Vendée Globe : le golfe de Gascogne s’embrase à nouveau

Par Figaronautisme.com

Une semaine après l’accueil triomphal des trois premiers, le Vendée Globe poursuit son show. Cette nuit, Jérémie Beyou (Charal) sera le premier d’une nouvelle vague de héros à boucler son tour du monde, attendu entre 1h et 3h. D’ici la fin du week-end, les quais des Sables d’Olonne vibreront à nouveau pour saluer les arrivées successives des concurrents, avant que la météo ne se gâte. Boris Herrmann (Malizia – Seaexplorer) pourrait même ralentir pour esquiver une grosse dépression menaçant son approche. Pendant ce temps, Denis Van Weynbergh (D’Ieteren Group) vient de franchir le cap Horn, ramenant toute la flotte dans l’Atlantique. Saga, émotions et exploits continuent de marquer cette aventure sans égal, où chaque marin écrit un nouveau chapitre mémorable.

La dernière ligne droite du Vendée Globe, c’est un peu comme le dernier kilomètre d’un marathon : l’arrivée est là, mais il faut encore éviter de marcher sur ses lacets ou de se prendre une bonne gamelle. La météo, fidèle à elle-même, enchaîne les systèmes comme si elle voulait tester la patience et la ténacité des skippers jusqu’au bout. Personne n’a le droit de se détendre. Pas même pour rêver d’un bain chaud ou d’un bon steak-frites à terre. Entre les pièges de dernière minute, les bateaux à ménager après tant d’efforts partagés, et le classement à défendre bec et ongles, chaque décision compte. Ce n’est pas le moment de perdre le fil. « Il faut rester focus surtout que le chemin est tortueux », a indiqué Jérémie Beyou. Le skipper de Charal continue son avancée dans cette ambiance tendue. Concentré sur ses manoeuvres, les yeux rivés sur ses instruments, il décortique chaque variation du vent. Après des semaines d’efforts intenses, son corps réclame du repos, mais il sait qu’il doit rester pleinement lucide. Les derniers milles exigent une vigilance sans faille. « L’enchaînement de cette fin de parcours est vraiment compliqué », a-t-il assuré, presque aussi perplexe qu’un canard devant un lac gelé.

Concentration maximale requise
Il le sait, chaque instant est un test : l’excitation de la fin peut devenir un ennemi, et se projeter trop tôt sur l’arrivée, c’est risquer une erreur. La moindre distraction pourrait anéantir tout ce qui a été accompli jusque-là. Pour atteindre l’objectif, il doit donc rester ancré dans le présent, lucide et précis. Transformer l’impatience en contrôle, l’énergie en concentration. Mais l’incertitude persiste, rendant ce sprint final encore plus éprouvant. « La problématique, c’est que depuis deux jours, quasiment aucun modèle météo ne s’est calé correctement. Il faut donc composer avec le vent tel qu’il se présente sur place », a expliqué le Finistérien. « Je devrais avoir 20 noeuds, mais pour l’instant, j’en ai 15. Je devais empanner dans deux heures, mais finalement, je viens tout juste de le faire... » Cette imprécision, combinée à la pression du classement, l’oblige à rester constamment sur le qui-vive. « Tout cela montre à quel point les prévisions de route sont peu fiables en ce moment. Je pense avoir un peu de marge sur les autres, mais il est hors de question de me relâcher », a-t-il confié. Et pour cause, chaque mille parcouru a son lot de défis.

Le passage du cap Finisterre n’a pas été de tout repos : le vent s’est soudain renforcé à 35-40 noeuds, rendant la navigation particulièrement intense. Heureusement, cette phase n’a pas duré trop longtemps. Cette nuit, j’ai aussi vraiment galéré à franchir la dorsale, avec un vent hyper irrégulier, oscillant entre 3 et 20 noeuds. Et maintenant, ce sont des empannages à répétition. Jusqu’au bout, je vais avoir du boulot, c’est une certitude !

Malgré tout, Jérémie Beyou garde son cap. Concentré sur ses manoeuvres, il sait que la moindre erreur pourrait relancer ses poursuivants, eux-mêmes propulsés par un flux plus régulier et une trajectoire directe. Dans cette configuration tendue, il lui faut à la fois contrôler son avance et anticiper les chausse-trappes éventuelles.

Ferveur aux Sables d’Olonne, tension en mer
Et cette vigilance constante n’est pas de trop, car derrière, c’est l’effervescence. Pas moins de huit skippers devraient boucler leur tour du monde d’ici la fin de la semaine, transformant le golfe de Gascogne en une sorte de périphérique parisien un soir de grand départ. Mais ici, pas de klaxons ni de ralentissements : seulement un vent qui se renforce, des vagues de plus en plus féroces, et des solitaires qui jouent des coudes dans ce sprint final. Aux Sables d’Olonne, c’est déjà l’ébullition. Les quais se préparent à accueillir les marins à toute heure, qu’ils débarquent sous les étoiles ou au lever du jour. Les plus intrépides, enveloppés comme des esquimaux, se posteront sur les quais pour acclamer les skippers au coeur de la nuit, tandis que les lève-tard profiteront de l’option "petit-déjeuner avec arrivée en direct", café fumant et croissant à la main. Le chenal, quant à lui, promet d’être un véritable spectacle : entre embruns, feux de Bengale et cris d’encouragement, l’ambiance s’annonce électrique. Mais sur l’eau, la fête n’est pas encore au programme. Chaque mille est un combat. Les classements restent mouvants et les navigateurs doivent rester aussi éveillés qu’un hibou sous caféine. Le moindre faux pas pourrait redistribuer les cartes à la dernière minute. Une chose est sûre : les spectateurs, comme les marins concernés, vivront ces dernières heures avec le souffle coupé.

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...