, c’est douche, brossage de dents et petits trucs à grignoter pour l’apéro ».
« Quand on est gité à plus de 25° comme ce matin, on ne peut pas faire grand-chose pour s’évader », corrobore Mikael Mergui (Centrakor Hirsch). Quelques minutes plus tôt, il a tenté de se préparer un petit déjeuner, du Muesli lyophilisé et a dû s’employer pour « ne pas s’ébouillanter ». Le Sudiste a une belle expression à propos du temps libre au cœur d’une transatlantique : « c’est sûr que le soir on préférerait être dans son salon avec un chat sur les genoux et en mettant des bûches dans le feu ». Et il ajoute dans un éclat de rire : « mais on est là pour ça ! »
« S’aérer l’esprit et rester focus »
Le constat est identique dans les autres classes. « En fait, on est tout le temps occupé parce qu’on passe beaucoup de temps à veiller, précise Nico d’Estais (Café Joyeux). Entre tes réglages, le trafic, les bateaux qui ne sont pas visibles à l’AIS, il y a toujours quelque chose à surveiller ». Une vigilance encore plus accrue à bord des multicoques. Sur Mon Bonnet Rose, Laurent Bourgues et Arnaud Vasseur ont même arrêté d’écouter de la musique pendant les quarts. « J’en écoutais beaucoup dans mes courses avant mais l’engagement est tel qu’on ne peut pas vraiment se déconnecter du bateau, on aurait l’impression de prendre trop de risques », reconnaît Laurent.
Mikael Mergui, lui, a pris des podcasts mais n’en a pas écouté un : « il faut attendre que les conditions soient plus cool ». En revanche, son coskipper Kenny Piperol aime écouter de la musique de temps en temps. À bord de Vogue avec un Crohn, la consommation de podcasts est beaucoup plus conséquente. Pour Pierre-Louis Attwell, c’est l’occasion « de s’aérer l’esprit » et « de rester focus sur la course sans en faire une overdose ». Lui a un faible pour les podcasts d’actualité (dont celui du Parisien), son coskipper Maxime Bensa préfère « les interviews de personnalités ». « On en parle entre nos deux quarts, sourit Pierre-Louis. Hier, c’était Carlos Gohos et sa fuite du Japon ». De son côté, Nico d’Estais, explique être dans « une phase mythologique ». Chaque jour, il écoute au moins un podcast signé France Inter (Quand les dieux rôdaient sur terre) à propos de l’Odyssée d’Ulysse. « Ça rend les nuits un peu plus agréables, surtout quand on file sur mer plate... Ça peut emmener l’esprit très loin ».
Les conseils lecture de Louis et Alexandre
D’autres skippers optent pour des livres ou des films. Mais là encore, c’est le temps qui manque. Laurent Bourgues avoue ne pas avoir ouvert celui qu’il a embarqué. De leurs côtés, Louis Mayaud et Alexandre Bellangé (Belco-CEC) ont attendu le 3ème jour de course pour en profiter. Alexandre a regardé « F1 », le film avec Brad Pitt. Il a aussi embarqué deux livres de Victor Hugo dont Les Misérables : « en tant que skipper et chef d’entreprise, on est toujours focalisé sur l’avenir et ça fait du bien, aussi, de profiter des trésors que le passé nous offre ». Son coskipper Louis a embarqué un autre livre : la bible.
« Comme il y a beaucoup de pages, je sais que je n’irai pas au bout jusqu’à l’arrivée, s’amuse-t-il. Plus sérieusement, l’océan nous offre beaucoup d’enseignements et de profondeurs et je trouve que la bible le permet aussi ». Le marin a aussi pris un ouvrage de Romain Gary dans son sac et « des romans d’aventures ». Autant de récits à savourer alors qu’il s’attache, comme tous les autres skippers de la TRANSAT CAFÉ L’OR Le Havre Normandie, à écrire sa propre histoire.