Transat Café L'Or : faites vos jeux !
ULTIM : Le match retour
120 milles de mieux en 24 heures ! Même si depuis hier, le plus rapide est Actual Ultim 4 qui a profité d’un vent plus à droite pour signer 705 milles sur la journée sans rupture de trajectoire, le plus menaçant est ce matin Sodebo Ultim 3 qui a diminué par plus de deux son retard sur SVR Lazartigue. « On ne s’économise pas depuis le début avec Thomas et on va continuer à tout donner ! » disait ce matin Benjamin Schwartz à la vacation. « L’élastique risque de se retendre après le Pot au Noir retour dans lequel on vient de rentrer, mais on reste à l’affût ».
Toute la journée d’hier, les deux trimarans de tête ont multiplié les empannages le long de la zone interdite qui borde les côtes du Brésil et de Guyane. Une navigation sous tension que décrit très bien le co-équipier de Thomas Coville : « Avec le J0 bordé à fond, tu es toujours à la limite. Quand le bateau se met à gîter, tu as le risque de chavirer mais tu retardes au maximum le déclenchement du système antichavirage qui choque la GV car après c’est cinq minutes sur la colonne à reborder ! »
Nettement moins violent que le Pot au Noir de l’aller, la zone de transition permet pour l’instant à SVR Lazartigue et Sodebo Ultim 3 de continuer de faire route à plus de 25 noeuds de moyenne, « même si les grains ont l’air de se décaler et de gonfler vers le Nord « dit Benjamin qui espère être revenu dans l’hémisphère Nord météo « dans une dizaine d’heures »
Il restera alors moins de mille milles sur un bord ou presque pour une dernière explication avant l’arrivée, toujours prévue jeudi soir.
Ocean Fifty : La dure loi du sport mécanique
Un grain de sable suffit à gripper les machines quand elles sont menées à ce niveau. Alors qu’hier soir, Edenred semblait toujours le patron incontestable de cette Route du café, empannant le premier et suivi par toute la flotte dans sa trajectoire, la fusée rouge a ralenti quelques heures plus tard.... Patatras, la queue de malet (le tangon frappé sur le bras arrière) qui permet de border le grand gennaker a explosé aux alentours de minuit. C’est Emmanuel Le Roch qui raconte dans un vocal envoyé à son équipe: « En cassant sous pression, elle est venue exploser la barre de liaison des safrans. On a libéré, coupé et fait un manchon avec la canne à algues qui est aussi en carbone qu’on a collé et vissé. On est reparti avec le J.05 (gennaker de capelage NDR) en tribord amures. On est bien dégoûtés mais c’est comme ça...»
Sur ce bord qui sera suivi 80 % du temps d’ici l’arrivée, Edenred 5 ne peut donc plus naviguer sous grand gennaker, qui permet d’aller plus vite et donc avec un meilleur angle de descente dans le vent... Il ne pourra plus envoyer cette voile clef que sur les petits bords de racolage vers le Sud et voit ses chances de victoire, voire de podium s’envoler...
Message audio de Emmanuel Le Roch pour expliquer leur mésaventure de cette nuit
Viabilis Oceans qui s’est emparé de la tête dans la nuit navigue trois bons nœuds plus vite que le leader d’hier. Baptiste Hulin et Thomas Rouxel ont désormais comme meilleur concurrent Wewise à 16 milles derrière eux, un peu dans leur Nord. Le tandem qui s’était arrêté en Manche le lendemain du départ a fait un superbe retour, profitant du ralentissement des leaders entre Madère et les Canaries. En position de chasseur depuis près de 10 jours, Baptiste et Thomas vont devoir maintenant défendre leur leadership sur les 1000 milles qu’il leur reste ! ETA dans la nuit de jeudi à vendredi.
IMOCA : Très gros rythme
Ils vont plus vite au portant que les Ocean Fifty ! A plus de 25 nœuds de moyenne, Charal continue de mener un train d’enfer en tête de flotte, abattant plus de 600 milles dans la journée d’hier. Mais derrière, personne ne lâche le morceau. Si ce n’est Team Snef - TeamWork, bateau d’ancienne génération (2018), qui hélas n’a pu tenir le rythme ces dernières 24 heures dans ces conditions...
