Clarisse Crémer officiellement sélectionnée pour le Vendée Globe 2024

Se qualifier sportivement, ou rien
C’est dans moins de 5 mois, le 10 novembre, que sera donné le coup d’envoi du Vendée Globe 2024. Un objectif qui est dans la tête de Clarisse, de son équipe, depuis 1 an et demi et pour lequel tout a été mis en œuvre pour permettre à la skipper de s’élancer dans les meilleures conditions possibles et se qualifier au mérite : sportivement. La navigatrice et mère a refusé de compter sur une Wild Card, une invitation au Vendée Globe pour les candidats n'ayant pu remplir toutes les conditions de qualification. Les médias ont spéculé que Clarisse avait reçu cette offre de la part des organisateurs de la course, mais ces rumeurs n'étaient pas une option pour l’équipe, ni pour Clarisse.
Une opération commando de 14 mois
Depuis son retour à la compétition lors de la Rolex Fastnet Race en juillet dernier, le timing a été extrêmement serré, et si le programme a même été perturbé en février dernier par les accusations anonymes faites en février 2024 - dont elle et son mari ont été blanchi, le Vendée Globe est toujours resté en ligne de mire. Une course contre la montre qui s’achève enfin, car le premier objectif de Clarisse est atteint : six courses, dont cinq transatlantiques plus tard, elle est officiellement qualifiée pour le Vendée Globe 2024. "Clarisse a terminé six courses en un peu plus d'un an. C'est un meilleur score que ce que j'ai réussi à faire !" s’en amuse Alex Thomson, son mentor.
“Cette sélection officielle, c'est l'aboutissement de plusieurs années - et surtout d'une grande année de travail avec L'Occitane et l'équipe pour en arriver là. Toutes nos transats, toutes nos courses, tout ce qu'on a fait, c'était tourné autour de cet objectif. On a réussi ! ” s’exclame Clarisse, le sourire aux lèvres avant d’ajouter “C'est une grande victoire, une grosse fierté du travail accompli par l'équipe.”
Son mentor Alex Thomson partage son émotion : "Pour moi personnellement et pour notre équipe, voir Clarisse terminer cette course et d'être sélectionnée pour le Vendée parmi les 39 autres candidats, c'est un moment de grande fierté. Pour moi personnellement, c'était aussi émouvant que de finir le Vendée Globe en deuxième position."
L’aboutissement
“C’est vraiment un projet divisé en deux parties : la première est de se qualifier et la victoire d'être au départ du Vendée Globe. Puis la seconde partie est le morceau du Vendée Globe qui est non négligeable, mais c'est une énorme victoire pour toute l'équipe.” explique Clarisse.
“J’ai beaucoup de reconnaissance et de gratitude aussi vis-à-vis d’Alex Thomson et de L’Occitane en Provence, et tous nos partenaires, qui m'ont fait confiance et d’avoir pris position à mes côtés tout au long de cette campagne. Sans eux, rien de tout cela n’aurait été possible.” salue la navigatrice et maman de 34 ans.
"A terre, pour l'équipe, cela a été vraiment un challenge de lancer ce projet, de monter une équipe, d'obtenir le bateau, de le préparer en si peu de temps. Et sur la partie course et navigation, pour Clarisse, cela a été tout aussi intense. Tout a été fait en accéléré. En plus de cela, il a fallu rajouter tout ce qui s'est passé, les difficultés imprévues, toute l'histoire autour de son dernier Vendée Globe. A ce moment-là, les montagnes à gravir nous semblaient d’autant plus grandes, mais nous n’avons jamais perdu de vue notre objectif. Etre sélectionné au mérite, c'est l'objectif que nous nous étions fixé au début de cette campagne, on l'a atteint." explique Alex Thomson.
