Le phare le plus hanté de France tourmenté par les éléments
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Marc Pointud, président de la "Société nationale pour le patrimoine des phares et balises" aura passé deux mois, seul, dans le phare de Tévennec, phare qualifié de "hanté". Mais ce qui l'inquiète le plus, ce ne sont pas les fantômes, mais l'état de l'édifice...
Le Finistère abrite l’un des phares qui figure au palmarès des monuments les plus hantés du monde et dont la renommée a dépassé celle de nos frontières. Laissé à l’abandon depuis 1910 après une série de malheurs difficilement explicables, le phare a été de nouveau habité pendant deux mois par le président de la "Société nationale pour le patrimoine des phares et balises", Marc Pointud. Le but ? Faire parler de ce lieu historique et récupérer des fonds pour le restaurer.
Le phare de Tévennec : mort, folie, accident et phénomènes inexplicables
Construit à partir de 1869 sur le modèle d’une maison-phare, le phare de Tévennec a été implanté sur un rocher entre l’île de Sein et la porte du Van. Achevé en 1874, la plupart de ses gardiens ont tour à tour été frappés soit par la mort de façon brutale, soit par la folie. Henri Guézennec, premier gardien du phare, ne le savait certainement pas : le rocher de Tévennec, bien avant d’abriter un phare, était déjà connu dans les alentours comme le témoin d’événements tragiques. La cause ? Un mythe tenace selon lequel un naufragé serait mort de faim sur le rocher malgré ses tentatives d’appels au secours auprès des bateaux qui passaient à proximité. Le premier gardien sombre dans la folie quatre ans à peine après avoir intégré le phare. La légende raconte qu’il entendait des voix lui ordonnant de quitter les lieux. Second prétendant au titre de gardien, Alain Menou ne croit pas un mot de ces légendes colportées de villages en villages. Il tiendra six années, jusqu’en 1885, avant de perdre la tête lui-aussi. Inquiète, la population de pêcheurs demande au curé de Plogoff de bénir le rocher. Les phénomènes mystérieux ne font que redoubler. Entre un gardien auxiliaire qui perd la vie dans des conditions floues, un autre gardien qui tombe inopinément en plein sur un couteau, ou encore un bébé qui a la mauvaise idée de vouloir naître dans le phare et qui, évidemment, ne survit pas, le Phare de Tévennec regroupe à lui-seul presque une dizaine de décès jusqu’en 1910. Confuse devant tant d’événements tragiques, l’administration décide alors d’installer un feu automatique. Plus aucun gardien n’a depuis connu le supplice de résider dans ce phare considéré comme "maudit". Pour autant, les phénomènes mystérieux n’ont pas cessé : des bruits angoissants sont régulièrement signalés par ceux qui s’y aventurent. Certains attribuent ces sons aux nombreuses âmes qui hantent le site, quand d’autres parlent de roches creuses rendues bruyantes par la marée qui y pénètre. Des plongeurs ont découvert plus tard la présence d’une grotte sous-marine sous les rochers : en s’infiltrant à l’intérieur, la houle émet un sifflement, ou plutôt un hurlement de l’avis de certains. Ceux qui ont construit le phare en 1875 entendaient «kers cuit» dans ces hurlements, ce qui veut dire «va-t-en» en breton…
L'aventure : humidité, vent et solitude
Le budget de l'aventure de Marc Pointud, fut estimé à 6200 euros (transports, équipement du lieu de séjour, matériel de sécurité et de communication...). De fin février à fin avril 2016, Marc Pointud a investi les lieux, et l'expérience fut particulièrement rude : "La maison, d'une trentaine de mètres carrés au sol, est construite solidement sur la roche. Son intérieur est délabré. Les anciennes boiseries ont disparu et l'humidité y règne. L'étage, auquel on accède par la tour du feu, présente cinq pièces dont une réservée au service du phare. Une seule pièce, au rez-de-chaussée sera utilisée pour vivre pendant le séjour et une autre servira au stockage des vivres et du matériel qui devront tous être apportés. L'accès à Tévennec par voie de mer est particulièrement difficile et aléatoire car soumis aux conditions de navigation. La houle entoure l'îlot presque tout le temps. Son ressac rend tout débarquement impossible à moins qu'elle ne soit très faible." déclarait-il avant de vivre l'expérience.
Alors verdict : le phare est-il hanté ? Non ! Mais "les vagues passaient par-dessus la maison, il y avait de l'eau sur la terrasse et des bruits et des explosions partout", se souvient Marc Pointud au sujet de la tempête vécue le soir de Pâques. "Tout est en mauvais état, mais le gros problème c'est le toit qui fuit. L'eau passe dans les murs, qui sont pleins d'eau. Il y a de l'humidité tout le temps. Donc les poutres ont commencé à pourrir, les planchers pourrissent petit à petit. Le bâtiment s'en va si on ne fait rien".
Son expérience a fait le tour du monde. Marc Pointud espère une rénovation rapide de l'édifice et aimerait y installer une maison d'artiste.