Ambiance musclée à bord de Team Snef- TeamWork
Le quintet de prétendants à la victoire s’est donc mué en quatuor ce matin, avec 11th Hour Racing et Allagrande Mapei en position d’outsiders et un gros match qui se confirme entre Charal et Macif Santé Prévoyance. Ces deux-là ne sont distant que de 25 petits milles, une heure de route à la vitesse où filent les IMOCA en ce moment. Macif Santé Prévoyance navigue avec un compromis un peu plus lofé que Charal qui descend mieux, si bien que lorsqu’ils sont sur le même bord, la navigation génère rapidement de petits écarts en latéral. Jérémie Beyou le sait bien mais affirmait ce matin à la vacation « ne pas être dans le calcul par rapport aux poursuivants », concentré sur la marche de son IMOCA. «C’est très ambivalent. Il faut y aller en force car c’est un truc de bourrin de faire marcher le bateau comme ça et à la fois, il faut être très fin dans le choix de trajectoire ».
Alors, empannera, empannera pas ? « C’est la question du jour ! Certains modèles disent qu’on aurait déjà dû y aller, d’autres disent d’attendre. Je suis en plein dedans avec le chargement des fichiers qui minorent l’alizé mais sont quand même assez fiables. A droite (Au nord), tu joues la bascule, à gauche (au Sud), tu à un eu plus de pression, il faut arbitrer avec ça » disait sans trop en dire Jérémie en vieux briscard. Le skipper de Charal avait en tous cas les idées claires et une voix nettement plus apaisée que la veille à la même heure. « Malgré les hautes vitesses, on a pu reprendre le rythme des quarts avec Morgan. On alterne toutes les deux heures car le corps a besoin de se relâcher ».
Class40 : Derrière le front, des options !
Ils ne sont qu’à mi-chemin entre l’Espagne et les Açores et c’est pour l’instant une course de gros bras qui est proposée aux Class40. Du près, du près, encore du près. Le premier front sérieux de la course des petits monocoques a été passé cette nuit et la très grande majorité de la flotte s’est empressée de virer au Sud sur son arrière, histoire de souffler, d’accélérer et de relâcher la pression. Une opportunité parfaite pour le leader SNSM faites un don, d’en remettre un couche en repartant rapidement vers l’Ouest à la rencontre d’un deuxième front attendu la nuit prochaine, derrière lequel la situation va se clarifier. Durs au mal et sûrs de leur potentiel à cette allure, Corentin Douguet et Axel Tréhin mènent la flotte et ils ne sont suivis dans leur option que par Legallais (Fabien Delahaye-Pierre Leboucher) et VSF sports (Pep Costa et Pablo Santurde). Côté Sud, le gros des troupes est emmené par le duo Normand Guillaume Pirouelle - Cédric Château sur Seafrigo-Sogestran. « C’est vrai que je suis étonné de ne pas voir plus de bateaux suivre la route de l’Ouest » disait Corentin ce matin. « Cette nuit , on a eu jusqu’à 40-42 noeuds et des éclairs partout, c’était très beau et assez violent à la fois. Mais là, le vent est retombé à 12-15 noeuds, c’est beaucoup plus tranquille et tant mieux si nos plus proches poursuivants partent vers l’autoroute du soleil car je crois que la bonne trajectoire est d’aller vers les Açores »
« L’autoroute du soleil », l’image est peut-être un peu exagérée mais, c’est clairement une séparation du trafic qui s’opère ce matin. Quelque soit leur position sur l’échiquier de l’Atlantique, les Class40 ne doivent pas espérer sortir un spi avant la fin de la semaine. En revanche, les sudistes échapperont au plus gros du front de la nuit prochaine, et subiront surtout moins de mer que les Nordistes. Ces derniers pourront-ils maintenir leurs polaires de vitesse sans casser dans ces conditions où les modèles prévoient plus de 5 mètres vagues derrière le front à la latitude de Punta Delgada ? Réponse demain dans la journée.
Pensez à consulter les prévisions sur METEO CONSULT Marine.

