Vendée Globe : cap sur Nemo

Par Figaronautisme.com

La lutte en tête de course reste palpitante : Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) conserve une légère avance, suivi de Yoann Richomme (PAPREC ARKÉA) à 47 milles et Sébastien Simon (Groupe Dubreuil) à 73 milles. Tous trois s’apprêtent à franchir, ce vendredi matin, le mythique point Nemo, l’endroit le plus isolé du globe. Plus loin, les stratégies varient selon les positions. Thomas Ruyant (VULNERABLE, 4e) et son groupe empannent pour viser l’Est, Clarisse Crémer (L’Occitane en Provence, 12e) et Samantha Davies (Initiatives Cœur, 13e) affrontent le près, tandis qu’Isabelle Joschke (MACSF, 17e) progresse au reaching. À l’arrière, Antoine Cornic (Human Immobilier, 32e) et Jingkun Xu (Singchain Team Haikou, 33e) continuent de se battre contre des vents puissants.

Dalin retrouve sa marche en avant
« MACIF Santé Prévoyance est de retour à 100% » Dans sa vidéo hier, Charlie Dalin n’annonçait pas seulement qu’il avait résolu ses problèmes de voile. Il rappelait qu’il allait remonter sur le ring et batailler à nouveau. Après les mots, les actes : le Normand a repris les commandes de la course hier après-midi. Et depuis, en étant légèrement plus rapide que ses rivaux, il a pu s’offrir une petite avance. À 15 heures, l’écart était de 47,2 milles devant Yoann Richomme (PAPREC ARKÉA) et 73,7 noeuds sur Sébastien Simon (Groupe Dubreuil). Demain, le trio devrait repasser en bâbord amure, bord légèrement moins favorable à Sébastien Simon (Groupe Dubreuil, 3e), privé d’un de ses foils.

Néanmoins, les trois devraient dépasser ce vendredi matin le point Nemo. Un passage symbolique puisqu’il s’agit du point de la planète le plus éloigné de toute terre. La première île se situe en effet à plus de 2 600 km et les humains les plus proches sont donc les astronautes de la Station spatiale Internationale, à 400 km au-dessus de l’océan ! L’avarie y est donc particulièrement redoutée puisque les secours mettraient une quinzaine de jours à atteindre les marins par la mer.

Ça cavale chez les poursuivants
Derrière, à 600 milles de là, ça s’active chez les poursuivants. L’anticyclone qui bloquait la bande de Thomas Ruyant (VULNERABLE, 4e) remonte vers le Nord. Tous sont mobilisés pour réaliser une aile de mouette (profiter d’une rotation de vent pour changer d’amure), et donc empanner afin de filer vers l’Est. « Ils vont pouvoir accélérer à partir de cette nuit, avec plus de 20 nœuds de vent et une mer plate, assure Basile Rochut, consultant météo. Ils seront derrière un flux de Sud-Ouest, ce sera propice à la haute-vitesse. À l’arrière de ce groupe, il y a Justine Mettraux (TeamWork-Team Snef, 11e). La Suissesse a cravaché devant le front ce qui lui a permis d’être la plus rapide. Mais à bord, elle a souffert : "J’ai eu les conditions les plus dures. En plus, j’ai dû faire face à des avaries d’aériens donc je n’avais plus d’informations sur la force et la direction du vent. Tout était difficile, il fallait tenir le coup alors que c’était impossible de freiner le bateau. Je crois que je n’ai jamais fait de bord aussi compliqué en IMOCA."

Des situations météorologiques très variées
La capacité de Justine à rester à l’avant du front lui a néanmoins permis de creuser l’écart avec ses deux poursuivantes. Car désormais, Clarisse Crémer (L’Occitane en Provence, 12e) et Samantha Davies (Initiatives Cœur, 13e) pointent à plus de 800 milles de la Suissesse. Actuellement, le duo progresse au près, bloqué entre une dorsale et un système dépressionnaire. Cette grande zone sans vent concernera bientôt Damien Seguin (Groupe APICIL, 16e) et occupe déjà Romain Attanasio (Fortinet-BestWestern, 15e). « J’ai été arrêté toute la nuit », reconnaît ce dernier.

Un peu plus loin, le groupe mené par Isabelle Joschke (MACSF, 17e), Alan Roura (Hublot, 18e), Giancarlo Pedote (Prysmian, 19e) et Jean Le Cam (Tout commence en Finistère - Armor-lux, 20e) progresse dans un flux au reaching qui devrait les mener sereinement jusqu’en Nouvelle Zélande. Ils pourraient franchir ce vendredi la latitude de la Tasmanie qui marquera leur arrivée dans l’océan Indien. Par ailleurs, les conditions sont encore très toniques pour Antoine Cornic (Human Immobilier, 32e) et Jingkun Xu (Singchain Team Haikou, 33e) situé plus au Sud. Ça devrait d’ailleurs s’intensifier pour le skipper chinois avec un passage de front prévu samedi et des rafales annoncées jusqu’à 60 nœuds.

Des galères et « des petits moments de joie »
Personne n’est jamais préservé des soucis techniques après 39 jours de mer. Invitée du Vendée Live, Violette Dorange (Devenir, 25e) a confié être « à fleur de peau » après avoir traversé un grain de 50 nœuds. « Ma bastaque s’est cassée, j’ai vraiment cru que j’allais démâter. C’était très dur moralement », a reconnu la benjamine de la course.

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© Violette Dorange

Mais les nouvelles envoyées par les marins ces dernières heures sont plutôt rassurantes. Tanguy Le Turquais (Lazare, 22e) a ainsi pu reprendre sa course après s’être activé à strater le fond de coque. De son côté, Louis Duc (Fives Group-Lantana Environnement, 24e) n’a pas chômé non plus après la casse de sa barre de liaison de safran. « J’ai transformé mon cockpit en chantier naval ! Ça m’a pris du temps, de l’énergie, je suis bien cramé… Mais je suis content que le bateau soit reparti et qu’il soit à 100% ! »

Chez Denis Van Weynbergh (D’Ieteren Group, 36e), les soucis de girouette semblent déjà appartenir au passé. Il progresse désormais dans l’océan Indien sur une route très Nord, non loin de Manuel Cousin (Coup de Pouce, 34e) et Fabrice Amedeo (Nexans – Wewise, 35e). Surtout, il savoure son aventure sans compter et son plaisir, à l’autre bout du monde, est communicatif : "Tant que je serais sur le Vendée Globe, j’aurais le sourire ! Il n’y a pas de grands bonheurs mais plein de petits : des couchers de soleil, des sensations de glisse du bateau, un bout de chocolat, un bon café dans une chouette tasse, un petit apéro au lendemain d’une montée au mât… Et Noël s’annonce particulier : il y a très peu de personnes qui l’ont vécu en étant skippers du Vendée Globe. C’est une chance énorme"
Retrouvez chaque jour notre analyse météo de la course avec METEO CONSULT Marine dans notre dossier spécial Vendée Globe.

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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