Une bataille au-delà du Vendée Globe
Une victoire sportive mais également morale. A aucun moment, Clarisse n’a pas baissé les yeux face à tous ses détracteurs au cours de ces derniers mois. “J'ai pas mal souffert émotionnellement en débutant cette campagne, puis j’ai connu des moments difficiles, notamment en février. C’est désormais un soulagement, une page qui se tourne. Enfin, possibilité de regarder vers l'avenir avec sérénité, même si ce projet a connu beaucoup de rebondissements, je sais qu’il peut encore se passer des milliards de choses. Mais chaque chose en son temps, pour l’instant, place à la victoire.” explique-t-elle simplement.
Alex Thomson a toujours soutenu la skipper et maman mois sans relâche. "Ce n'était pas juste, ce n'était pas correct" déclare fermement Alex Thomson, en repensant aux divers obstacles qui ont tenté de barrer la route de Clarisse : "Quand nous avons commencé ce projet avec Clarisse, elle était très émotionnelle. Elle avait été blessée. Ce n'était pas juste ce qui lui est arrivé. Nous étions d'accord avec elle. Personnellement, je trouvais dégoûtant ce qui lui est arrivé. Elle a persévéré alors que tous les yeux étaient fixés sur elle, et s’est ajouté à cela les accusations anonymes concernant le dernier Vendée Globe. Cela non plus n'était pas juste, ce n'était pas correct. J'ai vu une femme qui au début ne pouvait pas vraiment sourire, avait du mal à faire confiance à qui que ce soit, ce que l'on peut comprendre étant donné les attaques personnelles dont elle a fait l'objet. Mais elle ne les a pas laissés gagner - elle s’est battue, elle a grandi, elle a appris, elle a été renversée, elle s'est relevée encore et encore. Pour moi, voir quelqu'un encaisser ces coups et ensuite se relever et continuer comme elle l'a fait est impressionnant."
#Raceforequity, une campagne pour l’équité sur le Vendée Globe 2024
Maman, navigatrice, athlète, compétitrice, manager, auteure de bande dessinée… Clarisse est une femme multi-casquette. Déterminée depuis toujours à concilier sa carrière et sa vie de famille, elle avait refusé de choisir l’an dernier, et a perdu son sponsor pour cette raison. Grâce à la main tendue d’Alex Thomson, elle aura remonté un projet rapidement, et sa campagne Race for Equity vise à convaincre les organisateurs du Vendée Globe de revoir leurs règles. “Mon histoire personnelle fait que j’ai envie d’impulser un changement dans la société pour que les femmes n’aient plus à choisir entre désir de maternité et carrière sportive” avait-elle expliqué lors de l'inauguration de son bateau en septembre dernier.
Sur cette question, le navigateur britannique a également un avis ferme :"Le processus de qualification doit évoluer de manière significative. Je pense qu'il est bon de considérer autant de cas possibles et de vraiment prévoir des dispositions pour que quelqu'un qui a un bébé ne soit pas désavantagé par les règles. C'est la clé de tout cela. Pour Clarisse, se qualifier parmi les 39 skippers est une belle victoire. Nous voulions contrôler notre propre destin, et nous voulions prouver que nous n'avions pas besoin de traitement spécial. Elle a fait un travail incroyable. J'ai ressenti l'émotion de toute notre équipe à son arrivée de la New York Vendée. C'était un grand moment pour nous tous. Bien que nous ayons accompagné et soutenu avec Clarisse, cela reste Clarisse qui a réussi en portant tout sur ses épaules."
Ça repart, et ça repart. Optimisation, navigation et retour en mode course
Les prochains mois seront tout aussi intenses que les précédent car c’est une nouvelle course contre la montre qui commence pour l’équipe, ils n’auront que quelques semaines pour préparer au mieux le bateau pour faire le tour du monde en solitaire. Clarisse aura également un emploi du temps très serré dans la période précédant le départ : se remettre de la phase de qualification épuisante, recommencer les préparations physiques et mentales, remettre le bateau en état et se préparer à affronter 3 mois en mer.
Une course qui s’annonce déjà forte en émotion et haute en intensité sur tous les plans. Rendez-vous désormais le 10 novembre pour le grand départ de Clarisse sur son second Vendée Globe.