Vendée Globe : le passage à l'hémisphère Sud approche

Par Figaronautisme.com

Après avoir battu des records de vitesse hier, puis des records de lenteur la nuit dernière dans le Pot-au-Noir, les concurrents du groupe de tête du Vendée Globe se préparent désormais à changer d’hémisphère. La fameuse zone de convergence intertropicale ne les a pas asticotés plus de 24 heures. Bien qu’active, elle n’a pas non plus tellement semé zizanie puisque c’est relativement en rangs serrés que la flotte progresse désormais vers l’équateur. Certains ont toutefois réalisé des gains intéressants, en particulier ceux les plus à l’ouest : Thomas Ruyant (VULNERABLE) et Pip Hare (Medallia). Le premier a ainsi chipé les commandes à Sam Goodchild (VULNERABLE) et pris, au passage, un petit avantage sur le gros du peloton. La seconde a, elle aussi, réalisé un bon coup en comblant les trois quarts de son retard, se replaçant ainsi idéalement pour la suite. Une suite qui pourrait bien, en l’occurrence, créer une première vraie cassure au sein des troupes !

« Il semble que l’on soit désormais sortis du Pot-au-Noir. En tous les cas, ça y ressemble car ça se stabilise ! », s’est réjouit Yoann Richomme (PAPREC ARKÉA), ce matin, lors de la vacation officielle. Si l’on en croit sa vitesse et celles des autres leaders, il n’y a en effet aucun doute sur le fait qu’ils soient à présent tirés d’affaires. Qu’ils en aient terminé avec cette zone délicate où la concentration de cumulonimbus est plus forte qu’à n’importe quel autre endroit du globe et anarchise la circulation générale de l’air. « Au final, on est restés 24 heures dedans. Pendant 12 à 15 heures, on a été un peu dans le dur. On est resté vraiment bloqués mais on a déjà vu des scénarios bien pires que celui-ci ! », a détaillé le navigateur qui, après s’être offert le record de la plus grande distance en solitaire et en monocoque hier, espérait également réussir à recoller ses adversaires dont certains sont, de fait, parvenus à mieux se dépatouiller de la situation que lui. Passé à l’ouest, Thomas Ruyant (VULNERABLE) est indiscutablement celui qui a été le moins longtemps ralenti ces dernières 24 heures, tant et si bien qu’il cavale à présent en tête avec une vingtaine de mille d’avance sur son plus proche poursuivant, Sam Goodchild. Décalé dans son Est, ce dernier profite néanmoins d’un meilleur angle de progression et ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le Nordiste cherche à présent progressivement à se rapprocher du même axe que lui.

Un nouveau départ ?
Le plus « gros » coup dans ce Pot-au-Noir reste toutefois à mettre au crédit de Pip Hare. La Britannique, qui comptait 250 milles de retard sur le premier hier matin, n’en affiche désormais plus que 81. « Elle s’est bien gavée ! », a noté Benjamin Dutreux (GUYOT environnement – Water Family) qui s’est ainsi fait doubler par la skipper de Medallia, mais qui se satisfait de n’avoir bataillé que peu de temps dans cette zone où l’accumulation de gros nuages noirs et les vents erratiques fait parfois douter les marins de leur capacité à s’en sortir. « Pour ma part, j’y suis entré mais aussi sorti plus vite que prévu. Cela me permet d’aborder sereinement la suite », a indiqué le Sablais. Même son de cloche ou presque du côté de Yannick Bestaven (Maître CoQ V). « Le Pot a été intense, avec pas mal de grains et des vents très instables, à la fois en force et en direction, mais il a été court. Ce qui était bien, c’est qu’on était plusieurs à se voir à l’AIS, ce qui permettait de comprendre un peu ce qui se passait », a commenté l’Aquitain qui est parvenu à grappiller un peu de terrain sur ses concurrents directs, et qui ne boude pas son plaisir de régater pleinement au contact à ce stade de la course. « J’ai presque l’impression que c’est un nouveau départ ! », a ajouté le vainqueur en titre du Vendée Globe.

L’équateur la nuit prochaine
La prochaine échéance ? Le franchissement de l’équateur. Celui-ci est prévu la nuit prochaine. Dès lors, les uns et les autres se retrouveront dans l’autre hémisphère puis attaqueront la longue descente de l’Atlantique Sud. Une descente qui pourrait toutefois se faire sur les chapeaux de roues et presque tout droit. La raison ? Une dépression qu’ils pourraient accrocher un peu au nord de Rio de Janeiro. Cette dernière, bien dodue mais pas violente, pourrait leur permettre de dépoter plein gaz jusqu’au sud du continent Africain. Si ce scénario venait à se confirmer, il serait alors similaire à celui qui avait propulsé à plein badin Alex Thomson et Armel Le Cléach’ jusqu’aux îles Kerguelen, lors de l’édition 2016-2017. « C’est une bonne perspective. Elle va concerner beaucoup de monde mais elle va provoquer une cassure avec le groupe de derrière », a analysé Yoann Richomme. De fait, l’ensemble de la flotte, exception faite d’Oliver Heer (Tut Gut), de Denis Van Weynbergh (D’Ieteren Group), de Jingkun Xu (Singchain Team Haikou) et de Szabolcs Weöres (New Europe) qui s’est par ailleurs brûlé la main hier en se faisant chauffer de l’eau, ne sera sorti du Pot-au-Noir que dans 36 heures environs.

Retrouvez chaque jour notre analyse météo de la course avec METEO CONSULT Marine dans notre dossier spécial Vendée Globe.

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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